Un TaeTen pour Halloween

Partie 1

La nuit était tombée sur la forêt, mais la lune, bien plus éclatante que d'habitude, éclairait la clairière entourée de branches nues.

En cette belle soirée que les êtres non mystiques appelaient Halloween, un phénomène aussi naturel que merveilleux allait se produire : une Lune de sang.

Alors, pendant que les gamins rackettaient leurs voisins et creusaient des citrouilles, les véritables créatures de la nuit s'étaient réunies ici, prêtes à exercer divers rituels auxquels ils ne pouvaient se donner qu'une à deux fois par an.

Et près d'un grand chêne, Ten se tenait là.

Vêtu d'une longue robe noire ornée de dentelle, ses yeux étaient intensément maquillés de noir, lui donnant un air plus que fatal. Ajouté à sa silhouette androgyne, il savait qu'il attirait le regard des curieux, bien qu'il s'en moquait.

"Beurk."

Enfin, sauf pour les regards libidineux de ces clébards de merde, plus connus sous le nom de loups-garous. Eux, Ten ne pouvait pas les supporter. Ils sentaient mauvais et ils irritaient ses chats.

Le plus jeune des trois, un peu plus peureux, chercha du regard son maître de ses beaux yeux bleus.

"Je sais Levi, je sais."

Le jeune homme se pencha et caressa la tête du jeune félin, puis celle des deux autres, ne souhaitant pas faire de jaloux.

"Tennie ! Coucou Leon, coucou Louis ... oh mon Levi tu as grossi ?"

Un brun en costume fit une révérence à chaque chat, le sourire jusqu'aux oreilles. C'était un ami de Ten, et donc, aussi un ami des trois chats.

"Tu es en retard Donghyuck."

"Je sais ! Mais pourquoi il fallait que ça tombe sur Halloween ? Un môme m'a arrêté pour me demander si j'étais un vrai vampire !"

"Et t'as répondu quoi ?"

"La vérité ... mais il a rigolé ..."

Le sourire moqueur, Ten claqua une bise à son ami.

"Tu m'étonnes ..."

"Hé, ne commence pas, sorcière."

Ten roula des yeux et s'adossa contre l'arbre, jetant un coup d'œil aux festivités. Il avait une réputation de solitaire parmi les sorcières, il préférait toujours rester a l'écart et profiter de loin.

"Tu viens boire un coup ?"

"Tu connais ma réponse, pourquoi tu me le demandes ?"

"Tu vas être tout seul."

"J'aime. Terriblement. Être. Seul."

Et puis, hors de question qu'il s'approche de la grande pierre. Ça sentait le fer d'ici et même s'il n'y goûtait pas, il ne supportait pas la vue du sang. Pas qu'il en avait peur, mais ça le dégoûtait. Il était végétarien.

"Okey, je te laisse profiter. T'as sûrement des trucs de sorcière à faire de toute façon."

"Oui, oui, okey, bye bye ..."

La sorcière fit un "oust" avec ses mains afin de le faire déguerpir, il arrivait déjà à son maximum d'interactions sociales pour la soirée. C'est pour cela qu'après un dernier regard sur la clairière, il sorti une petite serpe de sa besace et s'engouffra dans la forêt, ses trois chats trottinant derrière lui.

Il ne marcha pas longtemps avant de trouver un buisson fort sympathique, orné de jolies baies rouges.

Une seule dans la soupe pouvait tuer toute une famille.

Il en glissa cinq dans un petit bocal et l'accrocha à sa ceinture. Satisfait, il fit trois pas de plus et faucha quelques herbes avec sa serpe, se frayant un passage dans les broussailles.

"Oh, qu'il est beau ce serpolet ..."

Le noiraud écrasa le thym entre ses doigts avant de le renifler fortement, ses cils se fermant sous l'agréable fumet.

Il en faucha un beau bouquet, se promettant de remplacer le plan un peu triste de son jardin. Un petit sort pouvait faire l'affaire, mais Ten aimait beaucoup trop le jardinage pour se laisser aller à la facilité.

À la recherche de nouvelles herbes aromatiques, la sorcière commença à chantonner, ses trois chats ronronnant à l'unisson tandis qu'ils se faufilaient entre ses jambes.

Il avança joyeusement entre les branches et peu à peu, ces dernières se firent de plus en plus rare. Il se retrouva bien vite à l'entrée d'une clairière, bien plus intime que celle où avait lieu le rassemblement.

"Miaou !"

Ten se figea, alerté par Louis du danger potentiel. Ils échangèrent un regard et Ten releva bien vite ses yeux noirs sur la clairière, apercevant ce qui perturbait son chat.

Sur un rocher, un homme était assis en tailleur, les yeux fermés comme s'il était en pleine méditation. Son cœur battant fort dans sa poitrine, Ten se cacha derrière un arbre, faisant des petits signes aux félins afin qu'ils en fassent de même.

Hors de question qu'un inconnu interagisse avec lui.

"Levi !"

Ten chuchota le prénom du plus jeune et ce dernier se plaqua sous les feuilles. Soulagé, la sorcière lui fit un pouce en l'air et se concentra de nouveau sur l'homme

Et bien vite, Ten compris qu'il était foutu.

L'inconnu était enveloppé dans diverses couches de tissus, plus sombres les unes que les autres. Un long voile noir et translucide couvrait sa tête ainsi que ses épaules, cachant partiellement les bijoux argentés ornant ses bras et son cou. Ses mains, entrelacées sous son menton, laissaient entrevoir ses doigts fins ainsi que ses ongles courts vernis de noir.

Oh, par toutes les lunes ...

Ses cheveux blancs décoiffés et sa peau pâle contrastaient délicieusement avec son allure sombre.

Ten ne pu s'empêcher d'imaginer face à lui, l'incarnation même de la mort.

Cet homme était d'une beauté mortelle et Ten savait qu'il en mourrait s'il n'en faisait pas un amant.

Par pitié.

Il détestait les gens, mais ses dieux avaient décidé de le torturer et lui avaient refusé l'aromantisme.

Il se souvenait encore de ce fameux jour où plus jeune, il avait accompli un rituel de désenvoûtement, pensant que son ex l'avait ensorcelé.

Mais non, comme un abruti, il était tombé amoureux.

Amoureux d'un uh-... loup garou. Une erreur de jeunesse, il ne laisserait plus jamais une telle créature poser ses sales pattes sur lui.

Mais là, face à lui, l'homme ne ressemblait à rien de ce qu'il avait pu connaître. Une sorcière ? Un vampire ?

"Miaaa !"

Ten sursauta en entendant Leon miauler de colère. Levi avait tenté de lui attraper la queue.

Alerté par le bruit, le beau blanc ouvrit les yeux et croisa un instant son regard.

Deux secondes, pas plus, puisque rouge de honte, Ten avait disparu entre les feuilles.

"Levi ... vraiment je suis très fâché !"

Les sourcils froncés, le noiraud attrapa le jeune chat contre lui et parsema son crâne de baisers.