SEAS HEART : Tome 1

CHAPITRE 6

POINT DE VU EZRA

Je me tiens pressé contre Estella, son corps parfaitement sculpté contre le mien, ses cheveux blonds, presque trop parfaits, tombent en cascades soyeuses sur ses épaules, et son sourire est un mélange de séduction et d'artifice. Mais derrière cette façade séduisante, je ne peux m'empêcher de ressentir un vide. Ses gémissements, censés être des soupirs de plaisir, sonnent faux, presque mécaniques, comme si elle avait appris à jouer ce rôle à la perfection.

Nous sommes dans une pièce faiblement éclairée, l'air est chargé de ce parfum sucré qui lui colle à la peau. Je l'embrasse, mais même le contact de ses lèvres, d'une douceur trop étudiée, ne parvient pas à me faire chavirer. Je sens mes pensées dériver, comme un navire perdu en mer, tandis que mes mains explorent son corps sans réel enthousiasme.

Je la soulève, la portant presque, et la pousse contre le mur de mon bureau. Le bruit sourd de son dos frappant la surface dure me fait frémir. Je me demande, un instant, si je devrais me sentir coupable de ne pas être en phase avec ce moment. Mais je n'éprouve rien de tout cela. Mes gestes sont brusques, et je me mets à penser à autre chose, à des souvenirs lointains, à des instants de vie qui me semblaient plus réels.

Estella ferme les yeux, se perdant dans ce qu'elle croit être une danse sensuelle. Je me concentre sur la sensation de sa peau lisse sous mes doigts, mais cela ne fait qu'accentuer mon désintérêt. Je l'entends gémir à nouveau, un son qui résonne comme une note désaccordée dans une symphonie que je ne veux pas écouter. Il n'y a rien d'authentique dans cette expérience.

Je me demande si elle se rend compte à quel point cela me laisse indifférent. Je m'enfonce en elle et le vide m'envahis. Les mouvements sont rapides, presque mécaniques, et je me concentre sur le rythme, sur ce qu'il reste de moi dans cet acte pour ne pas débander instantanément. Je peux sentir son corps se contracter autour de moi, et pour un instant, je me demande si elle ressent réellement quelque chose, ou si elle se contente de simuler afin de m'exciter.

Chaque coup de reins est accompagné d'un gémissement, et je commence à me demander si ce bruit, qui devrait être un signe de plaisir, n'est en réalité pas un cri de désespoir. Je perds tout sens de l'intimité, de la connexion. C'est un acte bestial, sans finesse, sans tendresse, et chaque instant qui passe me rappelle à quel point je suis déconnecté de tout cela.

La blonde ouvre ses grands yeux de biche, me regardant avec une intensité qui manque de sincérité. Elle semble vouloir plus, mais ce "plus" est un concept abstrait pour moi. Je ne veux pas être là. Je ne veux pas participer à cette danse insensée. Alors, je me concentre, je me force à vivre l'instant, à ressentir, mais rien ne vient. C'est comme essayer d'attraper de l'eau qui s'écoule entre mes doigts.

Le bruit de nos corps s'entrechoquant résonne dans la pièce, et je peux presque entendre un écho de ma propre désillusion. Je la sens se contracter, mais cela ne fait que renforcer mon sentiment d'aliénation. Je m'imprègne de cette image, de son corps parfait, mais vide de sens. C'est une illusion, un mirage, et je suis fatigué de courir après des chimères.

— Mr Anderson..

Les minutes passent, et je continue ce ballet sans passion. Estella semble s'approcher de l'orgasme, mais pour moi, c'est un simple acte physique. Je me demande si je devrais agir, si je devrais essayer de lui donner ce qu'elle veut, mais je n'ai pas la force de me mentir davantage.

Puis vient ce moment, ce pic d'intensité où elle atteint ce qu'elle considère comme le summum du plaisir. Son corps se contracte, se tend, et je la regarde, impassible. Les gémissements s'intensifient, mais je suis au-delà de tout cela. Je ne ressens rien, pas même une ombre de satisfaction. Tout ce que je peux faire, c'est la regarder, une marionnette dont les fils sont tirés par des mains invisibles.