La journée touchait enfin à sa fin, il était déjà 22h30 passées, et Gabriel se sentait reconnaissant d'avoir pu passer du temps avec ses proches. Sa mère s'était montrée particulièrement attentive, posant des questions sur sa vie avec une bienveillance sincère, comme si elle percevait des choses qu'il n'osait pas encore partager.
Après s'être changé pour enfiler un pyjama confortable, Gabriel s'installa dans le canapé-lit du salon. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, c'était plutôt douillet, et le léger crépitement de la pluie sur les fenêtres contribuait à créer une ambiance apaisante. Après quelques minutes à essayer de calmer son esprit, il ferma enfin les yeux, prêt à se laisser emporter par la quiétude de la nuit.
C'est alors que son téléphone sonna, brisant soudainement le silence tranquille du salon. Le bruit sembla résonner plus fort que d'habitude dans la pièce, amplifié par la pénombre environnante. Pris de panique à l'idée de réveiller son frère ou sa mère, Gabriel se précipita sur l'appareil, l'attrapant à la hâte pour couper le son. Il soupira de soulagement en décrochant, mais il n'entendit rien de l'autre côté du fil.
Un canular ? pensa-t-il en fronçant les sourcils. Il faillit raccrocher quand une voix hésitante se fit enfin entendre.
« Allô ? »
Gabriel vérifia rapidement le numéro qui s'affichait. Les chiffres lui étaient familiers.
« Gabriel... »
Son cœur s'emballa légèrement. Jordan ? C'était bien lui. Le souvenir de cette voix, pourtant récent, résonnait avec une clarté surprenante. Il se rendit compte qu'il n'avait même pas pris le temps d'enregistrer son numéro dans ses contacts, une négligence qui le fit sourire brièvement.
Perdu dans ses pensées, il réalisa qu'il n'avait toujours pas répondu.
« Vous m'entendez ? » reprit la voix, plus assurée cette fois.
Gabriel reprit ses esprits. « Jordan ? C'est bien vous ? »
« Vous allez me dire que vous avez déjà oublié le son de ma voix ? » répondit Jordan avec un ton taquin, déclenchant un rire discret, presque malgré lui.
Il était heureux que Jordan l'appelle. Cette connexion, inattendue, paraissait soudain tellement naturelle, comme si, sans s'en rendre compte, ils avaient tissé un lien plus profond que Gabriel ne l'avait anticipé.
Après un court silence, la voix de Jordan se fit plus basse, presque vulnérable. « J'ai besoin de vous... Vous pouvez me rejoindre ? »
Gabriel se redressa instinctivement, son cœur accélérant à la pensée que cet appel n'était pas anodin. Il y avait dans la voix de Jordan quelque chose de plus lourd, un appel à l'aide qu'il n'aurait jamais formulé à la légère.
« Où êtes-vous ? » répondit-il calmement, bien que son corps tout entier fût déjà en alerte.
« Je... Je suis à la piscine privée. »
Gabriel connaissait cet endroit. Une piscine tranquille, loin des regards indiscrets, un lieu propice à l'isolement dont ils avaient le privilège en raison de leur statut professionnel.
« À cette heure-ci ? » s'étonna-t-il.
« Oui, j'y vais régulièrement... J'avais besoin d'évacuer, mais comme vous pouvez vous en douter, il n'y a plus personne qui travaille, et... mon casier est bloqué. Ne vous moquez pas, mais je me sens un peu perdu... Je vous ai appelé, vous... Je sais qu'il est tard... »
Gabriel se levait déjà, prêt à partir, interrompant le flot de paroles désordonné de Jordan.
« Jordan, écoutez-moi. Tout va bien, je serai là dans moins de 30 minutes. Je suis déjà en route. »
Il y eut un court silence, puis un souffle à peine perceptible se fit entendre, chargé de soulagement. « Merci... » murmura Jordan, sa voix se brisant presque sous le poids de la reconnaissance.
Gabriel attrapa rapidement quelques vêtements dans le dressing près de l'entrée : un tee-shirt, un jogging, une veste un peu trop grande pour lui. Ses mains s'arrêtèrent un instant, les vêtements pressés contre sa poitrine. Jordan, dans ses vêtements. La pensée le traversa, vive et inattendue, laissant une chaleur étrange monter en lui. Par réflexe, il sentit les tissus, vérifiant leur propreté, avant de les ranger dans son sac.
Enfilant rapidement son manteau par-dessus son pyjama, il attrapa ses clés et quitta précipitamment l'appartement, le froid de la nuit saisissant immédiatement ses joues.
*
Dans les vestiaires vides, Jordan se sentait misérablement seul. Quelle foutue situation. Assis sur un banc, encore en maillot de bain, il passait une main fatiguée sur son visage. Son corps tout entier frissonnait, le froid mordant chaque parcelle de sa peau mouillée. Il se sentait idiot, démuni, et désespéré. Les efforts physiques de la piscine n'avaient pas suffi à calmer son esprit tourmenté.
Aucun de ses collègues proches n'étaient disponible. L'un était à l'étranger, un autre en rendez-vous, et le dernier... simplement injoignable. Les salauds, pensa-t-il, agacé. Ils avaient tous une vie occupée, apparemment, sauf lui. Et encore une fois, il se retrouvait à appeler Gabriel.
Que pouvait penser Gabriel ? Cette pensée le hantait, lui laissant un goût amer. Chaque fois qu'il avait besoin de soutien, c'était vers lui qu'il se tournait. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si Gabriel le voyait comme un poids. Profiteur. Ce mot flottait dans son esprit, l'accusant de façon insidieuse. Pourtant, quelque part au fond de lui, il savait que Gabriel ne le voyait pas ainsi.
Jordan soupira, les muscles encore endoloris de son intense séance de nage. La piscine, censée être un exutoire, n'avait pas eu l'effet escompté. Il se sentait vidé, aussi bien physiquement que moralement. Le froid l'empêchait de se détendre, son corps tremblant sous les assauts de l'air glacial des vestiaires déserts. Il sentait sa vulnérabilité comme une plaie béante, et le poids de sa solitude lui pesait plus que jamais.
Pourquoi n'ai-je pas pensé à prendre, au moins, ma serviette ?
Heureusement, que j'ai toujours ma montre connectée avec moi... Comment aurais-je pu appeler Gabriel, sinon ?
Je crèverai sûrement de froid ici...
*
Gabriel arriva enfin. Le bâtiment, sombre et déserté, donnait une impression étrange, presque surréelle. Ses pas résonnaient dans le hall vide alors qu'il se dirigeait vers les vestiaires, son cœur battant encore un peu trop vite. Lorsqu'il entra, il vit immédiatement Jordan, assis sur un banc, les bras croisés sur son torse dénudé.
Leurs regards se croisèrent, et Gabriel s'arrêta un instant. Jordan lui sourit faiblement, un sourire qui parlait de fatigue, de soulagement, et d'une gratitude sincère. « Merci », murmura-t-il, sa voix à peine plus qu'un souffle.
La vision de Jordan, à moitié nu, son corps encore mouillée sous l'éclairage tamisé, stoppa Gabriel dans son élan. Il n'avait pas prévu ça. Son esprit vacilla brièvement, mais il se reprit rapidement, tendant les vêtements à Jordan.
Jordan les saisit avec un sourire discret, conscient du trouble qu'il provoquait malgré lui, et s'éclipsa rapidement dans une cabine. Pendant ce court moment, Gabriel ne put s'empêcher de laisser son regard suivre chaque geste. Le corps de Jordan, tendu, frémissant sous l'effet du froid, semblait presque vibrant de vie sous son regard. Il se mordit la lèvre, cherchant à maîtriser ses pensées.
Putain, Jordan, t'es vraiment bandant...
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Note : Dans ce chapitre, j'ai cherché à illustrer ce moment où les barrières commencent à se fissurer, où la vulnérabilité devient une invitation. La tension entre Gabriel et Jordan s'intensifie, un mélange d'hésitation et d'attirance, créant un lien fragile mais puissant. Merci de suivre leur histoire, où chaque geste compte autant que les mots non prononcés.
🔥🔥🔥
Je sors le prochain chapitre demain !
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Derrière la façade [ Bardattal ]
FanfictionPour les amoureux du Bardattal 🤍 Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux figures politiques emblématiques, s'affrontent publiquement dans des débats et sur la scène médiatique. Leur relation se construit en silence, derrière la façade de leurs obl...