Les Dernier Gardien du Temps

L'Ombre et la Chasse

La pluie frappe violemment les pavés humides, éclaboussant les murs anciens d'un quartier oublié d'Astrelar. Sous la lumière vacillante des lanternes à huile, je file à travers les ruelles, bondissant avec l'agilité d'un chat traqué. La respiration haletante, le cœur battant comme un tambour de guerre, je jette des regards frénétiques par-dessus mon épaule. Une lueur bleue scintille derrière moi, accompagnée d'un pop discret, presque

inaudible. Ma poursuivante vient de réapparaître.

D'un geste rapide et fluide, je crée un portail, une faible lumière orange dorée apparaît sous mes pieds, déchirant l'espace dans un silence inquiétant. Je plonge tête la première dans le cercle de lumière et disparais dans un éclat aveuglant. Une seconde plus tard, je suis expulsé d'un autre portail, quelques rues plus loin. J'atterris durement, roulant sur le sol avant de me relever d'un bond, ma main effleurant la dague attachée à ma ceinture.

Un rugissement résonne derrière moi. Un second pop se fait entendre , laissant apparaître une silhouette massive enveloppée dans une armure sombre ornée de gravures luminescentes. Un Gardien. Ses pas résonnent lourdement, implacables, et ses yeux brûlent d'une lumière perçante. Chaque mouvement dégage une

puissance froide et maîtrisée, comme une machine de guerre perfectionnée.

— Tu ne peux pas fuir éternellement, gronde-t-elle, sa voix métallique et rauque me glaçant le sang.

Je ne réponds pas. Mes bottes claquent sur les pierres détrempées alors que je reprends ma course effrénée. Je tourne brusquement au coin d'une rue, la brume épaisse et la pluie rendant la visibilité presque nulle. Mais je n'ai pas besoin de voir. Les gravures scintillantes sur mes gants murmurent, traçant un chemin à travers ce dédale labyrinthique.

Un craquement sourd retentit derrière moi, suivi d'une explosion de lumière. Je me retourne brièvement. Le gardien a brisé un mur pour me rattraper.

— Arrête-toi ! tonne-t-elle, sa voix amplifiée par une magie ancienne.

Mais je ne m'arrête pas. Mes doigts glissent une nouvelle fois dans l'air , et un autre portail s'ouvre devant moi. Cette fois, je m'arrête un instant. Je sors une petite sphère de ma ceinture et la lance dans le cercle lumineux. Lorsqu'elle explose, une volée d'étincelles aveuglantes remplit l'espace. Derrière moi, le Gardien, surgissant du précédent portail, lève un bras massif pour se protéger.

Sans attendre, je plonge dans l'éclat doré et disparais à nouveau.

***

L'air change brusquement. Je chute sur un terrain meuble, mes bottes s'enfoncent légèrement dans le sol. En relevant la tête, je découvre une vaste plaine déserte éclairée par une lune voilée. Le silence m'enveloppe, brisé uniquement par le sifflement du vent dans les hautes herbes. Pas de lanternes, pas de bruits de la ville. Pourtant,

je sais que ce n'est qu'une question de temps avant que ma traqueuse ne me retrouve.

— Tu fais beaucoup de bruit, Tavares Kayden.

La voix me fait sursauter. Je me retourne brusquement, la dague dégainée. Une ombre se détacha des herbes, élancée et étrange, une présence aussi naturelle que menaçante. La silhouette s'avança à la lueur blafarde, révélant un jeune elfe, Zélfire Khan. Ses yeux verts, percés d'un éclat doré, me scrutent avec intensité.

— tu as attiré un Gardien ici. Mauvaise idée, murmure-t-il.

— Je n'ai pas demandé cette poursuite, rétorqué-je, ma dague fermement serrée dans ma main.

Il arque un sourcil avant de hausser légèrement les épaules.

— Tu as utilisé les portails. Ceux qui en abusent attirent leur colère.