Chapitre 2

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1997.

La voiture de Frank s'arrête devant le parking de l'Université. Il se retourne, nous adresse un sourire encourageant, suivi d'un petit geste timide de la main. Frank est décidément déconnecté de la réalité, mais il est un peu comme un père pour nous. 

- Bon courage, les enfants ! nous lance-t-il pendant que je sors de la berline.

- Merci, répond Aurora. Mais honnêtement, c'est eux qui en auront besoin.

Les portes claquent. Je recoiffe rapidement mes cheveux avec la paume de ma main. Immédiatement, je remarque les regards tournés vers nous. garçons comme filles, tous semblent être surpris et à la fois admiratifs. Serait-ce à cause de la berline ? J'avais pourtant dit au clan qu'on se ferait remarquer. 

Sans prêter plus longtemps attention à ces regards, nous avançons vers le bâtiment principal. Il faut avoir l'air imposants, presque irrésistibles. Mais ce n'est pas vraiment un problème pour nous. A vrai dire, les vampires maitrisent la séduction mieux que personne. Et face à des adolescents, c'est presque trop facile. Le temps semble s'arrêter dans la tête de toutes les filles qui croisent mon chemin. Elles passent la main dans leurs cheveux, vérifient leur maquillage, battent des cils lentement, et pour les plus jeunes, ouvrent grand la bouche. J'avoue que cette sensation n'est pas désagréable. C'est toujours la même, en fait, et ça me fait toujours un peu rire. Nous entrons enfin dans l'Université. C'est parti pour être une bête de foire, je me dis à contrecœur.

Le proviseur nous accueille avec une poignée de main dynamique et nous explique le fonctionnement de l'établissement. Ici, ils ont apparemment de la chance d'avoir des étudiants étrangers comme nous, qui sont une véritable opportunité de partage et d'enrichissement. Il compte sur nous pour échanger avec les autres étudiants, mais ne doute pas une seule seconde de notre aptitude d'intégration, étant donné notre entrée à couper le souffle. Nous ne disons rien, Aurora se contente d'hocher la tête en souriant, comme à son habitude. Moi, cela me fait bien rire. Une chance, oui, c'en est une. Mais pour eux ? Cela m'étonnerait. M. Ivanov renchérit en nous expliquant notre emploi du temps, et finit en nous invitant au banquet d'intégration qui aura lieu ce midi. Après avoir parlé de pas grand chose pour rien et y avoir mis toutes les manières du monde, M. Ivanov nous laisse enfin.

- J'ai cru qu'il ne partirait jamais, je marmonne

- Tu es mauvaise langue, Salvatore ! Vois ce lieu comme une belle opportunité. Tu n'as jamais rêvé d'être dans une école aussi réputée ?

-  Franchement ? Je te rappelle que j'ai fait Oxford, quand je suis parti vivre en Angleterre avant de me faire mordre, puis que je me suis infiltré à La Sorbonne, avant de faire Brasov et Bucarest avec toi. Cette école, c'est de la gnognotte pour moi. Et tu ne devrais pas oublier qu'on n'est pas ici pour des vacances. Garde en tête notre mission.

-  Tu manques cruellement d'humanité...

- Ca tombe bien, je ne suis pas humain. Je le prends plutôt comme un compliment. 

La sonnerie empêche Aurora de me répondre. Je vois bien qu'elle aimerait que je m'ouvre au monde. Comme les autres membres du clan, elle pense encore que nous pouvons cohabiter avec les mortels. Mais elle semble oublier que Père le pensait aussi, et qu'il en a payé les frais. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Cet idéal de paix était peut-être encore possible vingt ans auparavant, mais à présent, il faudrait être doté d'une stupide naïveté pour y croire encore. Il faut peut-être combattre le mal par le mal, c'est vrai, mais après tout, c'est dans notre nature.

Nous nous dirigeons vers notre premier cours. Il s'agit de la biologie. Avec tout ce que je sais, et considérant ma nature, c'est peut-être moi qui devrais faire cours. Nous arrivons légèrement après tout le monde, retardés par M. Ivanov. 

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 29 ⏰

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