Ça m'énerveeee (dans la vie)

La culture du viol.

Ce thème m'est apparu lorsqu'on a ensemble parlé d'un genre de romance que je déteste particulièrement. J'avais évoqué alors le fait que dans le yaoi, on retrouve assez souvent (88 pour-cent du temps) du viol ou des relations non consentantes ou avec un consentement détourné. 

Vous avez été quelques uns à être réellement choqués, vous disant surement que vous ne liriez jamais ça. Petit spoiler alert ? Vous en avez déjà lu, peut-être écrit, ou vu. Je parle d'expérience. Vous ne me croyez pas ? Vous n'avez jamais lu un yaoi à la morale vaseuse, vu de film entre sexe et violence, parfumé à la domination de (l'unique) figure féminine ? Non ?

Vous avez déjà regardé la Belle au bois dormant ? Peau d'âne ? 365 jours ? Game of thrones ?

Formidable, vous venez de découvrir la charmante et agréable culture du viol. Définition exacte du terme:  Ensemble de comportements qui banalisent, excusent et justifient les agressions sexuelles, ou les transforment en plaisanteries et divertissements. Le corps des femmes y est considéré comme un objet destiné à assouvir les besoins des hommes. Les commentaires sexistes abondent et ils créent un climat confortable pour les agresseurs. Dans une telle culture, la responsabilité de l'agression repose sur la victime, dont la parole est remise en cause.

Combien de fois on n'a pas entendu:

 "j'ai dis oui mais je n'avais pas très envie ce soir là"

"c'est ton devoir conjugal" 

"elle était habillée comment ?" 

"Elle dit non mais ses yeux disent oui" 

"aussi, tu le voulais un peu si tu n'as pas dit non" 

"en ce moment tout les artistes sont accusés de viol parce qu'ils sont connus !" 

"les victimes font ça pour l'attention"

"Quand même, pauvre Norman !"

"Allez, tu vas t'en remettre. Parle plus à ce mec et arrête d'en faire toute une histoire."

"Une main au cul ? Ca vaaaa... T'es hystérique."

"Tu es sûre que tu ne sortais pas avec lui ? Ce serait normal dans ce cas là..."

Toutes ces phrases qui sont souvent sorties par des amis, des amies, des parents, des adultes. Je l'ai vécu à travers des gens de mon entourage à qui on a dit ça. Vous les trouvez choquantes, sorties ainsi de leur contexte ? Elles sont partout. Vous avez forcément déjà lu un livre qui traitait le sujet d'une façon moralement peu acceptable.

Alors si aujourd'hui dans la plupart des pays le viol est passable de prison et lourdement condamné, on peut s'interroger. Presque la moitié des femmes ont déjà vécu une agression sexuelle, alors que moins de 10 pour-cent des accusés sont jugés coupables. 

Avec l'image "de l'arabe dans un parking", seule figure du violeur pour une France addicte aux émissions de Cyril Hanouna, on oublie que 70 pour-cent des violeurs sont des membres de notre entourage ! 

La culture du viol s'inscrit dans nos mémoires et se base sur des fondements d'un racisme enraciné. Elle nous touche tous, minimise les victimes et maximise les cas de violeur racisé, rassurant les "français de souche" qui ne veulent pas croire que leur voisin ou leur frère serait capable de tels actes. 

Alors si. Vous avez déjà lu un livre contenant des traces de la culture du viol parce qu'elle est partout. Tout le temps. Dans les dark romance, à la télévision, dans la bouche de vos parents, de vos professeurs, de vos amis.