Partie 1 : Le réveil

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           Ma tête tambourine tandis que j'émerge d'un sommeil profond et artificiel, musique trépidante et violente, indécente qui rend mes sens indécis. Je sens mon crâne se fendre et je pousse un gémissement qui se noie dans ma bouche pâteuse. Mon corps est lourd et je n'arrive pas à me relever alors je me tords tant bien que mal dans des étirements. Mes yeux refusent toujours de s'ouvrir, peureux d'affronter la lumière qui déclencherait une migraine qui se love dans mon esprit. Alors, je frotte mes paupières et ne laisse passer que quelques rayons de soleil parmi mes doigts entrouverts et là je fronce mes sourcils. Oubliant ma douleur, poussant un grognement, je me relève brusquement.

          Mon cœur s'accélère tandis que je ne reconnais pas le lieu qui m'entoure et que les souvenirs qui précèdent mon sommeil me reviennent brusquement. Et la vérité force mes pensées avec crainte créant une peur diffuse qui s'insinue dans chacun de mes membres, me figeant. 

          On m'a enlevée, vérité inévitable qui me perturbe. Je comprends mieux mon mal de crâne et ma bouche lourde, on m'a droguée, endormant mes muscles et mon esprit et l'on m'a, semble-t-il, emmenée ici. Qui ? Je l'ignore, sachant que je suis une étudiante de vingt-trois ans, avec une vie banale, un entourage aimant, sans ennemis, qui ne se mêle de la vie de personne... Rien de bien trépidant et glorieux. Aucune explication ne me vient.Et tandis que l'incompréhension éclate mes pensées, je sens une peur indescriptible m'envahir. Les larmes coulent sur mon visage et un sanglot se répand dans la pièce. Une pièce en bois, avec une couche simple sur laquelle j'étais allongée, une table où une corbeille à fruits et une assiette remplie de charcuterie se tiennent ; il y a aussi une petite armoire que je n'ose ouvrir près d'une porte, sous une fenêtre. Je m'approche de celle-ci qui ne possède aucun barreau, je pourrais l'ouvrir facilement mais je n'ose pas. J'aperçois l'extérieur et je frissonne quand je note qu'une forêt se déploie sous mes yeux. 

          Je pousse un soupir rempli de détresse et j'essuie machinalement mon nez qui coule, me tirant un reniflement pitoyable. Je finis par m'approcher de la table et attrape des raisins, étonnée d'en trouver en ce début de printemps car ce n'est pas la saison. J'en croque quelques-uns, me redonnant des forces rapidement, noyant ma tristesse dans ce jus délectable. Ce n'est que là que je trouve, à l'autre bout de la table, un papier. Je l'attrape et je me rends compte que j'ai à faire à une sorte de parchemin ; j'y reconnais le trait d'une plume, d'une encre marron. L'écriture s'étend en italique en des boucles immenses. Je mets un moment à comprendre les mots qui s'adressent à moi et mes mains se mettent à trembler quand je comprends le sens de cette lettre. Je ne me rends pas compte qu'elle glisse de mes doigts pour voltiger sur le sol et je me répète inlassablement ces mots à la terrible signification.

                  « Miss Evenett,

          J'ai l'honneur de vous apprendre que vous allez vivre une expérience exceptionnelle qui va devoir faire appel à toutes vos compétences physiques et comportementales.

          Dans l'armoire de votre logis se trouvent des affaires dont vous pourrez vous servir, ainsi qu'une montre qui vous indiquera l'heure.

          Tout commencera à midi...

          Votre but sera, une fois le seuil de cette cabane franchi, d'aller en direction du sud-ouest jusqu'à une grande prairie sur laquelle se trouvent des ruines. Là, si vous atteignez cette antique bâtisse vous serez sauve.

          Mais voilà, ces règles ne sont là que pour vous expliquer votre but, mais ce n'est pas l'expérience en elle-même. Connaissez-vous la chasse à l'Homme Miss Evenett ? Et bien vous allez y être confrontée très bientôt.

          Le véritable jeu réside dans le fait que vous allez être une proie, un gibier pour être précis. Nous serons cinq à vous prendre en chasse et si l'un de nous vous attrape je vous laisse deviner le dénouement de cette confrontation.

          Un échiquier de pions, où les fils sont tirés par un maître et où ses marionnettes désarticulées lui répondent. Serez-vous un maître ? Trouverez-vous le chemin parmi ces cases pour gagner la partie ?

          Je sais, votre incompréhension vous fait perdre la tête mais la vie n'est qu'un jeu n'est-ce pas ? Un jeu qui ne s'arrête qu'une fois que l'on a gagné ou perdu. Alors ne pleurez pas, battez-vous et devenez une gagnante.

          Tenez-vous prête Miss Evenett.

          Duc de Dancourt »


***


J'espère que cette première partie vous a plu ! J'ai hâte d'avoir des retours de votre part sur mon texte. N'hésitez pas à critiquer mon travail, je suis friande de toute remarque. 

Je publierai la suite rapidement, l'histoire étant déjà terminée.

A très vite.

Sophia B.


Chasse à l'HommeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant