Introduction

Pointillés

Cette ombre vivace qui m'éclabousse de lumière,

C'est un garçon splendide.

Il est ma Muse

Malgré son visage trop humain

Malgré ses traits naïfs ses défauts sa propension

A jouer comme un acteur un enfant à l'homme

Piètre comédien, il croit faire illusion virile

Mais demeurent

Ses grands yeux crédules sur une trouée de nuages

Je n'en connais même pas la couleur

Je les imagine verts,

Encombrés de son esprit et libres comme le vent sur sa peau dans son cou

- Ma main dans ses cheveux ses doigts sur mes joues
-
Il est ma Muse, il incarne

La musique la beauté l'idéal la bonté la grâce

Mais il est humain

Humain terriblement humain

Ses pieds ne volent pas au-dessus de mes soucis

Légers, ailés, délicats

Ses sourcils ne sont pas deux hirondelles qui se posent au creux de mon oreille pour y chuchoter des mélopées chaloupées, pour me dire que son cœur de Muse, car les Muses ont droit à un cœur sensible, bruisse sous les assauts d'émotions profondes, qui le dépassent.

Ses doux doigts marquent la mesure des cieux

Il est l'air, pas de doute, quand je suis l'eau

Tout son être plane au milieu des moineaux et oiseaux de peu de choses

Il effleure les vagues rageuses échappant aux assauts des gouttes du sel

De ses grandes ailes 

Et ses cils refermeront le monde quand il ne sera plus là

Comme une boîte à musique dont il est la danseuse et le remonteur

Dieu démiurge et humain impuissant

Il est tout ça, ma Muse, mais

Il est loin,

Là où mon cœur mon esprit ne peuvent l'accompagner

Et pourtant

Je rêve du jour où de sa poitrine la moindre expiration me sera dédiée

Dans ses sursauts d'humanité je veux que son épiderme frémisse sans le mien

Depuis mon refuge aérien

Je le vois errer joyeusement dans un monde qui est sien où il n'est rien

Mes doigts effleurent l'air pour oublier que plus jamais sa joue contre la mienne

Et pourtant

Je veux qu'il soit mien et toujours plus libre

Je veux qu'il soit poète, Muse et amant,

Je le fais vivre, exister, et je veux qu'il soit près de moi.