Zoey

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💕 Tropes : friends to lovers ; only one bed

💘Orientation : hétéro

Contient des scènes de sexe explicite.

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Je porte Zoey jusqu'à mon lit en essayant de faire le moins de bruit et de geste possible pour ne pas la réveiller. Au moment où je la dépose sur le matelas, elle noue ses bras autour de mon cou.

– Reste avec moi, souffle-t-elle.

Avant que j'aie le temps de répondre, alors que je ne sais pas moi-même si je refuse ou si j'accepte, elle relâche son étreinte et se roule en boule. Je me redresse et reste debout près du lit. Mes muscles refusent de bouger pendant que mon cerveau essaie de traiter l'information. C'est la millième fois que Zoey dort chez moi, tout comme j'ai passé d'innombrables nuits sur son canapé. Parce qu'il est trop tard pour attraper le dernier métro, parce qu'on a trop bu, parce qu'on a la flemme de renfiler chaussures et manteau. Il y a bien trois ou quatre fois où l'on s'est endormi ensemble par mégarde devant un film. Mais jamais, jamais, volontairement. Je parviens enfin à reculer de quelques pas. Pourquoi suis-je à ce point troublé par sa demande ? Ce n'est rien, partager un lit. Elle et moi, on se connaît trop bien et depuis trop longtemps pour que cela soit ambigu. Je pense au clic-clac inconfortable qui m'attend dans le salon, et aussi que ça fait longtemps que je n'ai pas dormi avec quelqu'un, que je n'ai pas senti le poids d'un autre corps contre le mien. Juste une nuit. Une seule nuit, d'accord ?

Je retire mon jean, mais garde mon t-shirt, et m'allonge à ses côtés. En remontant le drap sur elle, j'effleure son bras par mégarde. Mes doigts s'attardent quelques secondes sur sa peau et mon rythme cardiaque déraille. C'est ridicule. En dix ans, j'ai déjà eu l'occasion de l'enlacer, de la chatouiller, de l'attraper par la main, de la soulever dans mes bras. Mais ce contact furtif et imprévu est plus violent qu'un choc électrique. Sans réfléchir, je me colle à elle. Son corps souple et chaud se blottit contre le mien. J'appuie mon torse sur son dos de sorte que je sens sa respiration jusque dans mon thorax. J'avais oublié cette sensation, ça m'avait manqué... J'enfouis mon visage dans son cou. Zoey remue pour se caler plus confortablement dans mes bras et lâche un soupir.

***

Il n'y a pas eu une seule nuit. La fois suivante, j'ai fait demi-tour en haut des marches du métro et je suis revenu sur mes pas pour frapper à sa porte. Elle m'a ouvert en pyjama, sourire aux lèvres.

– Tu as oublié quelque chose ?

– Oui, on peut dire ça.

Elle m'a fait entrer sans rien ajouter. J'ai laissé tomber mon sac et ma veste, retiré mes chaussures. On a échangé un regard, puis je l'ai suivie jusqu'à sa chambre et on s'est endormi dans les bras l'un de l'autre. Est-ce qu'à partir de deux nuits, on peut déjà parler d'habitude ? La fois d'après, c'est elle qui m'a rejoint sur le canapé alors que je lui avais laissé mon lit. À croire qu'elle ne peut plus dormir seule, et moi non plus. Au bout de la troisième nuit, j'ai arrêté de compter. Chaque soirée passée ensemble se termine de la même façon.

À force de serrer son corps contre le mien dans l'obscurité, j'ai fini par en connaître chaque relief. La cambrure de son dos et l'arrondi de ses fesses, la ligne de ses épaules, le creux de son cou, la forme bombée de ses seins... Et ce corps, jamais réellement regardé ni imaginé, toujours camouflé sous des vêtements, est devenu intensément désirable. Désormais, quand mon regard se pose sur elle, mon cœur cogne avec force dans ma poitrine, fissurant notre amitié. Et je ne fais rien pour combler les brèches qui s'agrandissent nuit après nuit.

L'horizon des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant