5. Divine Idylle

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Elle fume sur le balcon.

Je l'observe à la dérobée depuis le salon. Souvent je fais ça. J'observe ses gestes, la manière dont elle porte la cigarette à ses lèvres, le petit tapotement qu'elle lui imprime du majeur pour faire tomber la cendre. Son regard perdu vers les nuages. Ses coudes appuyés à la rembarde. Son bassin qui tangue lentement, sans doute au rythme de la musique qu'elle fredonne.

Souvent je fais ça : je tombe sous son charme.

Ça fait plus de quatre ans maintenant qu'elle a fait irruption dans ma vie, et je ne m'en lasse pas. C'est la première fois que ça m'arrive, me sentir si bien avec quelqu'un que l'idée même d'aller voir ailleurs me semble totalement incongrue. J'ai trouvé mon ancre. Et depuis je suis arrimée à elle. Irrémédiablement.

Je décide d'aller la rejoindre, et me cale contre son dos, comme à mon habitude. Mes hanches épousent ses fesses et je me laisse bercer par son balancement. Elle me tend machinalement le joint sur lequel je tire une longue bouffée apaisante.

- Qu'est-ce que tu chantes ?

- Que j'ai attrapé un coup de soleil, un coup d'amour, un coup de je t'aime.

Je dégage sa nuque de la lourde chevelure blonde pour y déposer quelques baisers et glisser la suite au creux de son oreille.

- J'sais pas comment, faut que j'me rappelle, si c'est un rêve, t'es super belle.

Tout en fredonnant légèrement, mes lèvres se font plus insistantes autour de son oreille, lui arrachant des frissons prometteurs.
Je pose le joint. Son corps brûlant irradie contre le mien. Instinctivement, mes mains trouvent leur chemin sous son chemisier, et pianotent les petites notes de notre musique intime. Elle tressaille. Sentir sa peau frissonner sous mes doigts, sentir sa peau s'émouvoir de moi, c'est comme une drogue. Elle est ma came, ma folie. Elle est belle à faire tourner mes sens, à vider les mots de leur sens. Elle me rend dingue de désir et jamais, jamais ça ne faiblit.
Elle s'appuie un peu plus lourdement contre mes hanches. Ça gronde, ça dévale mes pentes, le besoin pressant de la toucher plus, de la toucher mieux.
Elle se retourne, me fait face, me foudroie et je me noie dans ses deux océans.
Petit fourmillement au creux de mes reins. Je retiens mon souffle dans l'attente du sien.

Ses mains encadrent mes joues. Ses yeux dérivent vers ma bouche. Et moi j'adore. Je l'adore. Parce qu'elle sait faire ça, arrêter le temps. Créer ce moment où tout est possible, entretenir la tension qui nous chavire. Dans ma tête c'est le bordel. Prends ton temps, mais vite. Embrasse-moi, mon amour. Fais moi la fête, fais-nous l'amour.
Je ferme les yeux, la laisse décider.

Ses lèvres délivrent enfin leur promesse.
Elles sont d'abord douces puis espiègles, elles s'amusent de mon émoi, se font impertinentes et affolantes. Cocktail parfait, savant dosage, elle sait que je ronge mon frein pour ne pas dévaliser son corps sur le champ.
Ça fuse et ça pulse partout dans mon corps, ça crie une faim insatiable la sentir plus proche, toujours plus proche. Je resserre mes bras autour d'elle. Mes doigts caressent et frôlent, s'agacent du tissu qui me la cache. Ils finissent par trouver la faille, glissent jusqu'à ses fesses pour la plaquer un peu plus contre moi. Je veux lui faire perdre la tête, mais c'est moi qui gémit sur ses lèvres. C'est ça qu'elle attend. Que je rende les armes. Alors elle jette ses bras autour de mon cou, et glisse ses doigts dans mes cheveux. C'est sa manière de me dire que je suis à elle. Oh oui, je ne veux être qu'à elle.

Le balcon n'est pas propice aux pensées qui m'envahissent. Je m'écarte légèrement et saisit sa main. Quelques baisers posés sur le bout de ses doigts attisent patiemment nos frustrations. Et de mes yeux rivés aux siens, je lui déclare tout l'amour que je veux lui faire.

Confession intimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant