Chapitre 9 -Je ne tiendrai pas.-

216 16 3
                                    

Précédemment:
"Tu verras, tu m'oubliera vite.
Sky"

Elle est partie... Je me sens vide, triste, seul et fatigué... Elle est partie... Elle m'a abandonné...
Il est 13h. Je pense à me coucher. Dormir, la seule chose qui me reste à faire... J'y arrive pas sans elle, j'arrive plus à encaisser... Comment ça va se finir? Comment est-ce que je vais faire? Pourquoi? Pourquoi elle m'a fait ça? J'ai besoin d'elle... Qu'elle répare ma tête et mes sentiments qui fonctionnent plus bien. Faut pas qu'elle me laisse devenir un fusil sans cartouches,
un cheval sans cavalier, un cavalier à pied.
Me laisse pas devenir un sprinter sans ligne d'arrivée
Un train sans passagers, une dispute qui a mal tourné,
une dispute qui a mal tourné...
Me laisse pas devenir un pestiféré
Me laisse pas devenir un chanteur de mariage,
Un pilier de bar, une barrière de péage. C'est le bordel dans ma tête... J'ai envie de la tuer. J'ai envie de l'aimer... Faut pas qu'elle me laisse seul comme ça... Je choisis la première option et pars me coucher.
Je m'allonge dans mon lit. Mais où est-ce qu'elle est encore allé? Putain. J'espère qu'elle va bien... Je m'endors sur ces pensées.

Je me réveille vers 15h. J'ai rêvé d'elle... Elle était dans les bras et d'un coup, pouf, elle était partie.
Je me lève et quelque chose me saute aux yeux:
Bordel mais qu'est-ce je suis con...
J'aurai pu la chercher tant qu'il en était encore temps mais j'ai dormi.
Et merde... Elle doit sûrement être déjà loin... Mais bon, il faut que j'aille vérifier en ville. Il ne le faut pas, j'en ai besoin. Je me lève et pars faire le tour de la ville. Personne, aucune trace de Sky. Déçu, je rentre chez moi... Ma vie est minable... J'ai même réussi à la faire fuir...

ça fait maintenant une semaine qu'elle est partie.

Encore le même matin
Encore le même réveil
Seul dans les draps sales, putain
Dans les draps sales de mon sommeil
Encore rêvé d'mes dents qui tombent
Cette fois-ci y avait aussi des morceaux d'ongles
Du sang séché
L'autre fois j'ai vomi du verre pilé
Je finirai par me les limer mais plus tard, plus tard
Pour l'instant je tâte ces dents désunies par le tabac
Du bout de ces doigts jaunis par le tabac
Je sens cette haleine vieillie par le tabac
Sortie par ces lèvres qui veulent plus rien avaler
Ou seulement deux trois fièvres, des canettes et des pots délavés
Dans ces nuits
En chien de fusil
Quand mes os apparaissent translucides
Quand mon cœur tape et perce, limpide
Contre ma peau
Encore les mêmes larmes
Et moi je me surprends à les faire tomber sur la cigarette qui diffuse
Je passe mon temps à pleurer n'importe quand
Pleurer dans mon lit, pleurer sur ​​les chiottes, pleurer sous la douche
Mais surtout pas devant les autres, non, ce serait être salaud
Y'a que les écrivains qui savent rendre ça beau
Tout ce que je peux faire c'est de passer la journée à brûler comme une braise
Brûler comme une braise, le cul vissé sur ma chaise, à faire
Ces minables sourires qui puent l'encens
Ces sourires jaunes d'arnaqueur, avec toujours ces dents et ces lèvres sans couleurs, et cette langue si sèche collée contre mon palais
J'arrive à peine à sortir des râles
Je préfère encore tordre mon visage pâle et me racler la gorge et déglutir dans la grille de l'évier mes crachats noirs, mes soupirs, et puis me regarder dans la glace me tâter la gueule, me tâter les gencives
Je voudrais
Je voudrais me casser la gueule, me casser les gencives
Pour secouer le sac à geindre que je suis
Si ça s'évapore pour rejoindre le néant
Si ça devient tout, c'est le temps
Le temps seul qui finit par le dire :
Une relation, c'est un potentiel laissé à l'avenir
Mais pour moi, le ciel s'est posé comme un couvercle
D'un simple geste, elle a refermé le cercle
Et tout ce qui me reste c'est un empire de vent et de poussière
Où l'on ne sait pas rire, où l'on ne connait que la pierre
La ville n'est qu'un charnier, peut-être une île, rien d'autre à faire
Que regarder se vider à côté des autres ses plaies, et les fêlures de ses côtes
Mais pourquoi est-ce qu'il faudrait encore que je saigne ?
Je me sens déjà suffisamment vidé
Il a fallu qu'elle se souvienne qu'elle ne m'aime plus
Le seul désir qu'elle m'a laissé c'est de dormir
Tout ira bien la douleur vient, la douleur passe
On y arrive
Même les déchets remontent à la surface
On se lève un matin sans cette odeur rance, cette odeur d'encore
On se rend compte que la souffrance vaut toujours mieux que la mort
C'est moins définitif aussi
J'ai pas envie j'ai pas envie j'ai pas envie j'ai pas envie qu'on trace encore le périmètre de ma vie
Il m'reste encore quelques kilomètres et quelques envies
J'peux encore m'en aller rouler loin dans les fumées
Jusqu'à ce que la voûte devienne bleue
Et j'peux encore choper des croûtes, me brûler les yeux
A mater le soleil décliné
Peut être que tu le trouves moche
C'est vrai qu'on y trouve que de la cendre, que de la roche
N'empêche qu'y m'reste encore mon empire de vent et de poussière qui n'est pas à vendre
J'y suis roi et j'y dors, j'y suis tellement fier
Le cul posé dans le froid sur mon trône de pierre
Même que j'm'y balade encore
Libre.

Drogue DouceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant