I can take them both (not in a fight)

Antoine fixait le verre à moitié plein devant lui, les pensées toujours embrouillées à cause de Léon. Un nuage sombre pesait sur son esprit, l'enveloppant d'une mélancolie qu'il n'arrivait pas à dissiper.

David et Sébastien avaient eu la gentillesse de l'inviter pour lui changer les idées, mais, à vrai dire, il avait toujours su que ce plan ne fonctionnerait pas. Ce n'était qu'un prétexte pour boire un peu plus et observer de loin l'affection débordante entre ses deux amis.

Le bar, quant à lui, offrait une scène presque irréelle avec ses lumières tamisées, projetant des ombres sur des corps se mouvant sur une musique trop forte pour penser mais pas assez pour noyer ce qu'il ressentait.

Antoine ne pouvait pas ignorer la manière dont David et Sébastien étaient collés l'un à l'autre. David, léger sous l'effet de l'alcool, riait à gorge déployée, niché sur les cuisses de Sébastien comme si la place lui était réservé depuis toujours. Et Sébastien, les yeux brillants, lui rendait chaque geste avec une douceur contrastant étrangement avec la violence de leurs baisers.

Antoine détourna les yeux, gêné par cette démonstation publique de leur désir mutuel.

Un autre éclat de rire, puis le bruit humide des lèvres se mêlant à nouveau. Le blond soupira discrètement, se sentant un peu de trop, un étranger dans une scène qui ne lui appartenait pas. Il but une gorgée de son verre, espérant que l'alcool ferait son effet mais le goût amer ne faisait qu'accentuer son malaise.

C'est alors que David, sans se détacher totalement de Sébastien, tourna la tête vers Antoine, un sourire espiègle aux lèvres, les yeux brillants de malice.

« T'en veux aussi, Antoine ? » demanda-t-il d'une voix légèrement moqueuse mais avec une étincelle de provocation dans le regard.

Sébastien esquissa un sourire en coin comme s'il approuvait silencieusement l'invitation, ses doigts caressant négligemment la nuque de David. L'offre était suspendue entre eux, chargée de sous-entendus. Antoine les fixa un instant, son cœur battant plus vite sous l'effet de cette demande inattendue.

L'idée lui traversa l'esprit, fugace, mais percutante. Et s'il... acceptait? Pas pour effacer Léon, non. Mais pour se perdre dans quelque chose d'autre, dans ce chaos où les baisers ne signifieraient rien d'autre que l'instant présent.

Il hésita, le regard perdu dans celui de David avant de répondre d'une voix plus rauque qu'il ne l'aurait voulu.

« Pourquoi pas... »

David se leva avec une lenteur délibérée, son sourire à peine dissimulé. Antoine, assis, sentit ses muscles se raidir sous l'effet de l'anticipation. Il déglutit difficilement, l'air du bar lui semblait soudainement plus lourd, irrespirable.

Sébastien observait la scène d'un air détaché mais le sourire en coin qui étirait ses lèvres en disait long. Ses yeux suivaient les mouvements de David avec une lueur familière, glissant lentement vers les hanches de son amant, savourant chaque geste. Il savait exactement ce qui allait suivre et il semblait prendre plaisir à voir comment Antoine réagirait.

David arriva devant Antoine et, sans un mot, posa ses mains sur son visage, encadrant son menton avec tendresse. Antoine, figé, sentit une chaleur agréable se répandre dans sa poitrine mais son estomac se nouait sous l'appréhension.

Puis, sans hésitation, David se pencha et ses lèvres s'écrasèrent contre celles d'Antoine dans un baiser profond, mouillé. La langue de David glissa sans vergogne dans la bouche d'Antoine, envahissant cet espace intime, tandis que ses doigts s'enfonçaient légèrement dans sa peau, le maintenant en place. Antoine eut un hoquet de surprise, son souffle coupé, son cœur tambourinant contre sa cage thoracique.