Les yeux fermés

3 0 0
                                    

Je tends les bras devant moi et tout est noir

Je veux ouvrir les yeux, mais ils s'entêtent à refuser

En fait, je n'en sais rien, ils ne sont peut-être même pas fermés

Disons qu'à la fin, j'ai perdu espoir


Tout ce qu'il me reste à faire, c'est avancer

Sauf qu'en étant aveugle, c'est plutôt risqué

Je tiens la rampe et elle m'échappe des doigts

Ça m'énerve quand l'avenir croit trop en moi


Moi, ce que j'aime, c'est la musique

Sauf que parfois, il y a trop à penser

Rythmes, embouchure, position, doigtés

Je voudrais juste jouer et oublier la technique


Dans le fond, la vie, c'est comme jouer d'un instrument

Il faut penser à des centaines de choses en même temps

Sans trop savoir comment faire, on ne veut pas se faire aider

Mais sans guide, on ne va jamais y arriver


Moi, je m'époumone à suivre le tempo

J'y laisse tout mon air et ma peau

Je m'essouffle aussi sans jamais comprendre pourquoi

À courir sans rien voir autour de moi


C'est bien beau interpréter la musique des autres

Mais un jour il faut partager la nôtre

Il y a une différence entre écrire et exprimer

J'ai les mots, mais ils restent coincés


Alors je continue d'avancer sans me démarquer

Dans un coin, en observant et en écoutant

J'ai l'impression que les jours passent trop vite, trop lentement

C'est comme si ma tête allait exploser


Tout ce poids sur mes épaules, je voudrais m'en débarrasser

On veut tourner la page, mais il faut y trouver une fin

Je suis de ceux qui ont hâte d'arriver au bout du chemin

Mais qui sont terrifiés à l'idée de trébucher


Il arrive au bonheur d'ouvrir la lumière

Sauf qu'on ne le remarque qu'à la fin de son passage

Impossible de regarder en arrière

Puisqu'on ne retient rien de son message


Quand on est heureux on lâche la rampe

On flotte, on vole et on se croit immortel

Épris par cette passion dévorante

On ferme les yeux pour être seul avec elle


Il n'y a rien de plus triste qu'être trop heureux

On n'a plus d'appui, perché sur notre piédestal

Pour ne pas tomber, il faudrait ouvrir les yeux

De là-haut, la chute n'en sera que plus brutale


Je me relève et tends l'oreille

Seul le silence souffle ses airs malsains

Où sont donc passés les musiciens?

Plus rien, plus rien d'autre qu'une musique en sommeil


Je m'écroule et me bouche les tympans

Torturés par le vide écrasant

Je voudrais crier mais je ne peux rien entendre

Je suis sourde mais les mots sont là à m'attendre


Car il me faut de la musique pour survivre

Si elle me déserte, c'est de l'intérieur qu'elle s'enivre

De par les mots et leurs souvenirs

De par les mots qui me plaisent de leurs rires


Parce que des mots, j'en ai plus qu'imaginable

J'en ai des bibles, des livres et des manuscrits

Chacun d'eux est irremplaçable

Ils me chantent leur âme pour effacer mes phobies


J'ai la phobie de vivre, mais aussi de mourir

Cette peur de ne jamais m'accomplir

J'ai la phobie de vivre, voilà pourquoi je ferme les yeux

Pour empêcher les larmes de couler lorsque je n'ai rien de mieux


Mais ces mots restent tous à l'intérieur

Plus jamais vous ne les entendrez

Ils sont mon âme, mon être et mon cœur

Ils sont vrais, mais tellement pénibles à dévoiler


Je sais que nous devons avoir le courage de briller

S'avancer du mur vers un précipice des plus dangereux

Attention car vous ne tenez que de peu

Un pas de trop et vous tombez


Trouvez cette lumière que vous appellerez la vie

Trouvez cette musique qui vous fera vivre pour l'éternité

Trouvez ces mots que l'éternité ne pourra tuer

Ouvrez vos yeux et votre cœur pour tuer même vos pires phobies


Ouvrez les yeux et n'ayez plus peur de vivre


Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 11, 2015 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

PenséesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant