Chapitre 1: partie 1

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Lara, 4 septembre

Marchant dans une forêt, je suivais des feu-follets bleus. Les rayons de la lune peinaient à éclairer mon chemin, tant, le feuillage des arbres était dense. Tournant la tête à chaque petit bruit, je ne distinguais rien d'autre que de vagues formes, ondulant au grès d'une légère brise. Après de longues minutes à cheminer entre bouleau, hêtre, sapin et autres espèces de conifères, je débouchais sur une clairière qui s'étendait à perte de vu. A environ cinq cent mètre de moi, un saule pleureur couleur de lune qui scintillait. Je remarquais que les arbres aux limites de la clairière semblaient être disposaient en spirale vers le saule. La légère brise présente dans la forêt se transforma en de petite bourrasque, faisant bouger ses feuilles.

De légères plaintes se firent entendre porter dans les airs jusqu'à moi. Je me sentais attirer par cet arbre, par ces plaintes résonnant à mes oreilles, après quelques pas, je me stoppais incertaine. Qu'est-ce que je faisais ici ? Pourquoi le saule m'était familier ? Coupant court à mes questionnements internes, une branche se tendis vers moi et se replia. Elle le fit trois fois, comme pour me dire d'approcher. D'accord, Lara tout est normal. Qui ne s'est jamais retrouvé dans une forêt, avec en son centre un arbre blanc qui te fait signe de le rejoindre ? Poussais par la curiosité, je fis quelques pas. Plus je m'approchais plus les plaintes s'intensifiaient. Je distinguais également un bruit d'eau qui s'écoulait. Une fois au niveau du tronc, je le contournais pour découvrir une rivière qui commençait au contact des feuilles avec la terre. En voulant me baisser pour toucher l'eau du bout des doigts, il me fut impossible d'enlever ma main du tronc lumineux.

L'Arbre de Vie pleure.

Il pleure la mort, la vie, les sacrifices.

Je sursautais et regardais tout autour de moi. Personne. D'où venait cette voix de femme ?

- Qui est-là ?!

Il pleure ton destin, ton passé, ton avenir.

L'Arbre de Vie pleure pour toi.

- Répondez ! Qui est-là ?!

Le vent se fit plus violent, un frisson me parcourut faisant hérisser mes poils sur mes bras. La lune autrefois à son apogée, était maintenant cachée par de sombres nuages. Ses rayons n'éclairaient plus la clairière, emprisonnaient derrière les nuages. Il faisait sombre, trop sombre à mon goût. Je ne supporte pas l'obscurité. La peur me clouait sur place petit à petit. Pourquoi ces nuages noirs ? Qui est cette femme ? Pourquoi ne me répond-elle pas ? S'il vous plaît faites que ce ne soit qu'un mauvais rêve, et que je me réveille. Le saule s'agitait de plus en plus violemment presque menaçant, les plaintes criaient et résonnaient dans ma tête. Ses feuilles giflaient mon visage, mes bras, mes jambes. Maintenant à genoux, les mains sur les oreilles, les yeux obstinément fermés, je souhaitais me réveiller dans mon lit. Je ne me rendis même pas compte que j'avais pu enlever ma main de l'arbre.

À travers ce brouhaha de plaintes, des mots revenaient constamment, comme un mantra. Ce n'était pas la femme. Plusieurs voix, plusieurs personnes d'âges multiples. Qui étaient ces personnes ? De quoi parlaient-elles ?

Une Prophétie.

Des choix

Une mort

Une renaissance.

- Je ne comprends pas, s'il vous plaît, supplie-je

Une Prophétie.

Des choix

Une mort

Une renaissance

- S'il vous plaît.

Touche le tronc.

Il te montrera le chemin.

La femme ! La femme est revenue ! Faisant ce qu'elle me dit, je rampais presque vers le tronc. À peine mes doigts effleurèrent sa surface que je fus comme aspirée, happée, je fermais les yeux.

Un calme olympien régnait autour de moi, j'étais étendue sur un sol dur et froid. Fini le sommier moelleux et l'odeur de l'herbe. Mes yeux s'ouvrir lentement, légèrement éblouit par les lumières du plafond. J'attendis quelques secondes voire minutes au sol avant de me décider à me lever. Une immense table en bois massif trônait au milieu de la pièce entourée de chaises en chêne. Une série de chandeliers illuminaient l'ensemble, une cheminé crépitait légèrement et diffusait une agréable chaleur. D'épais rideaux étaient tirés et m'empêchaient de savoir s'il faisait jour ou nuit. Le lourd silence fut brutalement rompu, me faisant sursauter, par des éclats de voix à l'étage. Deux hommes semblaient se querellaient, des pas lourds résonnés et faisaient grincer le plafond.

Intriguée, je me dirigeais vers ces voix, franchissant salon, cuisine, couloir et me retrouvais devant un escalier menant à l'étage. Plus je m'approchais plus les éclats devenaient compréhensible.

- Je refuse d'épousais une femme que je ne connais pas !!

- Tu ne refuses rien du tout, mon garçon, je suis le maître de cette maison !!

- Père, soyer raisonnable, je vous prie ! Mère n'aurait pas voulu ça.

- Laisse ta mère en dehors de ça ! Elle serait déçue que tu remettes en cause mon autorité.

- Vous avez fait tous les deux un mariage d'amour ! Pourquoi ne le pourrais-je pas ?!

Je grimpais progressivement l'escalier, me faisant aussi discrète qu'une souris. Bon, je n'étais plus à mon époque, les mariages forcés n'existaient encore que dans certaines cultures et pays et plus personnes ne parlaient comme ça.

Tu prends ça de manière beaucoup trop rationnelle, cocotte.

Une fois parvenue sur le pallier, l'étage était plongé dans la pénombre, seul un rai de lumière provenait de sous une porte. Je m'y approchais doucement, le plancher grinçant à chacun de mes pas. Les deux hommes continuaient de s'écharper sur le mariage, tandis que je tendais une main tremblante vers la poignée. Elle resta en suspend une fraction de seconde avant que, poussais par un courage que je ne me connaissais pas, j'ouvris la porte en grand. 

Le fantôme aux yeux vertsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant