Hate Me Too - BB (en pause)

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Louise arriva une dizaine de minutes plus tard derrière la baie vitrée et nous annonça que le repas était prêt. On se leva tous et allait s'assoir autour de la table dans la salle à manger, après s'être lavé les mains bien sur. Je m'assis entre Tallulah et Quincy, je pense qu'elles m'aiment bien et j'en suis très contente. C'est tout le contraire de Libby qui elle est en face de moi, malheureusement devrais-je dire. J'ai vraiment l'impression de la déranger plus qu'autre chose et ça me tourmente énormément. Je me sens si petite à côté...

On commença à manger, tout le monde parlait de tout et n'importe quoi. Moi, je me contentais seulement de sourire, d'hocher la tête et d'écouter sans m'incruster dans leurs conversations sûrement habituelles. Soudain je remarquais qu'il n'y avait pas de monsieur Flood. Peut être qu'il travaille ou quelque chose du genre. Je ne vais pas me poser de questions et je ne vais surtout rien demander. J'ai peur que ce soit un sujet sensible et que je risque à coup sûr de regretter...

-    Les enfants, est-ce que vous savez que notre nouvelle recrue est une surdouée ?

A ces mots j'ai failli m'étouffer avec un bout de pain. Pourquoi Louise s'est sentie obligée de leur dire maintenant ? J'avais espéré que personne ne le sache, que je puisse enfin me sentir normale. Disons que c'est en partie à cause de ça que je me suis toujours fait rejetée par les autres, que les gens de mon ancien lycée m'harcelaient chaque jours...

-    Sérieux ?! S'exclama Fin, choqué.

-    Oui, affirma sa mère, elle a déjà eu son diplôme et elle est très demandée par les plus grandes universités. Pas vrai Jude ?

-    Um oui, on peut dire ça comme ça, réussis-je à dire.

-    Bah voyons, souffla Libby.

-    Mais tu vas plus à l'école alors ? Demanda Tallulah en ignorant son aînée.

-    Si je suis encore au lycée.

-    A quoi ça te sert ?

Je leur expliquais que je préférais suivre des études normales pour ne pas me faire remarquer vis à vis des autres. Je n'aime pas me sentir autant différente. Et le fait de me retrouver avec des personnes beaucoup plus grandes m'effraie littéralement. Je n'ose même pas imaginer la première impression que je vais donner, surtout que le fait d'avoir dix seize ans me ferait passer pour "une gamine stupide, inconsciente et dépourvue de maturité". C'est une bonne chose d'être intelligent mais parfois ça me prend vraiment la tête. Je pense beaucoup trop, je n'agirais pas comme des personnes de mon âges et j'ai l'air d'une folle à côté d'eux. Ils m'ont toujours pris comme ça. Ils m'avaient même donné un surnom : le zombie. Parce que selon eux, je suis une fille sans vie, qui n'a aucune raison de vivre, que je serais à jamais seule... Pleins de petites choses sans importance mais qui me font pourtant si mal.

-    Mais genre tu arrives à résoudre des trucs hyper compliqués qu'on voit à la télé ? Demanda Fin.

-    Mon chéri, dit Louise, elle a eu le premier prix de sciences d'un concours organisé par Oxford.

-    C'est juste un truc de dingue, lança Tallulah époustouflée.

Je vis Libby, en face de moi, rouler des yeux. Je savais que je devais l'exaspérer en ce moment même pour une raison inconnue. Ou du moins, elle doit sûrement penser que je me la raconte puisqu'elle est comme toutes ces filles après tout.

-    Et tu sais faire le rubicube entièrement ?

-    Um mon record est de 7,31 secondes...

Fin me regardait comme un fan en totale extase qui rencontrerait son idole. Je me forçais de sourire malgré le fait que je me sente extrêmement mal à l'aise. Je n'ai jamais eu autant d'attention à mon égard et je n'aime pas vraiment ça. Je ne suis pas du genre à me venter de mes capacités intellectuelles, je préfère que mon entourages s'en rendent compte par eux même. C'est pour ça que je ne voulais pas en parler et recommencer tout à zéro ici. Mais apparemment, Dieu en a décidé autrement... Ils avaient continué à me poser des questions jusqu'à que Libby se lève brusquement et sorte de table pour repartir à l'étage. Les enfants avaient arrêtés de parler et Louise s'était excusé pour son comportement avant d'aller la voir. Je me sentais encore plus mal parce que je sais que c'est entièrement à cause de moi, de ma présence. Ca m'énervait d'un côté parce que je ne lui ai jamais rien fait. Cette fille, je viens à peine de la rencontrer qu'elle a déjà une profonde haine envers moi mais ça ne me dérangeait pas car après tout, j'ai l'habitude. On avait continué à manger après ce léger malaise.