C'était courant janvier, le médecin venait de lui diagnostiqué une maladie qui pour lui était incurable, sans nom et sans famille, il en avait fait son prénom. On le nommait alors, solitude. Il airait sans but dans la rue, marchant toujours sur le trottoir de droite. Comme d'habitude, la rue commerçante était bondée de monde. Hommes, femmes et enfants vagabondant d'un magasin à l'autre, les vieillards assis au bar du coin, les adolescents braillant avec leur musique et leur ballon. Et lui, au milieu de tout ce bon monde paraissait invisible, pas un sourire, pas un regard, pas la moindre esquisse dans ça direction. Il sembla seul au monde. Une fillette d'à peine une dizaine d'années, la tête baissée et les mains pleines de livres, le percuta. Elle trébucha et fit tomber ses biens. La solitude, lui, n'y prêta pas la moindre attention, mais alors même qu'il reprit sa route, les mots de son médecin, madame Soci Able, lui revint en mémoire.
« Savez-vous, M., la solitude n'est pas une maladie incurable comme vous paraissez le croire. Je pense, que vous devriez essayer de faire un pas vers les gens qui vous entour, comme vous l'avez fait en entreprenant des démarches pour venir me voir. »
Il souffla, s'arrêta, sua et se retourna. Alors qu'il se résigna à suivre les conseils de cette femme, la fillette plongea son regard dans le sien et il se ravisa, pris de doute, s'en sentant incapable. Malgré tout, une réalité le frappa. Les passants semblaient, eux aussi, l'ignorer. Alors, il prit son courage à demain et lui demanda : « Eh petite, tu... Tu as besoin d'aide ? »
Ceci marqua le premier pas qu'il fit vers les autres. Les jours, les semaines et les mois suivants, il s'était efforcé d'aider quiconque en avait besoin, d'autres âmes seules et perdu comme lui l'était. D'abord la petite fille, ensuite un vieil homme et ses sacs de courses, puis une femme enceinte ayant du mal à traverser la route avec sa poussette et son enfant en bas âge. Au fur et à mesure du temps, sa posture changea, il n'était plus vautré, il se tenait droit, il n'avait plus sa capuche, mais un beau chapeau, il n'avait plus son duvet, mais une belle peau rasée. En voyant son changement, son médecin décida d'arrêter les séances, estimant qu'il n'en avait plus besoin. Il contesta, prétextant que sans cela, il se retrouverait à nouveau seul, ignoré de tous.
« Si cela vous tient tant à cœur de revenir me voir, pourquoi ne pas changer d'endroit pour nous entretenir peu être ? »
Avec un grand sourire, il sortait du cabinet non pas avec une ordonnance, mais avec un rendez-vous galant. Son premier rendez-vous, et c'était ce soir ! Pressé, il marcha à grands pas en direction du centre commercial, avec pour objectif, être présentable. La tête ailleurs, il percuta un homme et chuta. L'autre partit sans rien dire pendant que lui était au sol, cependant, une petite main apparut dans son champ de vision. C'était violette, la première personne vers qui il avait osé faire un pas. Il accepta sa main et se releva. Après l'avoir salué, il passa enfin les portes du magasin. Durant plus d'une dizaine de minutes, il vagabonda dans les rayons sans savoir que choisir.
« Ce n'est pas toujours facile de trouver ce qui plaira à sa promise, croyez en mon expérience ! Un peu d'aide jeune homme ? »
Il reconnut alors le vieil homme qu'il avait aidé quelques semaines plus tôt. Avec plaisir, il accepta son aide et il passa une bonne trentaine de minute à faire des essayages en tout genre, tout ça, sous l'œil aiguisé du vieillard, monsieur Kroutch. Il finit par dire au revoir et sortit de la boutique ses articles payés en main. Vêtement dans une main, boite à chaussure dans l'autre. Une fois rentré chez lui, il commença ce préparé, il prit une douche, coiffa ses cheveux, mit du parfum, puis il s'habilla. Seulement, lorsqu'il regarda sa montre, il ne lui resta que dix petites minutes avant l'heure du rendez-vous. Ne voulant pas être en retard, il prit sa cravate et se hâta de sortir. Il arriva devant le restaurant au bout de cinq minutes, tellement il avait marché vite, cependant, il continuait toujours avec cette satanée cravate qu'il lui était impossible de nouer. Après de nombreux essais infructueux, il entendit un rire et tourna la tête.
« Oh, désolé ! Loin de moi l'idée de me moquer, simplement... C'est votre premier rendez-vous ? Vous n'avez pas l'air habitué à nouer ses insupportables bouts de tissu ! Mais si vous le souhaitez, je peux vous aidez ? »
C'était la femme enceinte de l'autre jour, elle avait rendez-vous pour une soirée entre copines. Elle tordit le tissu dans tous les sens et il finit par ressembler à quelque chose. Madame Jenna lui fit un signe de la main avant de rejoindre ses copines, puis ce fut au tour d'Able d'arriver devant l'enseigne.
« Je suis un peu en retard, je m'en excuse, j'avais perdu mes boucles d'oreille dans le lavabo, vous y croyait ! »
Il rigola, elle semblait un peu maladroite, mais il trouva cela mignon.
« Que diriez-vous d'entrer maintenant que vous êtes là ? »
Elle acquiesça et prit le bras de l'homme que l'on appelait Solitude. Finalement, il se dit que cette maladie ne restait en rien incurable, elle restait un choix, et que pour en sortir, il suffisait de faire un pas vers les autres et de suivre son cœur.
Et vous ? Tout comme Solitude, sauriez-vous faire ce pas ?
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Un pas, un choix [NOUVELLES]
Short StoryJ'ai écris cette nouvelle pour le concours du pass culture sur le thème "un pas vers l'autre". Ce concours étant maintenant terminé, je me permet de partager mon récit.