Chapitre III

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          Je n'entendis pas le bruit du plongeon et ne sentis pas que l'on me tirait par le haut. Ni qu'on me déposait sur le sol de la grotte, me faisait un massage cardiaque et du bouche à bouche pour me ranimer. Je me souviens juste de ce rêve conscient et complètement effrayant que je fis pendant ces courts instants ou mon cœur avait cessé de battre.

           J'étais dans une pièce, immense et froide. L'ambiance de cet endroit était totalement lugubre. La seule lumière était diffusée par de grands chandeliers accrochés au mur. J'eu soudain très froid. Je pris alors conscience de deux choses. La première, c'est que je n'étais vêtue que de mon bikini et la deuxième, depuis le début, je n'étais pas seule dans la pièce. La personne qui m'observait sortit alors de l'ombre et je sursautais violemment. Je cru au début qu'il s'agissait du type qui m'avait espionné dans la clairière, mais il ne fallut qu'une seconde pour me rendre compte de mon erreur. S'il lui ressemblait, cet homme-là était beaucoup plus effrayant. Il était vêtu de noir, intégralement, et il portait une grande cape. Ces yeux avaient des reflets rougeoyants, comme si des braises brulaient dans ses iris. Il était si grand que je devais lever la tête pour le regarder. Non d'un chien, ce type mesurait au moins deux mètres!

           Bravant ma peur je pris la parole.

_ Qui êtes-vous ? Et quel est cet endroit ?

           Je n'aimais pas le regard qu'il avait sur moi. Il lorgnait mon corps, et je tentais de me dissimiler en croisant les bras sur ma poitrine. Cela parût l'amuser, car il étira les lèvres comme pour sourire.

_ Tu te trouves au portail. Quel est ton nom ?

           Il avait assené ça froidement, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Et puis, il se permettait de me tutoyer !

_ C'est quoi ce portail ? Demandais-je bien décidé à ne pas me laisser intimider.

           Il arqua un sourcil, mais répondit cependant.

_ Celui de l'autre monde.

C'est alors que tout me revint, la baignade, la sphère luminescente, la liane... et la mort.

_ Oh mon dieu non ! Murmurais-je. Je suis morte... !

_ Peut-être, peut-être pas, dit-il d'une voix caressante en s'avançant vers moi d'un air curieux.

           Je sentis alors un désagréable fourmillement dans ma tête. L'homme me regardait d'un air insistant.

_ Tu es difficile à déchiffrer, Rosaline... Spark ! Susurra-t-il en commençant à me tourner autour.

           Tout mon corps était tendu comme un arc, comment connaissait-il mon nom ?! Je tressaillis à son contact quand il toucha mes cheveux pour les écarter de mon épaule droite. Il avait dû remarquer ma tâche de naissance en forme de lune. Il émit un claquement de langue satisfait qui me fit sursauter.

_ Et oui, murmura-t-il à mon oreille, je sais exactement qui tu es... j'aurais pu le deviner sans ça, une telle beauté, ça ne pouvait être que toi ! Ah, chère Rosaline...

           Il se mit face à moi. Gênée par l'intensité de son regard je reculais.

_ Qui êtes-vous ? Chuchotais-je incapable de parler sans que ma voix ne tremble.

_ Tu n'as pas encore deviné ? Ironisa-t-il sa bouche se tordant d'un rictus. Tu vas vite comprendre ma douce. Il avança la main et pris la mienne sans que je n'aie le temps de reculer. Il referma mes doigts sur un objet dur et, tout en gardant ma paume fermée, passa son autre main sur mon poignet.

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