Tout commence à l'école primaire. C'est là que j'ai eu mes premiers ressentis qui me disaient que quelque chose n'allait pas, sans pour autant que je sache vraiment quoi. Je me souviens d'une conversation avec ma mère, où je lui avais dit : « Maman, j'ai un garçon qui s'appelle Tom. » Ce n'était rien de plus qu'une anecdote d'enfant, mais pour moi, c'était déjà le début de quelque chose. Ce garçon, Tom, c'était un des premiers avec qui j'avais ressenti quelque chose de spécial. J'aimais être avec lui, mais je n'avais aucune idée de ce que cela signifiait. Pourquoi est-ce que je ressentais ça pour lui ? Je ne savais pas.
Puis, à la fin de l'année de CM2, je lui ai posé une question qui, à l'époque, m'a semblé anodine, mais qui allait me marquer : « Tom, si je te disais que je t'aimais, est-ce qu'on resterait amis ? » Sa réponse m'a surprise : « Bah oui, mais je te regarderais bizarrement. » Ce moment est resté gravé dans ma mémoire, car c'est là que j'ai commencé à me dire : « Est-ce que c'est normal ? » C'était étrange, ça ne correspondait pas à ce que je voyais autour de moi, et pourtant, c'était la première fois que je mettais des mots sur une confusion qui grandissait en moi.
Je me rappelle aussi que, bien que j'avais un corps de garçon, je me sentais attirée par des activités associées aux filles. Je jouais avec des poupées, me déguisais en princesse, mais tout cela n'avait pas le même sens que ce que les autres garçons faisaient. Ce n'était pas simplement un jeu, c'était plus que ça. C'était une manière de me connecter à un monde qui semblait plus proche de ce que je ressentais à l'intérieur. Mais je ne pouvais pas encore comprendre pleinement ce besoin, ce désir, de vivre différemment de ce que mon corps et la société attendaient de moi.
Au collège, tout a commencé à se compliquer. Je suis arrivée en sixième avec l'idée que j'étais différente, mais je n'avais encore aucune idée de ce que cela signifiait. À ce moment-là, je savais seulement que j'aimais les garçons. Cela me semblait naturel, mais la confusion s'est installée quand j'ai aussi ressenti de l'attirance pour certaines filles. Pendant un moment, je me suis dit que j'étais peut-être bisexuelle (bien que je ne connaissais ce terme).
Je n'avais aucune référence. Je n'avais jamais entendu parler de personnes transgenres, je ne savais même pas ce que c'était. C'était juste un mélange de sentiments que je n'arrivais pas à comprendre ni à partager avec les autres. Et même si j'étais attirée par les garçons, ça ne résumait pas tout. Parce que ce que je ressentais à l'intérieur n'avait rien à voir avec ce que je voyais à l'extérieur.
C'est en cinquième que j'ai eu un premier aperçu de ce qui pouvait m'arriver. Un de mes amis a parlé de sa sexualité avec la prof principale et a mentionné qu'il était bisexuel. Je n'avais jamais entendu ce mot, alors je l'ai demandé. C'est là qu'il m'a expliqué ce que c'était, et je me suis sentie un peu perdue, mais en même temps, je me suis rendue compte qu'il y avait des mots pour décrire ce que je ressentais, bien que ce ne soit pas exactement ce que j'étais. C'était comme une révélation, mais il me manquait toujours une pièce du puzzle.
C'est aussi à ce moment-là que j'ai découvert le mot « transgenre ». Je ne savais pas encore que c'était quelque chose que je pouvais être. Je n'avais même pas conscience que c'était possible. Mais au fond de moi, je ressentais déjà que quelque chose n'allait pas avec le corps que j'habitais. Ce n'était pas juste la question de la sexualité, mais un malaise plus profond, un décalage avec mon apparence, un sentiment de ne pas être à ma place.
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Etre moi.
RandomÀ travers les pages de ce livre, Tanya partage son parcours de vie en tant que personne transgenre, de ses premiers souvenirs d'enfance à son cheminement vers l'acceptation de soi. Dans une narration honnête, brute et pleine de courage, ce livre nou...