PROLOGUE

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Alice

TW: Violence familiale, Ivresse, Enterrement.
🎧: Old Yazoo - Boswell Sisters
(Bad Parenting Best Part)


Je déteste ces week-ends chez mon père. Mais maman m'a dit que ça faisait partie de l'accord, que je devais y aller, même si je n'en avais aucune envie. Ce week-end, c'est encore pire parce que je dois y aller avec Evelyn, ma petite sœur de 5 ans, qui ne comprend pas vraiment pourquoi je suis nerveuse. Pour elle, tout est encore un jeu, elle s'amuse, elle parle sans cesse, avec ses yeux innocents, ignorant tout de ce qui se passe vraiment.

La voiture roule lentement sur l'asphalte. Je regarde les rues défiler, les souvenirs de mes premières années ici, avant le divorce, avant tout ça... Mais je sais que ça ne changera rien. Rien ne change jamais.

"Ça va aller, Alice, on va passer un bon week-end, d'accord ?" me dit maman, mais je sais qu'elle essaie juste de se convaincre elle-même. Elle n'a jamais aimé que je parte, et je la comprends.

Quand on arrive enfin devant la maison de papa, je vois Olivia, sa nouvelle femme, qui se tient sur le seuil. Son sourire est forcé, trop poli. Elle me déteste. Je n'ai jamais compris pourquoi elle a pris mon père, mais ça ne me regarde plus. Je n'ai pas envie de la regarder, alors je baisse les yeux, et je prends la main d'Evelyn pour la guider à l'intérieur.

À peine dans la maison, le ton monte. J'entends la voix de papa, et puis Olivia, qui répond avec un éclat de voix trop fort pour être ignoré. Ils commencent à se disputer, comme toujours. C'est devenu une habitude ici, une sorte de bruit de fond. Mais aujourd'hui, c'est différent. Aujourd'hui, ça ne s'arrête pas.

Les mots deviennent de plus en plus acerbes, de plus en plus violents. C'est comme si tout s'effondrait autour de moi. Je me sens prise au piège, sans pouvoir rien faire. Papa hurle quelque chose, mais je n'arrive pas à comprendre. Je sens qu'il est furieux, comme un enfant en colère qui ne peut plus se contrôler.

Puis, sans prévenir, il sort en claquant la porte. Et je sais déjà que ça ne va pas s'arrêter là. Olivia est seule, furieuse.

Je regarde Evelyn qui est juste là, à mes côtés, sans comprendre ce qui se passe. Elle se serre contre moi, tout innocente, toute fragile. Je la protège du regard, mais je sais que ce n'est pas suffisant.

Olivia s'assoit à la table, presque tremblante, et commence à boire, encore et encore. Le bruit du verre qui s'entrechoque sur la table me fait frissonner. Je sais où ça mène, mais je n'ai pas le choix. Il faut qu'on reste là. Il faut qu'on attende que ça passe.

Soudain, sans crier gare, elle se relève brusquement. Je n'ai même pas le temps de réagir. Elle me pousse violemment, me fait tomber à la renverse. J'ai à peine le temps de reprendre mes esprits que je vois Olivia se diriger vers Evelyn. Elle la prend par le cou, avec une force que je ne pensais pas capable d'avoir.

Evelyn hurle, et moi, je ne peux rien faire. Je suis paralysée. Ma tête me fait mal, mon cœur s'emballe. Je n'ai jamais vu Olivia comme ça. Ce n'est plus la belle-mère que je déteste, c'est une autre personne, une étrangère qui prend le contrôle de la pièce.

"Arrête !" J'ai crié sans réfléchir. Mais tout ce que j'ai réussi à faire, c'est la pousser encore plus loin. Le bruit du verre qui se brise sur le sol fait écho dans ma tête. Elle me regarde, ses yeux pleins de colère, me menaçant de ses poings. Mais c'est Evelyn qui me sauve. Elle hurle, et à cet instant précis, je réalise que je n'ai aucune idée de ce qu'il va se passer ensuite.

Je reste là, paralysée, les yeux rivés sur ma petite sœur, qui ne bouge plus. Les mains d'Olivia sont toujours autour de son cou, et je vois son visage devenir d'un bleu profond, comme si toute la vie s'échappait d'elle. Puis... plus rien. Aucun souffle. Le silence s'abat, lourd et glacial. Je n'arrive pas à comprendre ce qui vient de se passer. Le monde autour de moi s'effondre, et je me mets à trembler, incapable de contrôler mes larmes.

Je m'effondre, hurlant son nom, mais rien ne change. Evelyn n'est plus là. Elle ne reviendra plus. Le vide se creuse en moi, et j'ai l'impression que tout se déchire autour de mon cœur. Les larmes viennent, inarrêtables, bruyantes, et je suis perdue dans cette douleur insoutenable.

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Le froid me mord la peau, mais c'est la douleur qui me déchire. Les visages autour de moi sont flous, comme si le monde entier était devenu un écran embué. Je vois les gens qui pleurent, les murmures, les gestes de réconfort... Mais rien n'atteint vraiment. Je suis là, physiquement présente, mais mon esprit est loin, perdu dans cette mer de culpabilité.

Evelyn est là, allongée dans ce cercueil, immobile. Elle ressemble à une poupée, trop fragile, trop silencieuse. Et je... je suis responsable. Si seulement j'avais agi plus tôt, si seulement j'avais su... Mais c'est trop tard. C'est irréparable.

Je suis là, devant le cercueil d'Evelyn, mes jambes tremblantes, le cœur brisé en mille morceaux. Le froid de l'air extérieur me transperce, mais c'est la douleur, cette douleur écrasante, qui me gèle de l'intérieur. Chaque détail de cette scène me hante : la lueur morne des lumières, le murmure des voix autour de moi, les regards pleins de pitié que je ressens mais que je ne peux pas affronter.

Ils veulent que je m'approche. Ils veulent que je dise au revoir, que je lui fasse mes adieux. Mais je ne peux pas. C'est impossible. Je ne peux pas me résoudre à accepter qu'elle soit là, si froide, si... loin. Parce qu'en réalité, je ne sais pas comment le faire. Je ne sais même pas comment respirer.

Quand le moment arrive, que tout le monde se tourne vers moi, espérant peut-être un geste, une parole... Je les entends, ces voix insistantes, ces yeux pleins de larmes, mais je ne les vois pas. Mon corps est comme figé, un bloc de glace, et je refuse encore et encore. Je ne veux pas. Je ne veux pas qu'elle parte. Pas comme ça. Pas pour toujours.

"Non," je murmure, une nouvelle fois, les larmes me noyant, "Je ne peux pas."

Je sens l'étau de la réalité m'étouffer. La vérité me frappe à nouveau, comme un coup de poing dans le ventre, et je reste là, incapable de bouger, incapable de dire au revoir.

C'est la fin. Mais je ne veux pas que ça soit la fin.

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⏰ Dernière mise à jour : 6 days ago ⏰

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