4 - Timothée

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3 avril.

Mon corps me lâche, je le sens. Chaque mouvement me demande de gros efforts, et l'endroit de ma morsure se nécrose à vue d'oeil : le contour de la morsure noircit, pourrit, et cette moisissure rampe le long de mon bras. Elle gagne du terrain, et je ne peux rien faire pour l'arrêter. Je ressens quelque chose d'assez étrange : cette infection va bientôt me tuer, ça ne fait aucun doute. Mais on dirait que j'ai un nouveau coeur qui s'est mis à battre : je sens pulser mes veines à l'endroit de la morsure, et c'est comme si cette impulsion se transmettait au reste de mon corps. Comme si cette chose prenait le relais de mon système interne. Ce parasite prend peu à peu possession de moi, et ce n'est même pas si désagréable comme sensation. J'ai mal bien sûr, d'une douleur physique peu commune. Mais mentalement, je me sens... apaisé ! Presque serein. Je me déteste de penser ça. Je n'ai pas envie de me sentir bien ; j'ai envie de me sentir mieux, j'ai envie de crier, de me battre, de me révolter contre cette saloperie qui me bouffe, contre cette fin dégueulasse qui m'attend. Mais je me sens impuissant, désarmé ; comme si j'étais devenu prisonnier d'un corps qui ne m'appartient déjà plus. Ou non : plutôt comme si j'étais éjecté de ce corps ; remplacé par quelque chose d'immensément plus fort, et impuissant à me révolter.

Les bruits en provenance de l'extérieur commencent à devenir insupportables. Difficilement, j'ai réussi à me lever, et à faire un tour sur le balcon. Une foule compacte s'est amassée devant l'immeuble, me coupant toute possibilité de fuite. De toute façon, dans mon état, je ne vois pas comment je pourrais leur échapper. Et puis pour aller où de toute façon ? A quoi bon tenter de repousser l'inévitable...

Ils n'essaient même pas d'entrer dans l'immeuble, comme s'ils savaient déjà ce qui m'attend...

CondamnésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant