Frustration, espérance et commencement. PARTIE 1 SUR 2

1K 93 11
                                    

« Frustration : La frustration est une réponse émotionnelle à l'opposition. Liée à la colère et la déception, elle survient lors d'une résistance perçue par la volonté d'un individu. Plus l'obstruction et la volonté de l'individu sont grandes, plus grande sera la frustration. Les causes de la frustration peuvent être internes ou externes. Chez un individu, la frustration peut surgir lors d'un objectif personnel et désirs fixés, de conduites ou besoins instinctifs, ou durant une lutte contre certains handicaps, tels que le manque de confiance ou la peur des situations sociales. »

La frustration. La frustration est un poison que j'ingère chaque jour, la frustration est ma plus vielle amie ou plutôt ma plus vielle ennemie. Je n'ai jamais pu obtenir ce que je désirais, à n'importe quel âge, peu importe ce dont il s'agissait, peu importe les enjeux, les moyens déployés, je n'ai jamais rien eu.

Déjà enfant, né d'une famille pourtant aisé, je n'ai jamais pu avoir de peluches, ni de petites voitures, ni de céréales au petit déjeuné, ni de feutres de couleurs, ni vu de dessin animé. Ça t'endurcira, disaient-ils. Je n'ai jamais pu inviter d'amis ni aller chez eux, ni même sortir pour me promener, je n'étais donc pas quelqu'un d'intéressant, je n'avais rien, ne connaissait rien, ne pouvait aller nulle­-part. Mais ce n'était pas grave n'est-ce pas ? Un véritable homme devrais ce suffire à soi-même. J'étais seul. Seul avec mon désir et ma frustration.

En grandissant, rien n'a changé. Les enfants que je côtoyais en maternelle et en primaire on grandit en même temps que moi, leurs vies changeaient au fur et à mesure des années, ils sortaient, faisaient les magasins, avaient un téléphone, un ordinateur, plus de liberté, plus d'avantages. Moi je n'ai rien eu. Rien.

Toutes ces choses que je n'ai pas eues, je les ai vues. J'ai vu par ma fenêtre, les garçons avec qui j'aurais aimé être ami faire du vélo, puis avoir une petite amie, apprendre à conduire, changer avec le temps. J'ai vu mes parents aller au restaurant, dans des galas, partir en voyage. J'ai vu mes voisins installer une piscine chaque été, j'ai entendu leurs éclats de rires pendant les chaudes soirées et j'ai vu par leurs fenêtres, un sapin dans leur salon, chaque hiver.

Mais moi je n'ai connu que ma chambre, une maison souvent vide et froide, des légumes à l'eau et rarement de la viande, des tuteurs, des professeurs particuliers, l'intérieur de la voiture du chauffeur familial et mon école comme seule destination.

C'est pour ton bien Jongin, tu nous remercieras.

Cette phrase je n'entends qu'elle. Mes parents ma l'a répètent sans arrêt comme si c'était réponse à tout. A vrai dire j'y ai longtemps cru, vraiment, que toutes ces privations, cette pudeur, ce manque de chaleur et d'amour me serais réellement nécessaire. J'ai même trouvé ça normal avant de commencer l'école, puis je me suis rendu compte que finalement, peut être que ce n'était pas ça la vie ?

Je ne devrais n'avoir qu'un but, un seul objectif, celui pour lequel j'ai été créé, étudier, être brillant et reprendre l'entreprise de mon père.

Voilà ce pour quoi j'ai été conçu mais ce n'est plus ce à quoi j'aspire.

Moi je veux danser. Je veux danser toute ma vie, encore et encore, je veux intégrer un ballet et mettre en place toutes les chorégraphies que j'ai créées. Je veux danser, sous ses yeux et sa musique à lui. Car, si je suis seul et que je n'ai rien, il me reste mes sens, mes yeux, mon ouïe et mon imagination.

Vous devez certainement vous demander comment j'ai pu avoir une telle idée, comment, ne sachant rien je sais tout de la danse. Alors je vais vous expliquer.

C'était un mardi du novembre de l'an d'avant, l'air était froid et la cafétéria de l'école, bondée. Je n'ai jamais aimé les endroits pleins de monde, voir leurs visages heureux, entendre leurs rires et leurs discussions qui n'ont aucun sens pour moi, ça n'a jamais été mon truc. Alors ce jour-là j'ai décidé de me trouver un endroit où me reposer, où je serais seul, je suis sorti dans la cour et j'ai regardé les différents bâtiments autour de moi pour repérer le moins fréquenté et mes yeux sont tombés sur le bâtiment F.

FrustrationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant