Après des heures de trajet, Kélima qui pourtant n'avait pas à marcher, laissant ce bon soin à son cheval, tombait de fatigue. Le travail à l'auberge l'avait beaucoup épuisée durant les dernières semaines, les évènements récents n'avaient rien arrangé et la veille, par inquiétude, elle n'avait pas réussi à s'assoupir ne fût-ce que quelques minutes.
Assise devant le feu de bois, elle ne parvenait pas à se rassurer suffisamment pour laisser le sommeil venir à elle. Sa confiance toujours non accordée aux deux hommes, elle ne pouvait se résoudre à s'endormir en laissant sa sœur sans surveillance. Elle écoutait donc distraitement la conversation des deux hommes et de Camélys. Ils lui expliquaient les bases de la magie élémentale et répondaient à ses questions avec beaucoup de patience. Kélima sourit, amusée du spectacle et laissa échapper un bâillement malgré elle.
— Tu devrais dormir, lui fit remarquer Dreis d'un air inquiet.
Kélima ne répondit pas et il secoua la tête, mécontent.
— Ce n'est pas raisonnable, insista-t-il. Il faut que tu dormes. Tu as vraiment l'air épuisée.
— Merci pour le compliment, mais ça ira, je n'ai pas besoin de dormir, répliqua-t-elle alors que ses paupières, elles, semblaient vouloir se fermer à tout prix.
Dreis se leva et s'approcha d'elle. Il l'attrapa par les épaules et la força à s'allonger.
— Qu'est... commença-t-elle en se redressant du mieux qu'elle le put.
— Kéli, tu dors, exigea fermement Dreis. Tu ne nous fais pas confiance, j'ai bien compris. En revanche, si je peux me permettre, tu comptes protéger Lys comment si tu es trop fatiguée pour utiliser te battre ou même pour ne serait-ce que te lever ?
Kélima ouvrit la bouche et la referma immédiatement.
— Juste quelques heures, insista-t-il plus doucement.
La jeune femme hocha lentement la tête, hésitant sur l'émotion la plus adéquate. Elle ne s'attendait pas à ça de Dreis et elle était aussi surprise qu'agacée. Cependant, il avait raison et l'idée de dormir était attirante. Kélima se défit de l'emprise de l'homme d'un geste sec et recula légèrement pour s'éloigner de lui. Elle se rallongea sur le sol en fermant les yeux. Elle entendit Dreis se lever et s'en aller avant d'entendre des pas se rapprocher quelques secondes plus tard. Ses yeux s'ouvrirent par réflexe en sentant quelque chose sur ses bras. Dreis venait de poser une couverture sur elle et lui tendait une sacoche d'où s'échappait par l'ouverture la manche d'une chemise.
— Pour ta tête, lui dit-il. Ce sera plus confortable que de la terre.
Kélima attrapa l'objet.
— Merci, chuchota-t-elle.
Dreis lui fit un clin d'œil amical. Elle se réinstalla sur le sol en plaçant la sacoche sous sa tête et ferma une nouvelle fois les yeux. Malgré sa fatigue, le sommeil ne vint pas immédiatement et elle écouta la conversation qui cette fois avait dérivé sur les chevaux.
— Vous avez pensé à donner des noms à vos chevaux ? demanda Camélys.
À l'instant où Dreis donnait le nom de son cheval, Loucas répondait non.
— Tu as donné un nom à ton cheval toi ? questionna-t-il.
— Oui, ce matin.
Loucas haussa un sourcil.
— Je ne vais pas donner un nom de ville à mon cheval, non moi je vais l'appeler Gâteau ! J'adore les gâteaux.
— C'est une jument, s'esclaffa Camélys.
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Kélima (2 chapitres par semaine)
Fantasia« Le sang, la haine, la peur... Les images de son passé la hantaient. » Kélima est une jeune sorcière de seize ans, adoptée par le roi de Saeit alors qu'elle n'était qu'une enfant. Sa vie se partage entre ses cours, ses sorties avec son meilleur ami...