Chapitre 2

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👨‍👩‍👧‍👦 MALTRAITANCE JUVÉNILE 👨‍👩‍👧‍👦

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Je soupire d'aise en m'installant sur ma chaise. Je suis à l'heure. Après avoir essayé de l'éviter au maximum, j'ai cru que je n'arriverais jamais à ce cours, alors que c'est ma matière préférée.

— Alors, le café d'hier ? 
— C'était bien ! Et en plus, on a croisé Oscar, répond Nelly avec enthousiasme. 
— Je ne comprends vraiment pas ce que tu lui trouves ! Tu l'as vu, sérieusement ? s'indigne Malya avec un regard désapprobateur.

Moi et Théa échangeons un sourire en coin. On sait toutes les deux qu'elles vont encore se chamailler sur ce sujet pour la millième fois.

— Tu paries qu'elles vont se disputer pendant combien de temps ? lui demandais-je malicieusement. 
— Je dirais... que dans 10 minutes elles arrêtent ! Et toi ? 
— À l'arrivée du prof !

M. Thompson est le petit faible de Malya. On le sait toutes ! D'ailleurs, il arrive dans l'amphithéâtre, ce qui effectivement distrait quelques secondes notre Malya. Toutefois, ça ne les arrête pas.

— Nelly, faut que tu te rendes à l'évidence, tata n'acceptera jamais ! argue Malya. 
— Je sais, mais je l'aime... 
— On le sait, Ney'. Peut-être que ce n'est tout simplement pas le bon moment ! la rassurais-je. 
— Oui, tu te rappelles de ce livre qu'on a lu l'année dernière ? intervient Théa. 
— La légende du fil rouge, disons-nous toutes en chœur. 
— Exactement ! Si c'est réellement la bonne personne, vous vous retrouverez dans n'importe quel univers et à n'importe quel moment, continua Théa.

Nelly et Oscar, c'est un sujet compliqué. Ils s'aiment, mais la famille de Nelly refuse qu'elle ait une relation avec une personne qui n'est pas de leur catégorie sociale.

— Mademoiselle Morrison, qu'y a-t-il de plus intéressant que mon cours ? demanda soudain M. Thompson.

Théa rougit légèrement.

— M. Thompson, saviez-vous que depuis déjà trois ans, le mot *Mademoiselle* n'est plus utilisé ? provoqua Malya. 
— Tout à fait, toutefois... 
— Damoiseau Thompson, nous vous écoutons... 
— Malya, arrête, marmonna Nelly en lui tapant la jambe. 
— Excusez-moi, demoi... Nelly lui redonna un coup. 
— Monsieur Thompson, capitula Malya avec un sourire forcé. 
— Bien ! Reprenons là où on s'était arrêté la semaine dernière, conclut M. Thompson.

Le cours se déroule calmement jusqu'à la fin de matinée, malgré la tempête qui se déchaîne dans les rues de South Bridge.

— Pour la semaine prochaine, vous devez rendre vos devoirs de groupe du premier semestre. Pour les groupes, vous vous mettez avec votre voisin. 
— Au moins, on est toutes avec une du groupe ! s'exclame Théa. 
— Oui, tu veux qu'on travaille à la bibliothèque ce soir, Malya ? demandais-je. 
— Ce soir, je ne peux pas...
— C'est pas grave, t'inquiète pas ! répondis-je.

La fin de journée passe rapidement, malgré le cours de cet après-midi qui était barbant.

Avec les filles on se sépare au portail de l'université.

— Bonne soirée les filles ! 
— À demain !

Sur le trajet du retour, j'écoutais ma playlist spéciale automne. C'est ma saison préférée, avec l'été bien sûr. Halloween approche à grands pas ! J'ai hâte de savoir comment on va se déguiser avec les filles. Tous les ans, on se fait une journée ensemble avec du shopping, du chocolat chaud et des films. Et pour la soirée, on participe à la traditionnelle Halloween party de l'université.

Le trajet passe plus rapidement que prévu. Enfin à la maison, je vais pouvoir me détendre dans mon lit et commencer le devoir de M. Thompson. En me débarrassant de mes affaires, j'entends le parquet grincer.

Je écarquillais les yeux, c'était pas possible. Quelle conne, tellement dans la lune, je n'ai pas vérifié s'il était rentré. En quelques instants, cette soirée détente s'envolait. Je vérifiais l'heure sur mon téléphone, d'habitude à cette heure-ci, il n'est pas à la maison. Les cheveux dans ma nuque se redressent instantanément.

— Tu es enfin là !

Je me retournais doucement. En effet, il est rentré plus tôt que prévu.

— Tu n'as pas préparé le dîner ? 
— J'ai... j'étais en cours, répondis-je doucement. 
— Tu oses me répondre, en plus ! Petite ingrate, s'énerve-t-il.

Comprenant rapidement mon erreur, je reculais légèrement. Malheureusement, le hall d'entrée n'est pas très grand. Prise de court, je me retrouve collée à la porte d'entrée.

— Tu es coincée, ma libellule. Tu ne peux pas t'échapper, me sourit-il.

Il est tellement proche que je sens son haleine empestant l'alcool.

— Tu es à moi, ma petite libellule, dit-il en me caressant la joue d'une douce torture.

Ne supportant pas son toucher, je me décale subtilement. Malheureusement, il s'en rendit compte. Cela le mit dans une colère noire. La pluie de coups allait tomber.

— Tu n'en as pas marre de décevoir ta famille ! 
Le premier coup tombe. 
— Tu ne travailles pas ! 
Au second, mon cœur se brise. 
— Tes notes sont catastrophiques ! 
Trois. Il s'écrase au sol. 
— Tu es la ratée de ta famille ! 
Quatre. Mon corps rejoint mon cœur déjà en miettes sur ce sol qui connaît mieux mon corps que quiconque. 
— Prends un peu exemple sur ton frère ou ta cousine, merde ! 
Cinq. Mon corps n'est plus que douleurs.

Il reprend sa respiration saccadé du à l'effort des coups.

— Reste pas au sol ! Tu nous fais déjà assez honte comme ça.

Il me tire par le bras pour me relever de force.

— D'ailleurs, mercredi prochain, des futurs investisseurs viendront à la maison, dîner. Alors, prépare quelque chose de bon et essaye de te comporter de manière exemplaire, dit-il avec un air dédaigneux. 
— C'est compris ? 
— Oui, papa.

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