Je me suis réveillé en sursaut, trempé de sueur, le cœur battant encore sous l'effet du cauchemar. Une sensation oppressante me collait à la peau, comme une ombre que je n'arrivais pas à chasser. J'ai jeté un coup d'œil autour de moi. Dans le dortoir sombre, tout le monde semblait dormir, perdu dans ses propres rêves ou cauchemars. Impossible pour moi de me rendormir, alors j'ai enfilé mon sweat et me suis levé doucement, cherchant un peu d'air frais pour échapper à cette sensation d'étouffement.
Dans le couloir silencieux, je me suis dirigé vers la porte qui donnait sur la cour extérieure. Dès que je l'ai poussée, le vent froid m'a frappé en plein visage, mais c'était ce qu'il me fallait. Le ciel était noir, et le calme de la nuit me paraissait presque irréel. J'ai pris une profonde inspiration, essayant de chasser les restes du cauchemar.
Et c'est là que je l'ai vue.
Elle était dehors, immobile, debout près de la rambarde, une silhouette fine et silencieuse dans la nuit. Ses longs cheveux noirs tombaient en cascade sur ses épaules, comme s'ils absorbaient l'obscurité autour d'elle. Mais ce qui m'a vraiment frappé, ce furent ses yeux : d'un bleu glacé, presque irréel, fixant l'horizon avec une intensité qui semblait transpercer l'obscurité.
Je suis resté planté là, hésitant, mais quelque chose en elle m'intriguait, m'attirait, comme un mystère que je devais percer. Finalement, je me suis avancé dans le froid et me suis arrêté à quelques pas d'elle.
"Toska, c'est ça ?" dis-je, essayant de briser la glace.
Elle tourna lentement la tête vers moi, et ses yeux bleus croisèrent les miens. Je vis un éclair de surprise, mais elle ne laissa rien paraître. Elle me dévisagea en silence, ses lèvres esquissant à peine un sourire.
"Tu dors jamais, toi ?" lança-t-elle d'une voix rauque, comme si elle n'avait pas parlé depuis des heures.
"Pas vraiment." Je haussai les épaules, essayant de rester détendu. "Et toi ?"
Elle haussa un sourcil, un sourire amer étirant à peine ses lèvres. "Disons que le sommeil et moi, on n'est pas en bons termes."
Je ris doucement. "Ouais, moi non plus. Cauchemar ?"
Elle acquiesça d'un bref signe de tête, son regard bleu se perdant de nouveau dans l'obscurité. "Les nuits sont longues ici, pas vrai ?"
"Ça, c'est clair." Je pris une profonde inspiration, puis lançai en plaisantant : "On devrait créer un club des insomniaques."
Elle sourit légèrement, ses yeux glacés brillant d'une lueur amusée. "T'es drôle, toi. Sorrel, c'est ça ?"
"Exact. T'es douée avec les prénoms, toi." Je croisai son regard, mes yeux marron clair captant les siens un instant. "Ça fait combien de temps que t'es ici ?"
Elle haussa les épaules, l'air de réfléchir. "Pas très longtemps. On m'a balancée ici en plein milieu de la nuit, comme si ça changeait quoi que ce soit." Elle soupira, puis ajouta : "Et toi ? Ça fait longtemps ?"
"Ça commence à faire." J'eus un sourire un peu résigné. "Assez pour m'habituer au bruit, aux cauchemars... et aux rencontres étranges à trois heures du matin."
Elle éclata d'un rire léger, presque surpris, comme si elle ne riait pas souvent. "J'espère que je suis une rencontre étrange sympa, au moins."
"Ça, tu l'es," répondis-je avec un sourire sincère. "T'es pas comme les autres ici, Toska."
Elle se tourna vers moi, les yeux brillants, son regard glacé plongé dans le mien. "Toi non plus, Sorrel."
Un silence complice s'installa entre nous, un silence où tout semblait possible. Dans la nuit froide, sous le ciel obscur, je sentis que cette rencontre n'était pas un hasard.
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TOSKA
Lãng mạnDu début jusqu'à la fin, C'était elle. Mon ombre. Sorrel n'a jamais eu la vie dont il rêvé. Place en foyer à un jeune âge, un nouveau départ s'offre à lui. Jusqu'à ce qu'il commette l'erreur d'aimer une fille, qui ne l'aime pas. Il voit alors son cœ...