•La nuit était tombée depuis longtemps et plus le temps passait, plus je me sentais découragée. La maison était si silencieuse que j'en avais des frissons. Le crépitement des flammes dans la cheminée était le seul bruit qui rompait ce silence et je me retrouvait hypnotisée par les flammes.
Je m'étais installée sur le canapé, attendant patiemment que Lino rentre à la maison. Toutefois, je perdais de ma motivation peu à peu.
Il était temps pour moi de retourner chez Gemma et il fallait que je le lui annonce. Le fait que je reste ici ne devait être que temporaire et je m'étais déjà bien trop imposée.Alors que je perdais mes pensées dans les reflets des flammes, un bruit léger attirait mon attention. Je tournai la tête et voyais Angelo dans l'encadrement de la porte. Je le voyais hésiter à se manifester, son regard brillant légèrement dans l'obscurité.
-Serafina, murmurait-il, d'une voix douce.
C'était la première fois que je l'entendais parler ainsi. Ça tranchait avec son attitude habituelle.
Je me redressai légèrement, intriguée.-Angelo ? Tu ne dors pas ?
Il haussait légèrement les épaules, comme s'il cherchait ses mots avant de faire quelques pas dans ma direction. Finalement, il s'asseyait à son tour sur le canapé. Je l'observai faire silencieusement.
Je remarquai que l'endroit où il s'était assis était bien pensé : pas trop proche car il souhaitait sûrement parler de quelque chose d'important et pas trop loin car il ne me considérait plus comme une personne extérieure chez qui il demanderait conseil.-Non, soupirait-il après un moment de silence.
Je le voyais s'apprêter à continuer mais il s'arrêtait. Il n'allait pas me dire immédiatement ce qu'il souhaitait.
Il me regardait quelques secondes avant de froncer les sourcils.-Qu'est-ce qu'il se passe ? demandait-il.
Je ne répondais pas, ne sachant pas de quoi il parlait.
-Tu es aussi droite qu'un piquet et tu es toute blanche.
-Ne dis pas n'importe quoi, soufflai-je.
Cependant, en essayant de lui prouver le contraire en détendant mes épaules, je me remarquais qu'il avait raison.
-Je suis sérieux.
Il était très observateur. Trop.
-Je sais. Ce n'est pas pour autant que-
-Tu vas partir ?
Il me coupait immédiatement dans mon élan.
-Je dois retourner chez Gemma.
-Tu « dois » ?
Je soupirais, cherchant les bons mots.
-Je n'étais pas sensée rester aussi longtemps, Angelo. Et puis, ce n'est plus ma maison.
Le garçon fronçait les sourcils et je voyais ses yeux s'assombrir.
-Pourquoi tu dis ça ?
Je savais qu'il fallait que je choisisse mes mots avec précaution. Angelo s'était déjà fait une idée de ce que je voulais dire et si j'avais le malheur de dire un mot de travers, ça allait mal finir.
-J'ai quitté cette maison de moi même, Angelo... Lino a fait sa vie ici. Toi aussi. Ce n'est plus ma maison... C'est la vôtre.
Il claquait sa langue sur son palais et je déglutissais difficilement.
En face de moi, j'avais l'impression d'avoir un mini-Lino. C'est comme si c'étaient les mêmes personnes tant leurs expressions du visages et leurs réactions se ressemblaient. Finalement, j'étais autant stressée d'avoir cette discussion avec Angelo qu'avec Lino.

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THE WOLF ON THE LOOSE || TERMINÉE ||
RomanceS'il y avait bien une chose dont Serafina avait une foi inébranlable, c'était son instinct. Elle pensait toujours qu'elle avait un sixième sens. Toutefois, en se levant ce matin, elle n'avait pas ressenti cette boule au ventre qui, en général, lui...