Réflexions

CHAPITRE PREMIER Déjà vu

Tandis que tu étais tranquillement assise sur un banc à dessiner, quelqu'un s'assit à côté de toi. Se penchant légèrement, il regarda ton dessin et tu t'en rendis compte. L'air de rien, tu lèves les yeux et te tournes vers lui.
- Bonjour.
Tu le "dévisageas". Un garçon que tu trouves plutôt mignon.
Pris d'une rougeur, car tu l'as découvert, il te répondit :
- Salut.
Il souriait de manière totalement gênée.
- Tu dessines bien.
Tu souriais, mais te méfiais : on t'avait déjà fait le coup et tu en étais ressortie triste.
- Merci.
Ta réponse était froide et il semblait l'avoir remarquée. Tu t'en désolais car tu n'aimais pas qu'on te fasse une chose semblable.
- Excuse-moi, mais c'est que...bref.
- Je te pardonne.
Après un court instant de silence, il reprit la parole :
- Tu t'appelles ?
- Leilani. Et toi ?
- Joseph.
Son nom s'enregistra dans ta tête. Mais bizarrement, tu avais l'impression de le connaître depuis toujours.
Discrètement, tu jetais des coups d'œil. "Où l'ai-je déjà vu ?"
Lui devait s'en rendre compte ;
- Quelque chose ne va pas ?
- Non rien... Dis, on ne s'est pas déjà vu quelque part ?
Il eut une attitude bizarre : un regard et un sourire mystérieux.
- Il y a de fortes chances...
"Grrr !" Que tu ne supportais pas jouer aux devinettes. Avec un calme miraculeux, tu contenais ton énervement.
- T'es du coin ?
- J'ai toujours habité là.
Dans ta mémoire, tu cherchais si tu avais pu le croiser dans la rue ou quoi que ce soit.
- Je ne t'ai jamais vu avant aujourd'hui.
Lui rit. Son rire semblait dire que ce n'était pas le cas pour sa part et si ce que tu avais compris était vrai, c'est que... Rien que d'y penser, tu frissonnais et t'éloignais discrètement.
- Tu es née quand ?
Pourquoi te posait-il une telle question ? Il n'allait pas débarquer chez toi quand même. Tu lui répondis de toute façon :
- Le 11 Mars 1998. Et toi ?
- Comme toi, mais avant en même temps.
Hein ? Qu'est-ce qu'il racontait ? Ce garçon, ce Joseph était de plus en plus étrange.
- T'es né quand ?
- Je viens de te le dire : en même temps que toi, mais avant aussi.
Tu ne voulais pas rester une seconde de plus avec lui. Tu te levas.
- Je...je dois y aller. À bientôt Joseph.
Tu dis cette dernière phrase par politesse, mais tu n'avais nulle envie de le revoir.
- Au revoir Leilani.
Tu marchas une dizaine de mètres et te retournas. Il n'étais plus là. Ni sur le chemin, nulle part.
Aurais-tu rêvé ?