𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐 - 𝐓𝐎𝐌𝐄 𝐈𝐈

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Aiden

6 mois plutôt, premier mois d'enfermement :

Je n'arrive même plus à compter le nombre de jours que j'ai passés ici. Peut-être un mois, ou deux. J'en sais rien. Les jours s'étirent tellement lentement que j'ai l'impression d'être enfermé depuis une éternité.

Allongé sur ma banquette, je fixe la minuscule fenêtre de ma cellule, à peine plus grande qu'un trou à rat, sécurisée par des barreaux épais. Comme si quelqu'un pouvait réellement s'échapper par là. La lumière du jour passe à travers, projetant une lueur blafarde sur les murs gris. J'observe les oiseaux qui volent librement dans l'air, me rappelant un peu plus ma position de prisonnier. Je déteste cette cellule, je déteste cette prison. Mais surtout, je me déteste moi-même d'être tombé aussi bas.

Je ferme les yeux un instant, inspirant profondément. L'odeur de renfermé me colle à la peau. J'ai appris à ne plus y faire attention. Comme j'ai appris à ignorer les cris la nuit, les menaces murmurées dans les couloirs, les regards qui pèsent sur moi dès que je mets un pied dehors. Je déteste cette sensation d'être oublié. Le monde continue de tourner, les affaires reprennent... et moi, je suis enfermé ici, mis sur pause comme si je n'avais jamais existé.

Mon père a repris mes affaires, il a repris mon rôle.

Ça devrait me surprendre, mais au fond, je l'ai toujours su. Il n'a jamais supporté que je réussisse mieux que lui, que je lui échappe. Alors, bien sûr, il a profité de ma chute pour récupérer ce qui lui appartenait autrefois. Tout ce que j'ai construit, tout ce que j'ai sacrifié... Il l'a repris sans hésitation. Ils ont sali mon nom, détruit ma réputation.

Je serre les poings, mes ongles s'enfonçant dans mes paumes. Une rage sourde me consume, me brûle de l'intérieur. Ils croient tous que je vais disparaître ici, que je vais pourrir entre ces murs sans faire de bruit. Coincé entre ces murs, condamné à regarder de loin alors qu'il s'approprie tout ce qui m'appartient.

J'ai toujours su qu'il n'attendait que ça. Ma chute.

Et Enora... Elle m'a trahie.

Un rire amer m'échappe. Ça aussi, j'aurais dû le voir venir.

Un bruit métallique me tire de mes pensées. Le loquet claque, suivi du son familier de pas résonnant dans le couloir. Je ne bouge pas, gardant les yeux fixés sur le plafond, impassible.

- Voici ton nouveau chez toi. Suarez, tu devais crever seul ici, mais apparemment les choses ont changé, lâche le garde.

Toujours allongé, les bras croisés derrière la tête, je jette un regard en direction de la porte. Un homme menotté entre dans la cellule, vêtu du même uniforme grisâtre que moi. Un oreiller et une serviette serrés contre lui, il avance sans un mot tandis que le garde lui retire les menottes. Je le scrute rapidement du regard. Un type d'une cinquantaine d'années, grand, musclé. Ses yeux balayent la cellule avant de se poser sur moi. Il ne dit rien. Moi non plus. Le garde referme la porte derrière lui dans un grincement. Un silence pesant s'installe. L'autre type balance son oreiller sur la banquette en face de la mienne et s'assoit sans un mot.

Je soupire en fermant les yeux un instant.

J'étais bien, seul. La solitude, ici, était un luxe. Un luxe qu'on venait visiblement de me retirer.

Je me redresse lentement, sentant chaque muscle de mon corps protester après les coups encaissés plus tôt. Une douleur sourde pulse dans mes côtes, mais je l'ignore. J'ai appris à vivre avec. À peine ai-je bougé que la voix du nouveau résonne dans la cellule.

- Alors, c'est toi dont tout le monde parle ?

Je tourne lentement la tête vers lui, le détaillant. Il me fixe avec un mélange de curiosité et de prudence, comme s'il jaugeait ma réaction.

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