𝐄𝐌𝐄𝐑𝐀𝐔𝐃𝐄

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𝐏𝐮𝐭 𝐨𝐧 𝐲𝐨𝐮𝐫 𝐡𝐞𝐚𝐝𝐩𝐡𝐨𝐧𝐞𝐬 𝐨𝐫𝐡𝐞𝐚𝐝𝐩𝐡𝐨𝐧𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫 𝐚 𝐛𝐞𝐭𝐭𝐞𝐫 𝐞𝐱𝐩𝐞𝐫𝐢𝐞𝐧𝐜𝐞𝐚𝐧𝐝 𝐥𝐢𝐯𝐞 𝐢𝐧 𝐭𝐡𝐞 𝐌𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭

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CHAPTER THREE

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Après avoir raccroché avec Anna, je restai immobile, le téléphone toujours serré dans ma main. Je devais me lever, faire quelque chose, n'importe quoi, mais je n'y arrivais pas. Mes pensées étaient embrouillées, entre les mots d'Anna et ce sentiment étrange qui me serrait la poitrine. Les cartels. Les meurtres. Boston... Philly... Je secouai la tête, essayant de chasser ces images qui n'avaient aucun rapport avec ma réalité. Enfin, normalement.

Je m'enfonçai dans le lit, les draps froissés sous moi, espérant retrouver un peu de calme. C'était ridicule, tout ça n'avait rien à voir avec moi. Mais pourquoi avais-je l'impression que tout pouvait basculer à tout moment ? L'idée m'irritait. J'avais envie de pouvoir me détendre, penser à autre chose qu'à des histoires de violence qui se passaient à des milliers de kilomètres d'ici. Mais cela restait là, suspendu dans l'air, comme un poison lent.

Les moments simples de la journée avec ma tante me paraissaient si lointains maintenant. Je revis son sourire quand on s'était assises à la boulangerie, le bruit doux de la tasse de thé contre la soucoupe. Tout semblait parfait, normal. Et maintenant... Pourquoi me sentais-je si oppressée ?

Je pris une grande inspiration, mais même l'air me paraissait lourd. "Concentre-toi, Siena, ce n'est pas ton problème", me disais-je encore et encore, mais une partie de moi refusait de lâcher prise. Ces histoires m'effrayaient plus que je ne voulais l'admettre. Peut-être parce que je savais que le monde n'était pas aussi sûr qu'il en avait l'air. Que derrière les sourires et les façades bien ordonnées, il y avait toujours quelque chose de plus sombre. Quelque chose qui pouvait t'atteindre, même si tu croyais être à l'abri.

Je soupirai, mes mains glissant sur les draps.

- Le dîner est prêt !

J'entendis la voix de ma tante éclater doucement dans ma chambre alors que sa tête passait à travers la porte, un sourire affectueux aux lèvres. Je me redressai légèrement dans mon lit, essayant de lui rendre son sourire, mais il était faible, presque forcé.

- Merci, tata, mais... je n'ai pas très faim ce soir... Mes derniers mots se perdirent dans l'air, comme s'ils s'effaçaient avant de pouvoir vraiment exister.

Je la vis froncer les sourcils, une lueur d'inquiétude traversant son regard. Elle entra dans ma chambre, refermant la porte doucement derrière elle.

- Tu es sûre ? Tu avais l'air tellement enthousiaste à l'idée de manger mes fameuses pâtes bolognaises tout à l'heure.

Je hochai la tête, tentant de paraître convaincante, mais les mots sortirent maladroits.

- Si, si, mais... je n'ai soudainement plus trop envie.

C'était vrai. Je n'avais plus faim, pas du tout. À la place, mon estomac était noué par l'angoisse, et mon cœur battait un peu plus fort que d'habitude, une accélération subtile, mais persistante. Je ne savais pas comment lui expliquer ce qui me traversait l'esprit, ce poids que je ressentais, cette peur irrationnelle qui refusait de me laisser tranquille. Peut-être que c'était la conversation avec Anna, peut-être que c'était autre chose. Pourquoi avais-je l'impression que tout était en train de changer, et pas de la bonne manière ?