Manche 2, épreuve Châtaigne : écrivez une nouvelle entre 500 et 600 mots où les châtaignes sont très importantes.
Oui oui.
DES CHATAIGNES (c'était super dur mama).
Bonus si votre texte est drôle.
PS, je rappelle qu'une châtaigne peut également signifier un coup de poing.
« WattaFok, la crème de marrons pour tous les winners en devenir ! », cela vous dit forcément quelque chose. Non ? Et bien, laissez moi vous raconter la cocasse naissance de cette entreprise qui amasse chaque année plusieurs milliards de dollars...
Monsieur Fok n'avait jamais eu de chance et, bébé déjà, cette infortune qui allait devenir une de ses caractéristiques principales s'exprimait sans rougir.
Pour commencer, il n'avait pas eu ces grosses joues rondes si propres aux bébés et qui attirent immédiatement la sympathie. De ce fait il était détesté par la majorité des adultes, car un bébé qui braille c'est embêtant, soyons sincères, mais alors un bébé qui non seulement braille, mais qui en plus a les joues creuses...! Et évidemment, Mr Fok était un nourrisson qui beuglait plus que la moyenne. Pensez-vous ! Le pauvre petit avait toujours les couches qui fuyaient, les hochets qui se brisaient, le lait qui remontait ! Bien sûr qu'il avait besoin de s'exprimer.
Lorsqu'il eut un an, sa mère, excédée par ses hurlements incessants, l'abandonna dans une poubelle. Oh, rassurez vous ; la brave femme avait veillé à mettre son fils dans la poubelle marron, celle des déchets alimentaires. Elle avait à cœur l'avenir de la planète.
Il aurait du périr, poursuivi comme il l'était par la malchance ; mais celle-ci eut un instant d'inattention, ce qui sauva la vie à notre héros.
« - Chérie, j'ai trouvé un bébé qui brame ! »
Tels furent les premiers mots qui accueillirent Mr Fok dans sa nouvelle famille, un gentil couple de retraités qui, fort heureusement, étaient sourds.
Les années passèrent, toutes plus malchanceuses les unes que les autres ; elles furent pleines de déceptions, de désillusions et autres tristes mots en -ions, mais, pardonnez-moi, je ne m'appesantirai pas dessus. Je crois que personne ici n'a envie de lire comment ce petit bout d'homme s'est retrouvé coincé dans la machine à café des profs pendant 3 heures, ni comment il se fit larguer dix-neuf fois de dix-neuf manières différentes par la même fille.
Quelle est dure, la vie d'un loser !
Sautons donc ces dures années, et reprenons notre histoire à l'aube des trente ans de Mr Fok...
Notre héros, par une pluvieuse journée d'automne, se rendit au supermarché pour acheter des capotes. Il n'en avait pas besoin, bien sûr, mais il se disait qu'en acheter était le premier pas vers son dépucelage. Car oui, à 29 ans, il était toujours puceau. Les femmes n'aiment pas les hommes sans ambition, sans humour, et sans grande...
Euh.
Bref.
Il faisait donc la queue, ses capotes à la main, lorsqu'une brute épaisse le bouscula sans raison apparente.
Et c'est là que tout se joua. Car Mr Fok, on ne sait pas pourquoi, se sentit pousser des ailes et interpella le malotru ; malheureusement, il finit illico presto dans le mur.
Aïe.
Mais alors qu'il était transporté en urgence vers l'hôpital le plus proche, notre débonnaire trentenaire se souvint.
Il se souvint de sa toute première châtaigne.
Il se l'était prise en pleine poire par André Canard, un sale gosse de son école qui ne supportait pas les yeux de carlin éploré du petit Watta (oui, il est à noter que Watta est le prénom de notre protagoniste. Watta Fok, voilà qui est charmant.).
Le souvenir de la chaleur cuisante sur sa joue, des rires aigus de ses camarades et du pipi de honte qui lui avait agréablement réchauffé les cuisses...
Mr Fok se releva d'un bon, envoyant balader cathéter et antiseptiques. Trop c'est trop. Assez d'être le type sans chance et sans nanas !
Je vais devenir grand, puissant, se dit-il, aussi sûr que je m'appelle Watta Fok, à partir de maintenant, je suis un gagnant. Je vais inventer...
Il se frotta la joue.
La plus délicieuse des crèmes de marrons jamais créée. Maintenant, les châtaignes, c'est moi qui les distribuerai...
Et c'est ainsi, chers lecteurs, au nez et à la barbe de la malchance, que le plus grand des losers donna vie à cette entreprise multimilliardaire ; et tout cela, grâce à une simple châtaigne...
