memories.

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ㅤIl m'est arrivé de croire que je vivais dans une réalité parallèle aux autres. Que j'étais une tâche qui gâchait leur utopie, une tâche qu'on tentait de nettoyer, un peu trop fort. On ne m'offrait aucune place dans cette société où la loi du plus puissant règne. J'essayais de rentrer dans le moule, tel un pion, de suivre les règles parce que c'est ainsi qu'on m'a éduqué. Mais la hiérarchie, la justice, les adultes, mes camarades, la police, mon père, rien de cela ne me comprenait. Moi non plus je ne les comprenais pas, surtout lorsqu'ils se contredisaient. Je n'étais pas un pion, encore moins le leur. J'étais le déserteur, celui qui n'est pas sur l'échiquier, qui n'existe pas dans leur petit jeu.

— Chisuke Shinigami, 15 ans, né le 26 avril 1987, arrêté pour homicide involontaire. C'est bien ça ?

Pour moi, la violence était réponse à tout. Elle réglait les problèmes comme elle réglait les disputes entre mes parents.

— Oui, monsieur.

Plus jamais.

— Bien. Voilà vos affaires nécessaires durant votre séjour. Vous avez été assigné à la chambre 112.

Plus jamais je ne tuerais.

ㅤJe revois encore ces regards de sauvages m'observer, prêt à m'attaquer dès qu'ils en auront l'occasion

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ㅤJe revois encore ces regards de sauvages m'observer, prêt à m'attaquer dès qu'ils en auront l'occasion. Je revois encore ce long couloir du premier étage et son infinité de chambres. Je revois encore cette porte à l'insigne "112" qui s'ouvrait sur ces murs blancs, salis par le temps et les précédents locataires. J'entends à nouveau le grincement de cette porte qui séparait la chambre de la salle de bain commune dont l'odeur me donnait des haut-le-coeur. Le matelas était dur, la poussière s'incrustait dans le moindre angle, le sol était aussi froid que mon colocataire. Sa cigarette empestait, chaque jour j'étouffais. Il ronflait comme un animal la nuit. Je le détestais. Parfois, il disparaissait quelques jours, souvent après avoir ramené une arme ou des drogues qu'il essayait de me vendre. Ces jours-là, je me sentais revivre, jouant avec son précieux couteau entre mes doigts.

Les premières semaines, le même cauchemar se répétait toutes les nuits : le bruit des sirènes ne s'arrêtait pas, le regard de mon père et de mon petit frère sur moi me transperçait comme une lance de guerre. Le hurlement de mon meilleur ami résonnait dans l'espace avant que je ne me réveille, les yeux remplis de larmes, la respiration saccadée.

Il m'a fallu 1 an pour m'habituer à cet enfer. Ici, la vie n'était un rêve pour personne.

 Ici, la vie n'était un rêve pour personne

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𝐌𝐄𝐌𝐎𝐑𝐈𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant