Perdue

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C'était il y a maintenant trois ans.
Trois longues années durant lesquelles beaucoup d'événements se sont passés.
Je m'appelle Anna mais tout le monde m'appelle An'. Je déteste ce prénom, j'aurais préféré quelque chose de plus cool. Toutes les filles cool ont des prénoms comme Vanessa ou Jessica mais moi je m'appelle Anna et je ne suis pas cool.
Tout a commencé le premier jour de ma rentrée à la fac de droit de San Francisco.
Nerveuse, timide, paniquée, je rentre dans l'amphithéâtre (appellé "Amphi" par les filles cool). Je trouve rapidement une place -au premier rang bien entendu- devant une foule de petits nouveaux à l'air hagard. Un homme surplombait le petit comité de son mètre 90 et paraissait aussi sérieux que son trois pièces gris clair. A ce moment là, je me suis surprise à le prendre en pitié vis-à-vis de tous les nouveaux étudiants qu'il allait de nouveau devoir recadrer parce qu'ici "ce n'est plus la même rigolade qu'au lycée".
Entre deux nouveaux arrivants, je me retournais donc afin de voir avec quelles personnes je devrai affronter cette année qui, déjà, s'annonçait atroce.
Dans ces moments de distraction, une seule question me tiraillait, quelle personne allait s'asseoir à côté de moi ? Un garçon, une fille ? J'espérais être seule. La solitude est mon alliée, ça l'a toujours été et rien que la perspective de vivre en communauté me terrifiait. Jusqu'ici je m'en étais plutôt bien sortie, les gens n'aiment pas les intellos comme ils disent. Ils se sentent jugés voire inférieurs. Ils sont incapables d'aimer une personne qu'ils ne comprennent pas ou qui n'est pas comme eux. Mais ça m'allait mieux comme ça. J'ai toujours préféré la compagnie des bouquins plutôt que celle des humains.
Néanmoins, pendant que mes yeux scrutaient l'assemblée à la manière d'un radar automatique, un garçon a plus particulièrement attiré mon attention. Deja par son accoutrement ridicule qui se composait d'un jean délavé du temps de mes grands parents et d'une chemise écossaise rouge criarde. Devant son ordinateur portable, lunettes de soleil sur le nez, il avait ce côté plutôt énigmatique que l'on retrouve fréquemment chez les bad boys. Pas du tout mon genre donc mais plus je le regardais, plus je le trouvais à mon goût comme si j'étais irrémédiablement attirée par lui. Il me paraissait si inaccessible, si irréel, si ... beau.
Le temps c'était arrêté et personne ne vint s'asseoir à côté de moi. Soulagée.
Aucun regard de sa part. Déçue.
Décidément, cette année allait être très longue ...

Destins croisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant