Jeux de pouvoir- tome 1

𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟱𝟱.

Dès que nous franchissons les portes de la boutique, une vague de luxe me submerge. Tout ici semble conçu pour impressionner : le marbre poli sous mes pieds, les lustres de cristal suspendus au plafond, et cette lumière douce qui baigne chaque recoin, donnant une aura presque irréelle à l'endroit.

Emir ralentit, comme pour me laisser m'imprégner de l'atmosphère. Je fais un pas en avant, mes yeux s'attardant sur les détails. Les portants dorés scintillent sous les reflets, chaque vêtement soigneusement suspendu comme une œuvre d'art. Des employés en costume noir impeccable se déplacent avec une élégance calculée, conseillant des clients d'une voix feutrée.

Je respire profondément, et une senteur enivrante me parvient : un subtil mélange de cuir neuf, de bois précieux et une note florale discrète.

— Alors ? murmure Emir à côté de moi, un sourire satisfait aux lèvres. Impressionnant, non ?

Je lui réponds par un regard qui en dit long.

— Impressionnant... c'est un euphémisme, dis-je en ne savant plus où donner de la tête

Il sourit, les mains dans les poches, clairement ravi de mon émerveillement.

Un serveur s'approche avec la même précision élégante que tout ici. Il incline légèrement la tête en nous adressant un sourire professionnel.

— Puis-je vous aider, Mademoiselle, Monsieur ?

Emir prend la parole avec une assurance déconcertante.

— Nous cherchons quelque chose de spécial, quelque chose qui capte les regards et impose le respect.

Je lève un sourcil, amusée, mais je n'interviens pas.

— Je vois, répond le serveur en hochant la tête. Veuillez me suivre.

Nous nous dirigeons vers une section plus reculée, où les couleurs deviennent plus vibrantes : des rouges intenses, des dorés éclatants, des noirs profonds ornés de détails subtils. Les créations ici semblent presque irréelles, des pièces qui paraissent tout droit sorties d'un rêve.

Le serveur s'arrête devant un portant et en extrait une robe d'un rouge profond, vibrant, presque hypnotique. C'est une pièce entièrement rouge sang, sans aucune autre couleur pour en atténuer l'éclat. Elle capte la lumière avec une intensité presque surnaturelle, comme si elle pulsait d'une vie propre.

Le tissu semble glisser entre ses doigts, fluide et pourtant structuré, avec une élégance qui impose le respect. Pas de broderies, pas de paillettes, juste ce rouge pur, intense, comme une déclaration silencieuse mais impossible à ignorer.

Je fixe la robe, un sourire discret flottant sur mes lèvres. Elle est impressionnante, magnifique même, mais elle ne m'intimide pas. Pas vraiment. Cependant, la petite fille en moi, celle qui n'avait jamais rêvé d'un tel luxe, reste émerveillée devant une telle création.

Je tends la main pour effleurer le tissu, qui est aussi doux que de l'eau glissant entre les doigts.

— Essaye-la, murmure Emir, brisant le silence.

Je tourne la tête vers lui. Son regard est sérieux, mais son sourire trahit une certaine impatience.

— Vraiment ? Elle doit coûter plus cher que moi, demandé-je, une pointe d'ironie dans la voix.

— Oui. Essaye la, répond-il sans hésiter. Cette robe a été créée pour toi.

Ses mots résonnent en moi plus que je ne voudrais l'admettre. Sans un mot de plus, je prends la robe des mains du serveur.

— Très bien. Montrez-moi où je peux l'essayer, dis-je avec mon assurance habituelle

Le serveur m'indique une cabine d'essayage tapissée de velours sombre et éclairée par des lumières chaudes. J'entre, fermant le rideau derrière moi, et passe mes doigts sur la robe une dernière fois avant de l'enfiler.

Le tissu épouse mes courbes avec une précision presque troublante, me donnant l'impression que cette robe a été cousue directement sur moi. Je me tourne vers le miroir. La femme qui me regarde n'a rien à voir avec celle que j'ai toujours connue. Elle est audacieuse, élégante, et étrangement puissante.

Quand je sors de la cabine, Emir m'attend, adossé au mur, les bras croisés. À la vue de la robe, il se redresse, et son sourire se transforme en un mélange de fierté et de ravissement.

— Alors ? demandé-je, la posture droite, le regard perçant

Il m'observe un instant, ses yeux détaillant la tenue comme s'il voulait graver cette image dans sa mémoire.

— Parfait, dit-il simplement, mais avec un éclat dans la voix. Absolument parfait.

Je hoche la tête, un léger sourire sur les lèvres, avant de retourner dans la cabine pour me changer. La robe rouge sang glisse de mes épaules, et je la dépose délicatement sur le portant. Il y a quelque chose de presque solennel dans l'acte de la retirer, comme si j'enlevais non seulement le vêtement, mais aussi une partie de cette nouvelle version de moi que j'ai créée en la portant.

Je remets mes vêtements, puis prends la robe rouge avec soin, la tenant contre moi comme un trésor précieux. Je respire profondément avant de sortir de la cabine. Emir m'attend toujours, son regard fixant l'entrée de la boutique, un sourire en coin.

— On y va ? demandai-je, en levant la main pour lui montrer la robe.

Il tourne son regard vers moi, et son sourire s'élargit instantanément.

— Parfait. Allons régler ça.

Nous nous dirigeons vers la caisse, mais au moment où nous passons près d'une autre section, quelque chose attire son regard. Il s'arrête net, son regard capté par une robe accrochant la lumière de manière hypnotique.

Je m'approche, curieuse, tandis qu'Emir s'approche de la dame qui s'occupe de la boutique.

— C'est la nouvelle collection ? demande-t-il, son ton enthousiaste contrastant avec la froideur des vêtements autour.

La dame hoche la tête, un sourire poli aux lèvres.

— Oui, c'est tout nouveau. C'est l'une de nos dernières pièces. Elle vient tout juste d'arriver.

Emir scrute la robe un instant, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. La robe est d'un vert émeraude profond, presque envoûtant, avec des manches fluides, translucides, qui tombent en vagues délicates. Le tissu semble léger comme de la brume, tout en étant parfaitement sculpté pour épouser les formes d'une silhouette.

Ses yeux se posent sur les manches qui bougent doucement, comme une brise légère. Un instant, il semble perdu dans ses pensées, puis il se tourne vers la dame.

— Je vais prendre celle-ci aussi, dit-il d'un ton décidé.

La dame, surprise mais professionnelle, hoche la tête, tandis qu'Emir s'approche de la robe. Il prend un moment pour la contempler, puis il se tourne vers moi.

— Je crois que ce vert mettra encore plus en valeur tes yeux, Milédi. Ils brillent déjà, mais cette robe... elle fera ressortir encore plus cette lueur.

Je regarde la robe avec un mélange de curiosité et de surprise. Elle est magnifique, mais je n'ai pas l'habitude qu'on m'offre tant de choses, encore moins des robes aussi spectaculaires.

— Emir, tu es sûr ? dis-je en le scrutant, une touche de doute dans la voix.

Il me sourit de son air le plus assuré, sans une once d'hésitation.

— Absolument. Je sais ce qui te va, et cette robe, elle est faite pour toi. Maintenant, allons la chercher et passons à la caisse. On ne peut pas faire attendre le luxe plus longtemps.

Je ris doucement, un peu gênée, mais également touchée par sa confiance en moi. On se dirige vers le comptoir, où la robe verte rejoint la rouge sang.