Le jour ou la vie de Maëva s'apprêtait à brusquement basculer, c'était un mardi matin de septembre. Elle venait de se lever, ouvrant les volets de son charmant appartement du centre-ville, dans lequel baignait désormais la douce lumière de la jeune matinée. L'odeur du café embaumait déjà la cuisine et lorsqu'elle y pénétra, elle y vit son fiancé Louis en train de lui préparer son petit-déjeuné. "Quelle chance j'ai de pouvoir mener cette existence si paisible", pensa-t-elle en voyant ce spectacle qui s'offrait à elle.
Elle devait continuer d'écrire sa thèse pour son master d'histoire, alors elle décida de monter les escaliers en attendant que son fiancé l'appelle pour déjeuner. Les études de Maëva avaient toujours été une passion et une priorité pour elle, alors sa thèse était véritablement la chose la plus importante a ses yeux dans l'instant T, même si les cours n'avaient repris que depuis à peine deux semaines. Elle se devait d'être la meilleure, comme c'est ce qu'on avait toujours attendu d'elle. Cependant, en arrivant devant son ordinateur, aussi pleine de bonne volonté que possible, elle ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil au faire-part qu'elle avait fait encadrer et accroché juste au dessus de son bureau. Le papier jaune poussin orné d'arabesques orangées lui décocha immédiatement un sourire niait, et les images de son futur mariage - qu'elle planifiait depuis ses onze ans - lui vinrent presque immédiatement en tête. Elle se mit à lire ces mots inscrits sur le papier et fut prise d'une vague de nostalgie et de joie en se rappelant à quel point elle aimait l'homme qu'elle s'apprêtait à épouser.
"Mariage de Maëva Sarah Bodega et de Louis Ulysse Pierre Tabhéran"
Lorsqu'ils se rencontrèrent, Louis et Maëva n'avaient que 13 ans. Ils étaient au collège en quatrième, et on peut dire de Louis qu'il avait assurément la côte. Il était rugbyman dans l'équipe du collège, dormait à l'internat, et surtout, adoré de toutes les filles. Considéré comme en avance sur ses camarades, il avait toujours été plus grand que les autres, mais surtout plus athlétique. Il avait rapidement commencé a fréquenter des filles à cette époque mais, rien de très sérieux, n'étant qu'un adolescent en recherche de lui-même. A côté de cela, Maëva était une jeune fille très solitaire, focalisée principalement sur ses devoirs, sur l'école, et sur ses deux seules amies. Son physique n'était pas très avantageux, ressemblant à toutes les autres filles de son âge. Petite, cheveux bruns au carré, yeux bruns et avec un sérieux problème d'acné.
Au début de cette fameuse année scolaire, on ne pouvait pas dire que Louis appréciait Maëva. Enfin, plutôt par extension, puisque tous ses coéquipiers de l'équipe de rugby l'avaient choisie comme cible. Ils insistaient sur les blagues et le harcèlement ne cessait pas. Un jour, l'un d'entre eux à même eu pour défi de lui demander de sortir avec lui en échange de deux euros. Elle avait bien évidement accepté, curieuse de vivre une nouvelle expérience, et s'était donc faite humiliée dans la seconde. Ce jour-là, elle se promit de ne plus jamais fréquenter de garçon, ni même de leur adresser la parole.
Les mois passaient, et le comportement déplorable des rugbymans envers Maëva ne cessait pas. Louis se moquait d'elle, mais malgré tout, moins activement que ses camarades. La blague de trop finit par arriver, et Maëva se fit jeter un seau d'eau glacée sur elle en plein mois de décembre, et tout cela dans le gymnase, à l'heure ou tous les autres élèves sortaient de leurs vestiaires. Cela aurait été une expérience suffisement humiliante si en plus de cela, elle n'avait pas porté un haut blanc ce jour là. Pétrifiée et presque nue devant ses camarades hilares, elle ne sut quoi faire. D'habitude, elle partait, trouvait des réponses singlantes ou ignorait tout simplement ses persécuteurs. Mais aujourd'hui, elle était exposée a la vue de tous et ce, presque nue. Elle était mortifiée, comme s'il s'agissait d'une scène de film, et qu'elle n'en était que spectatrice. Une larme silencieuse roula sur sa joue, et ces quelques secondes lui semblèrent durer une éternité, quand elle sentit un poids se déposer sur ses épaules. Elle se tourna non sans difficultés, et du lever la tête pour regarder son sauveur dans les yeux.
" Est-ce que ça va ?
Louis venait de déposer sa veste immense sur les épaules de Maëva qui cachait désormais tout ce qui devait être invisible.
- Pas vraiment, non. Comment est-ce que ça pourrait aller bien ? répliqua-t-elle, plus agressivement qu'elle ne l'aurait voulu.
- Ils sont vraiment stupides parfois, j'en suis désolé. "
Il avança pour se planter en face du groupe de garçons hilares, qui se tuent presque aussitôt.
" Excusez-vous auprès de Maëva, et rapidement.
- Euh, pourquoi est-ce que tu prends sa défense, au juste ? répondit l'un d'entre eux, un sourire narquois sur le visage.
- Je prends sa défense parce que vous êtes des idiots qui se prennent pour les rois du monde, tout simplement parce que vous êtes populaires. Je ne cautionne pas ce que vous lui faites subir depuis bien trop longtemps maintenant. Si vous ne vous excusez pas, il y aura de facheuses conséquences, vous pouvez me croire.
- Qu'est-ce que tu comptes faire, exactement ? Arrête d'agir comme si tu n'avais pas participé à toutes les blagues qu'on essaie de lui tendre depuis des mois. Tu détestes cette petite intelotte autant que nous.
- Je pourrais aussi te cogner là, tout de suite. Alors excuse toi ou assume les conséquences, répondit-il en bombant le torse.
- Mais marie toi avec elle si tu l'aimes tant que ça ! lança un autre des assaillants.
Louis se tourna lentement et jeta un coup d'oeil à Maëva qui avait les joues rosies par la colère, le froid, et l'adrénaline.
- Peut-être un jour, qui sait ? " ajouta-t-il tout bas, comme une promesse à lui-même.
Depuis ce jour-là, ils furent inséparables. Dix ans d'amour infaillible qui les avait conduit jusqu'à la demande en mariage et qui les conduirait bientôt devant l'hôtel. Maëva avait toujours rêvé de ça. Une seule belle et grande histoire d'amour. Ne connaître qu'un seul homme. Pouvoir parler à leurs enfants de leur incroyable histoire et vieillir ensemble. Trouver l'âme-soeur, finalement.
En se remémorant tout ces bons souvenirs et en constatant que la date présente sur le faire-part se rapprochait, une nuée de larmes vont rapidement embrumer ses yeux. Elle était sur le point de réaliser son objectif le plus cher : celui de fonder un foyer sain et heureux dans lequel elle se sentirait bien, à défaut d'avoir pu le faire avec sa propre famille.
Perdue dans ses rêveries, elle ne remarqua pas tout de suite le numéro inconnu qui tentait de la joindre. Intriguée lorsqu'elle finit par remarquer, elle laissa sonner sans répondre. Quelques secondes plus tard, le téléphone se remit à vibrer intensément. Maëva décrocha le téléphone et une voix féminine se déclencha presque immédiatement.
" Allô ? S'il te plaît, ne raccroche pas. Je m'appelle Julia, et j'ai des informations qui t'intéressent sûrement à propos de l'homme avec lequel tu vas te marier dans quelques semaines. "

YOU ARE READING
Gloomy Evening
Ficção GeralMaëva, jeune étudiante de 23 ans, voit sa vie basculer brusquement alors qu'elle avait planifié son avenir dans les moindres détails. Louis, son fiancé, se révèle ne pas être aussi parfait qu'elle le pensait. En réalité, cette simple histoire d'inf...