Azurite [RÉÉCRITURE]

𝟒. 𝐋'𝐞𝐬𝐩𝐨𝐢𝐫 𝐟𝐚𝐢𝐭 𝐯𝐢𝐯𝐫𝐞

— Vous pourriez faire comme les autres et vous soumettre aux règles, ça faciliterait la tâche de tout le monde.

— Arrête de me les briser, je n'étais pas entrain de voler un truc. il se vexe en croisant les bras, son regard est toujours tourné vers la droite, pour ne pas croiser le mien.

Je déteste la façon dont ce merdeux se croit tout permis. Mon regard sur lui est dur, et il semble remarquer ma colère lorsqu'il plante enfin ses pupilles dans les miennes. On dirait qu'il n'a absolument pas l'intention de s'excuser et je suis exténuée, je n'ai ni l'envie ni l'énergie de l'engueuler davantage.

— Retournez dans votre chambre et allez pioncer Scarrow, demain on se lève tôt.

Il claque sa langue sur son palais. Il semble presque surpris, bien que cette expression sur son visage soit légère, que je le laisse partir si facilement, mais ne rechigne pas et prend la porte, en n'omettant pas de la claquer derrière lui.

Après cette altercation, je vais me coucher, je veux être en forme demain pour profiter au maximum de notre journée en ville.

***

Tout le monde est à cheval prêt à partir au galop en direction de la ville, sauf Lison qui est inévitablement en retard, après une dizaine de minutes à l'attendre je descends de ma monture et confie les rennes à Nohri qui était juste derrière moi. Je leur demande de ne pas s'agiter et de m'attendre. Discrètement, je glisse à l'oreille de Mike, non loin de nous, de surveiller Levi, juste au cas où mes intuitions s'avéreraient être vraies.

J'entre dans le bureau de mon amie sans même frapper.

— Lison ! Qu'est-ce que tu fais bon sang ?

— Oh là là Jane, pardon je suis en retard !

— Oui tu es en retard.

Je place mes mains sur mes hanches et penche la tête légèrement sur le côté de mécontement.

— Laisse ton bazard et dépêche toi.

— J'étais prise dans le lecture d'un vieux manuscrit, c'était tellement passionnant !

— Tu n'as qu'à me raconter ça sur la route, mais s'il te plaît bouge toi tout le monde nous attend dehors.

Je me mets en tête de piste avec Lison pour guider tout le monde tandis qu'April et Ryo ferme le groupe pour que personne ne puisse se perdre.

Arrivé en ville, nous attachons nos chevaux et chacun commence à expliquer où il voudrait aller en premier. Je leur propose d'acheter d'abord les ingrédients pour le pain et le beurre et qu'ensuite, ils pourraient vagabonder. Nous avançons donc dans les rues bondées par les passants en petit groupe, je reste cependant toujours proche de certains, dans la crainte qu'ils ne causent des problèmes. Les marchands interpellent les passants dans le but de leur vendre leurs marchandises, je pense déjà à ma vie après le camp, à vrai dire, la question de la retraite pour les soldats ne se pose jamais vraiment, on donne notre vie pour ce camp et nos missions et on ne prend pas vraiment le temps de rencontrer l'amour, de penser à fonder une famille, ou juste d'imaginer une vie autre que celle que nous vivons ici. Pourtant, quand j'étais dans la rue ou chez Oscar, j'imaginais ce que serait ma vie si j'étais vraiment en liberté, maîtresse de ma vie. Si j'avais sû que ma vie ressemblerait à ça... Je me reprends bien vite sur cette pensée ingrate. Red deer m'a sauvé la vie, et m'a sauvé de lui, alors même si entrer dans l'organisation a troqué des souffrances contre d'autres, elles ne seront sûrement jamais comparables à celles que j'ai vécu là-bas.

Pourvoir imaginer ma vie après l'armée me réchauffe le cœur, cela me prouve qu'aujourd'hui la mort n'est plus systématique dans ma tête, que j'ai l'espoir d'avoir une vie normale et paisible. L'armée m'a fait développer une force mentale incommensurable, je ne peux pas dire que je me sens invincible, personne ne l'est, mais parfois j'ai presque l'impression de l'être. Je sors de mes pensées quand Lison m'interpelle pour me prévenir qu'elle voit le stand avec les différents produits secs. J'achète alors une quantité suffisante de farine ainsi que de la levure et du sel, avant de me diriger vers le stand où se trouve la crème.