Forgotten Memory [AUTO-ÉDITÉ SUR AMAZONKDP]

LIX

Faith

Je suis assise, le regard obstinément fixé sur cette porte derrière laquelle Alban et Madame Wilson se trouvent. Je n'entends pas un mot de leur échange, mais je n'ai aucun doute sur le motif de notre convocation. Ce moment devait arriver, et il est enfin là.

Je me demande si Alban l'avait pressenti. Ça expliquerait, au moins un peu, la distance qui s'est creusée entre nous.

Juste un peu.

Mon cœur s'emballe, frappe violemment contre ma poitrine. La peur me gagne, une peur sourde de ce qui va se passer une fois cette discussion avec la directrice achevée.

J'ai peur. Terrifiée à l'idée que tout puisse s'écrouler.

Mon souffle s'interrompt quand la porte s'ouvre enfin. Alban sort, le visage impassible, son regard me traverse sans me voir. Je me lève, m'avance, effleurant presque sa présence avant de frapper à la porte, attendant que la directrice m'autorise à entrer.

Madame Wilson est là. J'entre, les mains tremblantes.

— Bonjour, Mademoiselle Davis.

Je hoche légèrement la tête en guise de salut.

— Asseyez-vous, je vous en prie.

Je m'assieds sur la chaise qu'elle m'indique, le cœur battant toujours trop fort. Elle reste calme, son regard perçant, mais sa voix, à ma grande surprise, est adoucie cette fois-ci. Peut-être parce que je suis seule, sans Alban à mes côtés.

— Mademoiselle Davis, reprend-elle doucement, les mains posées avec soin sur son bureau. Nous nous retrouvons ici, encore une fois, n'est-ce pas ? Pour les mêmes raisons.

Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot. Elle feuillette quelques documents, sans se presser, puis lève finalement les yeux vers moi.

— Vous comprenez, je dois poser quelques questions pour éclaircir certains points, dit-elle avec une douceur inattendue. Des rumeurs persistent, et je souhaite simplement m'assurer que tout va bien.

Je fais un léger signe de tête, mon regard vacillant vers le dossier, sans oser m'y attarder trop longtemps. Elle a probablement déjà discuté avec Alban. Cette pensée alourdit encore un peu plus mes épaules, mais je dois rester droite. Je n'ai aucune idée de s'il a tout nié ou s'il a simplement laissé la vérité éclater.

— Dites-moi, Mademoiselle Davis, depuis notre dernière conversation, avez-vous vu monsieur Johnson en dehors de l'école ?

Sa question est posée avec douceur, mais elle semble peser lourd dans l'air. Je sais que tout se joue là. Je dois mentir, c'est la seule option, c'est sûrement ce qu'Alban a fait. Si je dis la vérité, tout s'écroulera. Je respire discrètement et je secoue la tête.

— Non, je n'ai pas vu monsieur Johnson en dehors du lycée, dis-je calmement, essayant de ne pas laisser ma voix trembler.

Elle hoche doucement la tête, mais ses yeux restent fixés sur moi, comme si elle attendait quelque chose de plus. Elle prend une note dans son dossier, puis lève de nouveau les yeux vers moi.

— Donc, vous affirmez ne jamais avoir eu de contact avec lui en dehors du cadre scolaire depuis notre dernière conversation ? insiste-t-elle.

Je sens ma gorge se nouer un peu, mais je continue dans la même direction. Je dois m'en tenir à mon mensonge.

— Oui, c'est ça, je réponds. Nous ne nous sommes plus vus ailleurs. Rien n'a changé depuis la dernière fois.

Madame Wilson observe mon visage un instant, puis repose son stylo. Ses gestes sont lents, mesurés. Je sens qu'elle essaie de me donner une chance, mais je ne bouge pas. Je ne peux pas.