Réminiscence, mirage d'un amour passé.
La nuit avait désormais recouvert l'entièreté de la ville où seules les lumières parvenaient à percer cette obscurité omniprésente. Toujours avec cette même allure nonchalante, il errait dans les rues désertes pour s'aérer l'esprit.
Sous ses yeux, des cernes témoignaient de son manque de sommeil récurrent auquel s'ajoutaient des joues creusées, une peau de porcelaine et un corps frêle qui lui donnait l'apparence d'un mort revenu parmi les vivants. Sa mère s'inquiétait, son fils ne semblait plus que traîné la carcasse d'un mal être dont elle n'avait connaissance.
Alors que ses pieds le menaient à la fois partout et nul part, des lumières colorés et des éclats de rires attirèrent son attention. Il s'arrêta net et, en relevant les yeux du goudron, il aperçut d'immenses attractions qui surplombaient la place. Sans plus réfléchir, il s'engouffra parmi la foule et se contenta de déambuler dans les allées sans grandes convictions.
Son regard s'ancra sur les machines à pince où des bribes de souvenirs datant de l'année dernière émergèrent dans son esprit ankylosé. La fatigue créa des hallucinations qui le rendirent spectateur de sa propre vie passée. Elle était là, juste derrière lui.
Son expression était figée par la concentration tandis qu'elle patientait à ses côtés, les yeux écarquillés par l'excitation que lui provoquait le suspense. La vue de leur deux silhouettes lui devint insupportable si bien qu'il tourna les talons pour continuer à divaguer à travers les allées bondées.
Le bruit des tirs, l'odeur de la friture et du sucre, les hurlements de joie ou de peur dans les attractions, la vision de ces multiples lumières, la musique qui résonnait dans sa cage thoracique... Chaque échoppes le ramenaient en arrière, ressassant des plaies encore trop fraîches.
Soudain, une effluve familière lui chatouilla les narines. Il se figea au milieu de la foule et tenta de chercher la provenance de son parfum, celui qu'elle portait tous les jours. Une silhouette se découpa dans la masse, il était persuadé qu'il s'agissait d'elle. Alors comme à la poursuite d'un mirage, il continua sa course sans jamais en trouver la fin. Elle s'était comme évaporer parmi les gens, laissant derrière elle plus que le désespoir d'un jeune homme qu'elle avait envoûté.
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Pensées troubles.
RandomEt lorsque le plaisir d'écrire vient, mais qu'aucune histoire assez complète ne nait alors des bribes de texte prennent forme pour un plaisir éphémère. Recueil de textes, poèmes courts.