Run baby run [BoyxBoy]

Prologue

Le 31 décembre. Nouvel an. Un jeune homme dansait, une bière à la main. La musique résonnait dans ses oreilles et les lumières l'éblouissaient. Autour de lui, ses amis criaient et dansaient tous en s'amusant. Vingt ans, étudiant dans une grande université. Fils d'un chirurgien et d'une avocate. 

Il avait tout pour se sentir heureux, et il l'était. Il avait une voiture et des vêtements de marque. Il avait le physique d'un mannequin ; grand, brun, les épaules musclées, les traits du visage bien tracés. Il était populaire à son université, il avait une bonne moyenne et était promu à un grand avenir. Il ne savait pas encore dans quoi il voulait aller mais son père lui avait déjà prévu un avenir de médecin psychologue. Il n'était pas même né que ses parents savaient déjà ce qu'il allait devenir. Mais secrètement, il entretenait l'idée de travailler dans la littérature. Il avait toujours aimé lire, même s'il ne le montrait pas vraiment. Il avait en quelque sorte un peu honte.

La fête battait son plein et le jeune homme se défoulait sur la piste de danse quand l'alarme des dix dernières secondes sonna. La musique s'arrêta ainsi que tous les danseurs, qui se tournèrent vers l'horloge numérique géante qui faisait le décompte. Le jeune homme, comme les autres compta en criant, le sourire aux lèvres :

- Dix !...

***

Même nuit, sur une route traversant une forêt. La tête vibrant contre la vitre sale de la voiture, sa respiration formant de la buée devant lui, il regardait le paysage blanc glisser sous ses yeux. Les arbres étaient blancs ainsi que le sol et la route ; étant un endroit reculé, le passage n'avait pas été dégagé. Seules les voitures précédentes avaient un peu balayé la neige présente mais le bitume, couvert de verglas et de neige, restait néanmoins glissant. 

Un nid de poule: la tête du garçon claqua contre la vitre et il ferma les yeux. Il avait dix-sept ans, étudiant dans un lycée public avec peu de renommée. Son père travaillant dans une usine de produits chimiques, roulait prudemment. A côté de lui, la mère du garçon, femme au foyer depuis qu'elle fut tombée enceinte de lui. Sur la banquette arrière, à côté du garçon, une petite fille de cinq ans et un bébé de trois mois. Les trois enfants avaient hérité des cheveux roux de leur mère mais seul l'aîné avait le visage de son père : carré, comme ses épaules. Sous ses yeux bleu-gris creusés, des cernes noires étaient présentes. 

La famille se rendait chez des amis pour fêter le nouvel an. Ils étaient en retard à cause du bébé. Le garçon se pencha pour regarder l'horloge de la voiture ; 23 : 59. Il ne devait rester que quelques secondes avant la nouvelle année et lui allait la fêter dans cette voiture ayant l'odeur de moisi, de produits chimique et de vomi de bébé. 

***

- Neuf, huit, sept, six!...

***

Quand il entendit un bruit strident de pneu crissant, le garçon releva les yeux de l'horloge pour regarder à travers le pare-brise. Il vit deux phares qui l'éblouirent. La voiture venant d'en face, sur l'autre voie, partit sur le côté, dérapant sur la route. Elle arriva complètement de profil sur la voie voisine, dérapant à une vitesse folle. 

***

-Cinq, quatre, trois, deux, un !....

*** 

Les quatre autres personnes présentes à bord de la voiture hurlèrent et tout se déroula au ralenti; le garçon regardait la voiture d'en face arriver sur eux.

Il n'eut le temps que de voir leur capot se plier sous l'impact et de voir le siège-bébé, portant son petit frère, voler entre les deux sièges avant. Le garçon avait pourtant dit à son père de vérifier la ceinture du milieu pour vérifier si elle restait bien bloquée. 

Tout ce passa très vite. Il ressenti un énorme choc, ses jambes furent comme écrasées par le siège devant lui et sa tête fut projetée en avant.

  La dernière chose à laquelle il pensa est qu'il avait froid.  

***

-Bonne année !!!

Les jeunes se mirent à trinquer en riant et lançant à tue-tête des "bonne année".

A ce moment, quelqu'un entra dans la salle, créant un courant d'air. Le jeune homme se retourna vers la porte en voyant des flocons de neige entrer. 

Il eut un frisson.