Azurite - Tome 1

𝟓. 𝐋𝐞𝐬 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐨𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐬é𝐪𝐮𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬

Camp militaire de Red Deer, 16 février, Alberta

Jane

L'activité cuisine vient à peine de débuter que la pièce est déjà sans dessus dessous, c'est un vrai bazar et je mettrais sûrement des heures à tout nettoyer. Pourtant, tout le monde est aux anges et suit la recette à la lettre, mais faire la cuisine avec tous ces bras cassés entraîne forcément des complications. Je les laisse patauger dans la formation du beurre ainsi que dans la pâte à pain à leur guise, même s'ils en mettent partout, n'omettant pas le fait de s'envoyer quelques morceaux de pâte visqueuse à certains moments. De toute manière, je crois que je préfère faire le ménage que remplir des papiers. Levi est présent, mais il prétexte soudainement un besoin urgent, je sais pertinemment quel est ce fameux besoin urgent, ou plutôt ce qu'il cache. Pour ne pas paraître suspecte, j'attends quelques instants, puis je le suis discrètement.

Mon instinct ne m'a pas trompé, puisque Scarrow se trouve désormais devant la porte du bureau du directeur, sa main est posée sur la poignée, prête à la tourner pour ouvrir cette porte. De justesse, je plaque mon bras de tout son long en travers de la porte, dans le but de l'empêcher de passer. Scarrow semble plus qu'étonné de voir que je l'ai suivi, puisqu'il écarquille les yeux de façon presque exorbitante, avant de froncer sévèrement les sourcils.

— Sur le terrain d'entraînement, maintenant, dis-je simplement d'une voix bien plus que ferme, plantant mon regard dans le sien, lui faisant comprendre qu'il n'avait aucun autre choix.

— Tu devras m'y emmener de force.

Si c'est un défi, je l'accepte volontiers. Mon coude s'abat lourdement sur le haut de son crâne, l'assourdissant quelques secondes, pour me laisser le temps de le hisser sur mon épaule, ne lui laissant aucune porte de sortie.

— Lison, continue l'activité avec les autres, je nettoierai ce soir, j'ai un problème à régler.

— Oh euh très bien. Bon courage, s'amuse-t-elle.

— Je n'en aurais pas besoin Lison.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas son encouragement.

— En fait, je parlais à Levi, avoue-t-elle.

Ce dernier qui se débattait férocement sur mon dos relève la tête d'un coup, prenant sûrement peur à cause du sort qu'il lui est réservé. Arrivée sur le terrain, je jette presque Levi sur le sol, qui se relève presque immédiatement. Il semble peser le pour et le contre de se mettre à courir pour s'échapper.

— N'essayez pas de vous enfuir, je suis plus grande et plus endurante, je n'aurais aucun mal à vous rattraper et à vous foutre une raclée.

Il semble réaliser que j'ai raison, car il fronce davantage les sourcils. Je me rapproche de lui et le pousse au niveau de l'épaule de ma main gauche.

— Courez.

— Vous avez dit que tu me rattraperais, dit-il perplexe.

— Vous allez juste me faire 200 tours du chalet.

Il ne bouge toujours pas.

— Courez avant que je vous donne une raison de le faire.

Levi voit la colère dans mes yeux et mes poings serrés, alors il se résigne à me tourner le dos pour entamer sa course. Des foulées lentes et molles, qui ne me satisfont en rien.

— Accélérez Scarrow !

Je regarde la scène les mains croisées dans le dos, mais voyant que ce dernier n'obéit pas, je retire ma veste et m'élance à sa poursuite. La tête du merdeux se tourne vivement vers moi, il écarquille les yeux de stupeur et accélère enfin la cadence.