Sa vie...

Chapitre 2

Elle sonna à la porte et un jeune homme vint lui ouvrir. Elle crut tout d'abord qu'elle s'était trompée de maison mais elle reconnut le grand miroir en face de la porte d'entrée. Sans demander son reste, elle monta les escaliers trois à trois et arriva au seuil de la chambre de son amie.

Louise, étendue sur son lit, roupillait paisiblement. Comme ses parents travaillaient tous les deux, elle dut rester seule. Mais comme son état s'était aggravé, elle appela sa voisine qui lui envoya son neveu pour rester auprès d'elle. Elle aurait changé d'avis si elle savait que c'était le petit ami de Louise. En le voyant arriver, elle se sentit soudainement mieux.

Maintenant qu'Aurélie le fixait du regard, elle remarqua que le jeune homme était robuste et avait des yeux bleu azur qui laissaient sûrement les filles dans tous leurs états.

Plongée dans ses pensées, elle surprit son amie qui la regardait avec des yeux lumineux. Un sourire se dessina sur son visage en voyant son amour assis à ses côtés. Elle n'avait pas la force de parler mas Aurélie qu'elle était faible. Aidée de James (le canadien), elle redressa Louise sur son lit, lui prit sa température, qui se montra très élevée, et finit par lui faire boire un paracétamol. Vu que l'heure passait, elle salua James, embrassa Louise et se sauva.

Elle fut à la maison à 6 heures précises, trouva ses parents devant la télé. Ils étaient plus silencieux que d'habitude. La curiosité prit le dessus sur son caractère renfermé vis-à-vis de ses parents et essaya de leur tirer les vers du nez. Ses parents se regardèrent perplexes et lui promirent qu'ils en reparleraient plus tard.

Donc, c'est si important que ça ! Elle en était sure. Tout le temps qu'elle avait passé enfermée dans sa chambre en attendant le dîner, elle n'avait pu parler à personne, elle se déconnecta de tous les réseaux sociaux et éteignit la musique qui était arrivée à la moitié de sa playlist quotidienne. Elle s'allongea sur son lit, pensant à ce que ses parents voudraient lui annoncer. Elle crut tout d'abord qu'ils étaient au courant de son escapade pendant la dernière heure, mais ils ne lui avaient pas paru énervés. Elle élimina donc cette proposition. Elle pensa que sa mère attendait un enfant. Cette idée la fit rire. Elle jugeait sa mère trop vieille pour veiller à l'éducation d'un nouveau né. Après deux heures de réflexion, elle se retrouva dans l'impasse du début.

L'heure du dîner est arrivée, l'heure de vérité. Son frère ne se doutait de rien, ses parents restaient silencieux, essayant de commencer la discussion. Le silence pesait et elle décida de le rompre. Six paires d'yeux se relevèrent de leurs assiettes. Elle s'adressa directement à sa mère et lui demanda sèchement ce qu'ils voulaient leur dire. La patience n'était pas son point fort et ce silence lui glaçait les os. La mère ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Son père vint à la rescousse. L'annonce a été faite avec succès. Ils allaient déménager pour le restant de l'année scolaire ! C'était pour Aurélie un coup de poing en plein dans le ventre. Elle avait cru au début qu'ils plaisantaient mais la mine défoncée de sa mère lui prouva le contraire. La colère l'envahit en une nanoseconde. Et, comme si elle repassait un film dans sa tête, elle pensa à Louise, à Basti, à Marco, à son lycée, à ses amis. Elle sentit une larme qui roulait sur sa joue, une larme qui n'était pas prête de s'arrêter. Elle était partagée entre tristesse, colère et déception. Elle ne pouvait vivre sans ses amis, sans son petit ami à ses côtés.

Elle quitta la table en faisant renverser les verres de coca à demi pleins. Normalement, cette réaction allait lui valoir une réprimande suivie d'une punition, mais cette fois, ses parents restèrent silencieux, tête baissée.

Elle regagna sa chambre, claqua la porte et eut soudain l'envie de fuguer, de fuir cette réalité, ce changement. Mais son manque de courage la retint et se mit au lit jusqu'à dormir d'ennui.

Le lendemain, elle quitta la maison avant que ses parents ne se lèvent. Elle ne voulait voir personne, encore moins eux, la raison de son malheur. Sa vie était déjà assez compliquée comme ça. Elle passa devant la maison de Basti et voulut sonner à la porte. Mais c'était encore une heure matinale et tout le monde dormait encore. Elle se retint alors et s'assit sur l'une des marches du perron.

La ville se réveilla lentement, les derniers lampadaires s'éteignirent les uns après les autres quand elle osa allumer son téléphone portable. La messagerie fut attaquée par une série de messages écrits et vocaux de toute sa famille. Donc, ils s'étaient aperçus qu'elle n'était plus à la maison. Bizarrement, cette idée l'enchanta. Ils devaient se sentir coupables maintenant de la fuite de leur fille. Elle effaça rapidement la longue liste, sans se soucier de leur répondre, et elle envoya un message à Basti : " Chéri, je t'att. Suis à cote de chez toi. Prends ton tps. xoxo "

Deux minutes plus tard, Basti sortit de la maison, le visage pâle et les cheveux ébouriffés. Il sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. Impossible que sa chérie soit dehors, à cette heure, et seule par-dessus le marché. Il lui trouva le visage blême, avec des cernes affreux sous les yeux. Il la prit dans ses bras, et la couvrit de caresses et de bisous. Ils s'éloignèrent de la maison, mais un silence inhabituel régna pendant tout le trajet. Elle hésita tout d'abord à le lui dire mais elle comprit qu'il le saura tôt ou tard. Ils s'arrêtèrent un moment en remarquant qu'ils marchaient trop vite. Il la regarda droit dans les yeux attendant une explication logique aux événements de ce matin. Elle osa enfin formuler cette phrase : « Je déménage pour le restant de l'année » . Basti suffoqua, serra les poings, mais ne fit rien. Il resta de marbre, fixant le sol. Sa petite amie allait partir et le laisser seul. Non ! Impossible même à imaginer. Il lui prit les mains et la fixa droit dans les yeux et se sentit dire : « Tu restes avec moi et tes parents peuvent aller où bonheur semble ».