Chapitre 19

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Chapitre 19

Lorsque Lucie se réveille le lendemain matin, Curtis est allongé sur le dos, les mains sous la tête et ses yeux miels grand ouverts fixent le plafond. Il n'a pas dormi. C'est impossible, il s'est repassé toute sa vie en boucle dans sa tête. Tout depuis sa plus tendre enfance, il a tout « réétudier » à la lumière des révélations d'Andrew.

- T'as pas dormi? Lui demande Lucie en lui caressant la joue

- Non. Je peux pas.

- T'as peur de faire des cauchemars?

- Oui. Non. J'sais pas en fait. J'avais juste besoin de réfléchir.

- D'accord. Je descend préparer le petit déj et on le prend tous les deux au lit?

- Si tu veux.

La jeune femme lui dépose un baiser sur la joue avant de descendre préparer le petit déjeuner. Il est absent. Son corps est là, mais pas son esprit. Et sa femme a toujours autant de mal à gérer ça. Parce que les crises en rapport avec le passé de Curtis, en général c'est plutôt violent, effrayant. Cette nuit elle s'attendait à ce qu'un cauchemar la réveille, à ce qu'il soit en sueur et effrayé à côté d'elle. Mais au final il a pas bougé d'un pouce, il a pas fermé l'oeil de la nuit. Et là, c'est comme si elle n'existait pas.

- Je sais bébé, moi aussi j'ai faim. Dit-elle tout en se caressant le ventre. Mais d'abord on prépare à manger, en plus papa est triste donc on va lui faire un repas de roi. C'est pas toujours facile avec ton papa, tu verras, mais il fait toujours de son mieux. Il a pas eu une enfance facile, il essaye de régler ses problèmes, y'aura toujours des restes, mais t'inquiète pas, Maman est là. Toi tu restes bien au chaud, tu grandis tranquillement. Puis s'il faut que je vous porte tous les deux sur mes épaules je le ferais, d'accord j'suis pas très grande, ni très forte, mais tous les trois on sera heureux. C'est promis little baby, arrête de me donner des coups de pieds maintenant.

Elle finit de disposer la nourriture sur le plateau. C'est rassurant pour la jeune femme de parler à son bébé. Même si ça peut paraitre idiot, c'est important pour elle d'expliquer à cet enfant que tout va bien, certes il comprend pas, mais c'est le rôle d'une mère de rassurer son bébé. Et pour Lucie ce rôle commence bien avant l'accouchement. Elle a une tendance naturelle à être une mère poule, protectrice, couvante. Cela tombe comme une évidence, ce bébé sera couvert d'amour maternel. Le passé de Curtis ne fait qu'amplifier le phénomène, de voir l'homme de sa vie souffrir autant parce qu'il a manqué d'amour et qu'il a grandi dans la haine, ça ne fait que renforcer l'importance que donne Lucie à son enfant. Parfois, elle se dit même qu'elle risque de trop l'aimer si c'est possible, mais elle a tellement peur qu'il manque de quelque chose, elle veut tout donner à ce bébé. Comme elle donnerait tout pour le papa.

Il faut être honnête sur une chose, avant de mettre les pieds sur cette île, Lucie n'aurait jamais pu imaginer posséder autant d'énergie, être aussi forte. Mais si l'amour peut être douloureux, s'il peut briser une âme. Il ne faut pas oublier que l'amour donne des ailes, l'amour donne de la force, et on peut faire par amour des choses dont on a même pas conscience d'être capable.

Lorsque la jeune femme regagne sa chambre, Curtis a changé de position, il est assis le dos appuyé contre la tête de lit. Elle pose le plateau puis s'installe à son tour, elle commence à manger sans attendre. Il parle pas, et elle sait que c'est pas le bon moment pour lui tirer les vers du nez.

- T'as une faim de lion mon chat!

- C'est le bébé! J'crois que tu m'as mis un bébé éléphant là dedans.

Elle rigole puis lève les yeux vers son mari, il a toujours son petit air absent même s'il essaye de le masquer, puis il a pas rigolé à sa petite blague, c'est bien la preuve que ça ne va pas.

Tome 3 - Happiness Will Be ThereOù les histoires vivent. Découvrez maintenant