Les récits gay

Sous les Cendres de la Magie

Le château de Morganna se dressait comme un spectre imposant dans la vallée isolée, ses murs noirs et ses tours effilées défiant le ciel, tel un géant pétrifié. Les rumeurs de sa magie s'étendaient bien au-delà des frontières du royaume, mais peu osaient s'approcher. Là, dans l'ombre de ce monstre de pierre et de sorcellerie, vivait Léo, un jeune homme aux yeux brillants et aux rêves pleins de promesses. Il était l'apprenti de Morganna, la sorcière la plus puissante de l'époque, et chaque jour, il s'efforçait de prouver sa valeur.

Le matin commençait tôt dans ce château. Léo se levait avant l'aube, ses pensées déjà plongées dans l'étude des grimoires antiques que Morganna lui imposait de lire. La sorcière l'avait choisi, non pour ses origines ou ses liens familiaux, mais pour son potentiel magique rare. Dès son arrivée, il avait été plongé dans un entraînement ardu, enchaînant des journées sans fin à apprendre les arts sombres de la magie, les potions, les malédictions et les incantations.

Morganna, haute et imposante, l'observait toujours d'un regard perçant, comme une gardienne implacable de ses propres secrets. Ses leçons étaient sévères et sans compromis. La moindre erreur était sanctionnée par une pluie de sorts cruels qui laissaient des marques indélébiles sur l'âme. Pourtant, Léo ne pouvait se résoudre à abandonner, car il savait que la sorcière avait vu en lui un pouvoir qui dépasserait bientôt les limites de la magie connue.

Au fil des semaines, cependant, une ombre persistante se glissa dans son quotidien. Entre les séances de magie noire et les rituels antiques, Léo commença à voir un garçon qui se mouvait dans les recoins de la demeure : Ezra. Il n'était pas un apprenti comme lui, mais un simple serviteur, un jeune homme chargé des tâches les plus humbles du château — nettoyer les couloirs poussiéreux, entretenir les cheminées, frotter les planchers qui craquaient sous les pas.

Ezra, bien qu'humble, portait en lui une beauté tranquille et presque étrange. Ses cheveux bruns, toujours éparsement en bataille, encadraient un visage doux marqué par une infinie douceur, une innocence apparente qui contrastait avec l'aura de terreur et de magie noire du château. Ce garçon semblait presque irréel, comme une étoile oubliée dans le ciel de la sorcellerie. Mais ce qui frappait le plus Léo, c'était son sourire. Un sourire lumineux, authentique, qui semblait briser les chaînes invisibles que Morganna tissait autour de lui.

Chaque fois qu'ils se croisaient, le cœur de Léo battait un peu plus fort. Les premiers sourires échangés se faisaient furtivement, leurs regards se croisaient dans le silence, avec la promesse implicite d'une complicité secrète. Léo essayait de se concentrer sur ses études, mais il ne pouvait s'empêcher de penser à Ezra — la manière dont il se déplaçait, l'éclat de ses yeux, la chaleur de sa voix. Chaque rencontre entre eux semblait irréelle, et Léo se demandait pourquoi cet amour naissant était aussi insupportablement doux et douloureux.

Ezra, de son côté, semblait être aussi conscient de cette tension grandissante, mais il n'osait pas y répondre. Il savait que tout lien avec un apprenti de Morganna était interdit et risqué. Pourtant, il ne pouvait ignorer la lumière qui se dégageait de Léo, sa curiosité, sa soif de quelque chose de plus grand, de plus pur que tout ce qu'ils vivaient dans le château. À chaque échange, il sentait une étincelle d'espoir, une étroite possibilité qu'il n'aurait jamais imaginée.

Mais le temps de l'insouciance allait bientôt s'achever. Les jours passaient, et alors que Léo commençait à plonger plus profondément dans ses sentiments, un changement subtil se produisit. Morganna, toujours observatrice, remarqua la proximité croissante entre les deux garçons. Elle savait que l'amour pouvait rendre les esprits fragiles et les cœurs vulnérables, et cela était une faiblesse impardonnable, surtout dans le cadre de l'enseignement qu'elle dispensait. Pour elle, la magie était une discipline impitoyable, une quête pour transcender les limites humaines. L'amour, au contraire, l'enchaînait, l'affaiblissait.