1- Strange visitor

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Je m'étais toujours dis que déménager serait une très mauvaise idée. Se détacher de la vie à laquelle on était si attaché m'a toujours effrayé. C'est peut-être le changement qui me mettait mal à l'aise, le fait de ne plus avoir les mêmes habitudes, le même quotidien, les mêmes repères m'effrayait au plus haut point et c'était sûrement pour ça que je refusais de partir avec mes parents.

Mes protestations n'avaient aucun effet et ça ne m'étonnait sérieusement pas. Les parents ne font jamais avec ce que veulent leurs enfants, jamais. Pour les grandes décisions, ils nous jugent trop jeunes ou trop immatures, ils pensent que nous ne pouvons pas nous aussi avoir un avis sur ce qu'ils appellent 'des affaires de grand'.

J'aime mes parents, là n'est pas la question, je ne peux simplement pas comprendre leurs décisions, leurs actes et leurs choix. Est-ce qu'ils pensaient faire bien en m'annonçant notre départ ? Je ne sais pas, mais je me suis retrouvé trois semaines plus tard dans une nouvelle maison, à l'autre bout de la planète.

La nouvelle maison était plutôt grande. Elle ressemblait à un manoir plus qu'autre chose et là encore, je me sentais mal. Je n'aime pas les grands espaces et encore moins si je suis obligé d'y vivre pour un bon bout de temps. Mais je n'ai pas émis de protestations, sachant pertinemment que ça ne changerait rien à la situation actuelle.

J'ai toujours été un garçon silencieux. Je n'aimais pas parler avec les autres. Pas que je ne les aimais pas, je ne pouvais juste pas supporter une conversation entière sans faire de remarques blessantes et je ne m'excusais jamais.

Je vivais dans le monde de la musique, toujours les écouteurs dans mes oreilles, même à table. La musique était la seule chose qui me donnait l'impression d'être heureux là où je vivais. Partout où j'allais on me toisait ou on m'ignorait alors que la musique est toujours présente. Elle ne m'a jamais abandonnée.

Le jour où nous sommes arrivés en Australie je me suis senti mal. Vraiment mal. Mes yeux parcouraient la maison des yeux, je ne voyais en elle que du mal, je ne la voyais que comme le début d'un autre enfer au lieu d'un nouveau début et d'une nouvelle chance de changer, je voyais déjà les autres se moquer de moi sans que je ne puisse les entendre à travers les écouteurs, je me voyais déjà haï par tous ceux qui ne pouvaient garder une conversation avec moi.

Ma chambre était à l'étage et semblait vouloir me narguer. Comme si elle savait que je la détestais avant même d'y être entrée. Mes parents regardaient la maison avec un air heureux mais je ne leurs prêtais pas attention, j'avais cessé de leur parler depuis qu'ils m'avaient annoncé la nouvelle, et je ne voyais pas l'utilité de parler avec eux.

Je m'assis sur le lit avec un certain dégoût, ne voulant pas vraiment avoir à faire avec lui. J'enlevais mes écouteurs et au lieu du silence de la chambre, j'entendis une voix. Une voix féminine qui provenait de la salle à côté. Qui était là ?

La voix chantait à tue-tête, comme si personne ne pouvait l'entendre. Je me levais et me dirigeais vers la porte qui devait être ma salle de bain. Je tendis l'oreille.

- I'm gonna love you ! Like I'm gonna loose you !

Je me raclais la gorge et la voix se tut immédiatement. Je ne voulais pas ouvrir la porte, de peur que la personne ne soit en train de prendre une douche. C'était une mesure stupide, j'étais chez moi et on n'entendait pas l'eau couler du jet et je savais que ce n'étais qu'une excuse pour ne pas avoir à affronter qui que ce soit.

- Il y'a quelqu'un ? Demandais-je.

- Non pas du tout ! Répondit la voix.

- Je peux entrer alors ?

She's AliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant