Chapitre 1

3 2 3
                                    

Pourquoi ma vie ressemble tant à un champ de fleur ? Peut-être par ses magnifiques couleurs, son parfum, sa beauté naturelle mais aussi lorsque le champ se fane et devient triste et fade, où il reste la douce odeur des fleurs.

***

Le claquage de la porte que je viens de fermer, résonne dans la maison, comme l'écho d'une église. J'ôte mes talons et soupire lorsque mes pieds nues touchent le carrelage froid.

Je distingue des cartons empilés partout dans la maison. Je ne comprends pas pourquoi, puisque nous ne prévoyons pas de déménager, avec ma mère.

- Maman ? appelais-je.

Mais personne ne me répond. Le silence.

Puis, ma mère déboule de la cuisine. Elle porte des écouteurs sans fils ce qui laisse comprendre pourquoi elle ne me répondait pas.

- Ah ma chérie ! s'exclame-t-elle tristement.

- Que se passe-t-il ? Tu as passé une mauvaise journée ? Et c'est quoi tous ces cartons ? Tu vas faire une brocante ce week-end ? je demande en arquant un sourcil.

Elle sort un plat du four et le pose devant moi. Le gratin embaume mes narines d'une odeur appétissante et douce. Elle pose ses mains sur la table, ôte ses écouteurs, et me regarde tristement.

- Ecoute ne m'en veut pas s'il te plait.

- Bien sûr que non, maman ! J'ai moi-même besoin de faire du tri dans ma chambre pour vendre mes affaires !

Un minuscule rictus se dessine sur son visage un peu ridé.

- Ce n'est pas pour ça.

- C'est quoi ?

Ma mère ramène des couverts et nous nous installons pour manger.

- J'ai vendu la maison. Annonce-t-elle directement.

Mon cœur rate un battement, voir même deux. Comment ça elle veut la vendre ? J'ai grandi dedans, elle représente tout pour moi cette demeure. J'y ai vécu des jours heureux ! Mais également des souvenirs douloureux comme lorsque j'ai appris la mort de mon père. Je ne peux pas me permettre de quitter ce nid à souvenir qui a une place tellement importante dans mon cœur.

- Quoi ? Impossible !

- Je suis désolée Camille. Ça fait des mois que je bats pour garder la maison.

- Pourquoi ne pas m'en avoir parlé avant ? J'aurai pu t'aider financièrement !

Il est vrai que depuis des années, les fins de mois sont assez difficiles. Mais nous sommes fortes et nous serrons les coudes.

Elle enfuit son visage entre ses mains.

- Je ne voulais pas te stresser. Déjà ton travail saisonnier t'en as fait voir de toutes les couleurs, alors je ne voulais être la goutte d'eau qui allait faire déborder le vase.

Je la comprends. C'est vrai que mon travail n'a pas été une partie de plaisir. En effet, j'ai travaillé dans un magasin de prêt à porter qui a des clients malpolis, des employés exploité et un patron très exigent au point où je me suis retenue à lui mettre mon poing dans sa tronche. De plus, le salaire n'était pas élevé et heureusement que je suis sous le toit de ma mère car sinon, j'aurai passé mes nuits dans ma vieille petite voiture.

Je serre les mains de ma mère.

- Qu'est-ce qu'on va devenir ?

- Tu iras chez ta grand-mère, mamie Josette.

Mamie Josette, ma seule et unique grand-mère encore vivante. J'y passait mes étés entiers chez elle.

- Mamie ?

Dans le coeur d'une fleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant