Prologue

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J'entrai dans la salle commune, les mains enfoncées dans les poches de mon sweat. Comme d'habitude, le foyer bourdonnait d'éclats de rire, de chamailleries et du bruit sourd des télévisions. Ce chaos me semblait presque familier, rassurant. Parfois, j'avais besoin de ce bruit pour me sentir... normal.

Mais ce jour-là, tout semblait un peu différent.

Mon regard s'arrêta sur une fille assise près de la fenêtre. Elle avait quelque chose d'étrange, un truc qui la rendait différente des autres. Peut-être que c'était la manière dont elle fixait l'extérieur sans vraiment regarder, comme si elle cherchait une échappatoire invisible.

Je m'approchai, sans vraiment savoir pourquoi, et je m'assis dans le fauteuil à côté d'elle.

"Toska, c'est ça ?" lançai-je, espérant un signe de réaction.

Elle leva la tête, un peu surprise, mais resta silencieuse, ses yeux me scrutant avec une intensité que je n'attendais pas. Je sentis une drôle de tension.

"Moi, c'est Sorrel," continuai-je, essayant de dissimuler un brin de nervosité derrière un sourire détendu. "T'es nouvelle ici ?"

Elle hocha la tête sans rien dire d'abord, puis murmura enfin, sa voix à peine audible.

"Ça se voit tant que ça ?"

Je haussai les épaules avec un sourire en coin. "J'ai un radar pour les nouveaux. T'as l'air un peu... différente."

Je ris doucement, espérant briser la glace. Un sourire mince apparut sur ses lèvres, presque invisible, puis elle détourna le regard. Il y avait chez elle une sorte d'intensité, un truc rare ici.

"T'es là depuis combien de temps, toi ?" demanda-t-elle finalement, ses yeux de nouveau fixés sur moi.

"Un moment... assez pour m'habituer à tout ce cirque." J'haussai les épaules, jouant la carte de la nonchalance.

On échangea un regard, un de ces silences où on a l'impression de se comprendre sans parler, comme deux inconnus cherchant quelque chose en commun dans cet endroit qui leur était étranger.

"Alors, Toska," dis-je avec un sourire. "On est coincés ici ensemble, autant apprendre à se connaître, non ?"

Elle me fixa un instant, un sourire discret au coin des lèvres. Et là, je sentis que quelque chose venait de commencer.

TOSKAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant