𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟰𝟴.

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En entrant dans la villa, Alil m'attendait déjà, calme et concentré. Il s'approche de moi sans un mot, un étui à lame dans une main, une petite oreillette et une clé USB dans l'autre. Sans hésiter, il me tend l'oreillette, que j'ajuste rapidement, puis me tend la clé USB, que je prends en la scrutant, sceptique.

Il se penche ensuite légèrement, fixant l'étui discrètement contre ma cuisse, sous ma robe fluide.

— Ça pourrait t'être utile, murmure-t-il en serrant la sangle. Surtout si les choses tournent mal.

Je sens la fraîcheur du métal contre ma peau, caché sous le tissu. Bien que léger, l'étui me donne une étrange sensation de sécurité. D'un regard rapide, je vérifie qu'il est bien dissimulé avant de hocher la tête, prête.

— Et cette clé USB, qu'est-ce que je dois en faire ? demandai-je en la fixant.

— Tu t'infiltres dans un bureau, tu la branches, et tu copies toutes les informations qui s'y trouvent, répond-il, d'une voix posée mais ferme.

Je hoche la tête, acceptant les termes de la mission. Alil se redresse, m'indiquant la sortie d'un simple geste. Dehors, l'air nocturne est lourd, presque électrique, ajoutant à la tension du moment. Une Porsche noire m'attend au bout de l'allée, les phares éteints, comme une ombre prête à m'engloutir.

Je fais quelques pas, mes talons résonnant dans le silence de la villa, tandis qu'Alil reste en retrait, m'observant sans un mot.

Je m'approche de la voiture, mes pensées concentrées sur ce qui m'attend. Une fois à la portière, j'ouvre et m'installe sur le siège en cuir, sentant la fraîcheur de l'intérieur. Alil, derrière moi, ne bouge pas. Lorsque la porte se referme brusquement, nos regards se croisent à travers la vitre teintée. Son expression est grave, presque tendue.

Puis, lentement, il mime « désolé » avec ses lèvres, sans qu'un son ne franchisse la barrière de la vitre.

Désolé ? Désolé de m'envoyer seule, dans cette mission inconnue ? Ou désolé pour ce que celle-ci représente ? Traître.

Le moteur rugit soudainement, brisant le silence. Je me redresse, les doigts légèrement crispés sur mes genoux. La Porsche s'élance dans la nuit, laissant Alil derrière nous. L'adrénaline grimpe en moi, et malgré la tension palpable dans l'air, je sens une étrange confiance me gagner.

(...)

La route défile à toute vitesse, et je me sens de plus en plus isolée face à mes pensées qui tourbillonnent. Après une heure de trajet, abandonnée par les garçons, je repense à notre échange avec Kaan par le biais d'Emir. Je dois assister à un gala sous le nom de Maria Cilsy, voler une clé USB et revenir en deux heures. Cela paraît simple, mais leur trahison soudaine pèse sur la mission. Je n'ai aucune information, je ne sais rien du lieu, de l'organisateur ou du bureau où je dois récupérer cet objet. Pas de détails, seulement cette clé USB à dérober et la nécessité de revenir saine et sauve.

Je redresse mon dos dans le siège, essayant de me concentrer sur ce qui m'attend. L'étui contre ma cuisse me rappelle que je ne suis pas totalement désarmée, et l'oreillette me relie encore à l'extérieur, me donnant un répit en cas de problème.

La voiture ralentit alors que nous approchons du lieu de ma mission.

—Vous m'écoutez ? me demande le chauffeur.

— Oui, excusez-moi, je réponds distraitement.

— Nous sommes arrivés, dit-il en s'arrêtant.

Je le remercie et sort de la voiture, mes pas me menant vers cette immense demeure au blanc éclatant, ornée de moulures dorées.

En entrant, je salue les portiers, sentant tous les regards se poser sur moi. Je leur souris avant de me diriger vers une table où je commande un verre. Alors que je sirote mon cocktail noir, un homme s'approche de moi, un grand sourire aux lèvres.

— Bonjour, je suis Lionel, l'organisateur, dit-il en me serrant la main.

Je lui rends son sourire, un air faussement naïf sur le visage.

— Maria, enchantée, une invitée, lâchai-je avec ironie, l'imitant presque.

— Maria, quel joli nom. Je dois dire que je n'ai jamais vu une femme aussi belle et avec un humour aussi parfait, répond-il avec un sourire charmeur.

Je fais mine d'être flattée, levant les yeux vers lui.

— Oh, merci ! Vous êtes très aimable.

Il rit légèrement, visiblement charmé par ma réponse. Je prends une gorgée de mon verre, savourant le goût.

— Ce gala est vraiment impressionnant, dis-je, cherchant à poursuivre la conversation.

— Oui, c'est un plaisir d'organiser ce genre d'événements. J'espère que vous en profiterez.

Je hoche la tête, appréciant son enthousiasme.

— Je vais faire de mon mieux, mais je dois vous avouer que je dois m'absenter un moment.

— Je comprends. J'espère vraiment que nous aurons d'autres occasions d'échanger, à très vite, Maria, murmure-t-il, son regard insistant.

Je lui fais un sourire léger.

— Merci, Lionel. À bientôt, alors.

Je me détourne et me dirige vers les toilettes, mon esprit en ébullition alors que je réfléchis à la suite de ma mission. Une fois à l'intérieur, je ferme les yeux, tentant de trouver un moment de calme. L'air, bien que chargé de stresse, m'apporte un certain apaisement.

Alors que je m'apprête à sortir des cabines, un bruit sourd résonne dans le couloir. Des cris, stridents et glaçants, s'élèvent ensuite, avant que le silence ne tombe brutalement, me laissant percevoir qu'un événement grave se déroule.

Je remonte légèrement ma robe et sors prudemment de la cabine, une dague à la main.
Les lumières vacillent, projetant des ombres inquiétantes dans la salle de réception, tandis qu'un halo de lumière des toilettes éclaire encore faiblement le couloir.

Un bruit attire mon attention. Dans une autre cabine, j'entends des murmures étouffés et des gémissements désespérés. En approchant, je découvre une scène qui me retourne l'estomac: un "homme", en train d'abuser d'une jeune femme qui ne doit pas avoir plus de quinze ans. Ses yeux sont bandés, ses mains attachées, et elle hurle de toutes ses forces. La rage s'empare de moi, insatiable.

Sans hésitation, je saisis l'homme par le col et le projette au sol. Je plante mes talons dans ses jambes avant de le tirer par les cheveux pour l'écraser contre le miroir. Le verre éclate sous l'impact, et le sang macule la surface. Je saisis un morceau de verre brisé et le plante dans ses testicules, puis dans sa tête.

Ses hurlements se perdent dans le tumulte de ma colère. Je grave mes initiales sur son corps sans vie, une signature de ma vengeance.

La jeune femme me fixe, la terreur dans le regard. Je m'élance pour la libérer, coupant ses liens d'un geste résolu. Elle se blottit contre moi, en larmes, et je me sens mal à l'aise face à sa détresse, mais je fais de mon mieux pour la réconforter.

— Merci, murmure-t-elle, la voix entrecoupée de sanglots.

Je lui souris, en essayant de la rassurer un peu, même si je sais que ce n'est que le début de notre cauchemar.

— Reste silencieuse, lui dis-je doucement en caressant sa main pour l'apaiser.

Nous avançons prudemment dans la salle, la terreur palpable flottant dans l'air autour de nous.

Jeux de pouvoir- tome 1 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant