Un TaeTen pour Halloween

Partie 2

De retour dans la grande clairière, Ten avait retrouvé son chêne et s'était glissé contre ce dernier, posant ses fesses sur la mousse épaisse.

"Alors, t'as ramassé du romarin ?"

"Du serpolet. Ça purifie l'âme ... tu en veux ?"

"Non merci."

Ten envoya un regard lourd de sens à son ami. Tous les vampires de cette clairière nécessitaient de se faire purifier, mais aucun d'eux prenait soin de leur âme sous prétexte d'être déjà mort. Vraiment, c'était la pire excuse qu'il avait entendu ...

Soudainement, son attention fut portée à l'autre bout du rassemblement, de l'autre côté de l'autel. À l'écart des festivités, une silhouette élégante s'était glissée entre les buissons de houx.

"Oh Ten, je connais ce regard ..."

"Arrête."

Loin d'être stupide, le vampire avait directement suivi le regard de la sorcière. En apercevant l'homme aux cheveux blanc, son sourire s'était élargit jusqu'à ses oreilles.

"C'est la premiere fois que je le vois ... tu me diras comment il s'appelle quand tu l'auras marié ?"

"N'importe quoi ... et tu empestes le sang, du balais !"

"Belle tentative de diversion. C'est vrai qu'il a une aura particulière ... il a l'air encore plus mort que moi."

N'arrivant pas à résister, Ten releva une nouvelle fois les yeux vers le fond de la clairière, détaillant le bel inconnu. Il avait fait tomber son voile sur ses épaules et croisait les bras, assurément ennuyé par le rassemblement. D'ici, il pouvait apercevoir ses beaux yeux noirs ressortir sur sa peau blanche comme la lune.

Lorsqu'il tourna la tête dans sa direction, Ten senti son cœur s'accélérer. Toutefois, l'homme ne sembla pas le remarquer ... s'il n'était pas en train de l'ignorer volontairement.

Et cet air impassible le rendait d'autant plus sexy ...

"C'est super triste, t'es en train de fondre sur place pour un type qui ne te calcule même pas."

Donghyuck lui avait chuchoté cela en lui tapotant l'épaule.

"Je ne fonds pas, je suis juste curieux."

"Ton maquillage va couler."

"Tais-toi ou je te jette un sort."

"S'il te plaît vraiment, c'est à lui que tu devrais lancer un sort. Tu es une sorcière, tente un truc."

Son ami lui fit un clin d'œil moqueur avant de s'éloigner, rejoignant ses amis vampires devant l'autel. Ten ne lui lança même pas un regard, trop occuper à fixer le bel inconnu.

Donghyuck avait raison, s'il ne tentait rien, il n'arriverait jamais à se le sortir de la tête.

Alors, un éclat dans le regard, Ten claqua des doigts derrière son dos. Louis émergea discrètement des sous-bois et s'élança dans la foule, serpentant avec grâce entre sorcières, loups et vampires jusqu'aux fameux buissons de houx. Une fois à destination, il se frotta langoureusement contre les jambes du blanc, roucoulant avec autant d'entrain qu'avant un bon repas.

La technique sembla fonctionner puisque l'homme lui jeta un coup d'œil rapide et se pencha, passant brièvement sa main dans sa fourrure.

Parfait.

Satisfait, Ten claqua des doigts afin de faire revenir le beau félin.

Mais contre toute attente, l'inconnu ne le suivit pas des yeux, préférant garder son regard au loin, comme si rien ne l'avait touché. Déçu, Ten se mordit la lèvre et caressa Louis à son tour, imaginant les mains de l'homme encore posées ici quelques secondes plus tôt.

Tant pis, Ten était une sorcière aguerrie et il avait plusieurs tours dans son sac.

Frustré mais pas découragé, il se glissa discrètement derrière son chêne. Là, il fouilla dans sa besace et en sorti deux pierres ainsi qu'une feuille desséchée. Tout en murmurant des paroles mystiques, il l'écrasa entre les deux cailloux magiques, l'enflammant quelques secondes avant de la réduire en cendres.

"Hm."

Le sourire malicieux, la sorcière sorti de sa cachette et positionna sa main à plat devant ses lèvres. Après une nouvelle incantation, ses yeux virèrent au doré et il souffla délicatement la poudre enchantée par dessus la foule, la dirigeant vers le blanc avec précision.

Une seconde.

Deux secondes.

Trois secondes.

Et puis, le silence.

Tout autour de Ten, le son s'étouffa, coupant musique, chants, rires et hurlements de ces satanés loups. Seul le souffle lent de l'homme lui parvenait, ainsi que le tintement de ses bijoux, lorsque surpris, il avait légèrement tressailli.

Avec son sortilège, Ten avait crée une bulle d'intimité mystique, où ils ne pouvaient s'entendre que l'un et l'autre.

Regarde-moi, regarde-moi ...

Il se sentait écrasé par la présence de l'homme, bien que ce dernier ne lui portait toujours pas son attention. Le blanc le percevait aussi, il le savait, alors pourquoi restait-il indifférent ?

Et puis brusquement, l'inconnu plongea son regard dans le sien, le fixant intensément de ses yeux dont tout le blanc avait disparu. Ten n'eut même pas le temps de s'interroger puisque l'homme ferma les paupières en une fraction de seconde.

Soudainement, la sorcière ressenti un froid intense parcourir sa peau et le pénétrer par tous ses pores. Il se mit à frissonner et ses membres devinrent lourd, tandis que l'air qu'il expirait se gelait et formait un petit nuage blanc.

Une présence se fit sentir derrière son dos, et Levi feula avant de faire ses griffes sur le tronc d'arbre, perturbé par l'énergie flottant dans l'air.

"H-hm ..."

Alors qu'il pensait être en train de mourir de froid, il senti des mains invisibles se poser sur sur hanches, directement sur sa peau comme si sa robe lui avait été retirée. Des doigts parcourent sa peau et Ten pencha sa tête en arrière, échappant un petit couinant lorsque le froid laissa place à une agréable chaleur.

Il s'y abandonna volontiers, le désir surpassant le danger de cette étreinte mortelle.

Et puis d'un seul coup, l'énergie le relâcha. Ten senti de nouveau le tissu de sa robe frôler son dos et le son des festivités reprit, le faisant grimacer après ce temps agréablement silencieux.

Perturbé par cette expérience, Ten observa l'homme, persuadé que tout cela ait été de son fait.

Comme s'il ne venait pas de briser un puissant sortilège de sorcière, il s'était une nouvelle fois transformé en statue, ses yeux perdus au loin comme si rien ne s'était passé.

Qu'est-ce qu'il était, au juste ?