Scène 1

8 1 5
                                    

L'aube se levait à l'horizon. Les douces teintes rosées du ciel étaient cachées par l'épais feuillage des arbres. Plus on avançait dans la forêt, plus l'obscurité se faisait épaisse. Comme si la nuit reprenait ses droits sur cette parcelle de terre.

Au cœur de cette forêt, la vie qui y régnait formais une ambiance agréable aux oreilles. Les oiseaux gazouillaient joyeusement. Des petits animaux couraient d'un arbre à l'autre, rencontrant parfois des bêtes plus grosses, mais tous respectaient cet écosystème équilibré mais pourtant fragile.

Une branche craqua sous le pied d'un jeune homme qui parcourait les vieux chemins tracés par les hommes. A son approche, les animaux fuyaient. D'autres observaient, curieux. L'Homme n'avait pas foulé ce lieu depuis bien longtemps. De sombres rumeurs rendaient ce lieu repoussant. Il en dissuadait plus d'un.

Sur les berges d'une rivière, le jeune homme fit une pause. Il plongea sa gourde dans la rivière, la remua légèrement et la jeta. Dans un long soupire, il se releva et continua son chemin. Il faisait chaud à présent. Les températures d'été avaient pris places mais les nuits restaient fraîches. Il retira sa capuche et noua son sweat à sa taille. On pouvait voir ses yeux cernés dû à son long voyage. Ses cheveux noirs retombaient sur son front luisant. Il était épuisé mais continuait malgré tout d'avancer. Il était trop proche de son but pour abandonner maintenant.

Alors qu'il s'enfonçait dans les profondeurs de la forêt, la vie sauvage se faisait plus silencieuse. Bientôt, presque plus aucun son extérieur ne parvint à ses oreilles. Il fut même gêné de faire autant de bruit en marchant.

Enfin, après une longue randonnée épuisante depuis la ville jusqu'au fin-fond de la nature, il arriva à destination. Face à lui se tenait un grand arbre majestueux. Son tronc était épais et prenait une place importante dans la forêt. Tout autour se trouvait une corde, décoré de talismans et noué derrière une écorce à l'apparence étrange. Du tronc de l'arbre dépassait une forme humanoïde. Celle d'une femme dont seul le torse, les épaules et le haut du corps dépassaient. Le jeune homme enleva le surplus de mousse sur le visage végétal, laissant voir ce qui jadis était ses yeux. Il semblait encore ouvert. Face à ce corps dénué de vie, le jeune homme restait de marbre. Sa voix perça le silence de la sylve.

— Salut, ça fait longtemps. Cinq ans pour être exact. Tu te souviens de moi ?

Le silence retomba aussitôt. Au loin, on entendit un piaillement d'oiseau.

— Evidemment, tu ne peux pas me répondre. Ça t'arrange bien hein. Cinq ans. Ça fait cinq ans que tu es partie sans rien me laisser d'autre qu'une pauvre lettre dans laquelle tu t'excusais. Tu croyais vraiment que ça allait suffire ? Tu croyais vraiment que tu pouvais abandonner ton enfant comme merde, sans rien lui dire d'autre que "je pars" !

Sa voix s'était élevée, raisonnant entre les branches des arbres. De sa poche, il sortit la fameuse lettre qu'il survola du regard une dernière fois. Il s'arrêta sur quelques mots. Ces mots qui aujourd'hui encore font naître en lui une colère qui dépasse la tristesse.

— "Je pars pour le travail. Je veux te protéger, t'offrir un avenir, mais pour ça je dois partir". Tu veux savoir quel avenir tu m'as laissé ? Un orphelin, seul, passant de famille en famille d'accueil. Moqué par les autres, ignoré par la plupart. Dis-moi, c'est ça l'avenir que tu me voulais ?

Tout en parlant il froissa la feuille et sortit un briquet.

— Si c'est sa ton avenir tu peux te le garder !

La flamme dansante embrasa le papier. Les cendres virevoltèrent emporter par la brise. La douce lueur du feu brillait dans les larmes du garçon qui étaient apparues dans ses yeux. Le silence autour de lui faisait accentuais sa colère.

UnityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant