Ne te brûle pas les ailes

Chapitre Quinze

    Alyssa

«Super, il ne manquait plus que toi pour que la soirée se termine en beauté...» Pensais-je en levant les yeux au ciel d'un air agacé.

«Pardon ?»

Mon cœur manqua de rater à nouveau un battement. Je l'avais entendu prononcé ces paroles mais il n'avait obtenu aucune réponse de son soit disant interlocuteur. Est-ce qu'il s'adressait à moi ? Non impossible. Il ne pouvait pas m'avoir entendu. A moins qu'il ne sache lire dans mes pensées, il ne pouvait pas savoir ce que je venais de dire. A moins que...

C'est alors que je fis de gros yeux en comprenant mon erreur. J'avais cru avoir penser ces paroles mais en réalité non. Je les avais dites tout haut. Pire que honteuse, je baissais immédiatement la tête en me mordillant la lèvre. Je me retenais de ne pas m'accabler de gifles tellement je paraissais idiote.

«J'ai parlé à voix haute c'est ça ?...» Fis-je d'une petite voix qui se voulait intimidée.

«On peut dire que oui. Je t'ai très clairement entendu.»

Sa voix me semblait subitement plus froide et dure qu'à l'habitude. L'avais-je vexé ? C'était possible. Par conséquent, je n'osais absolument pas relever mon visage pour croiser son regard. Non seulement je risquerais de m'extasier une fois de plus dessus mais en plus de ça, je risquais fortement de perdre pied en devinant son regard insistant sur ma personne.

«Je suis désolée, je ne voulais pas dire ça comme ça. Disons que...» Alors que je m'apprêtais à poursuivre mes excuses, je sentis une main sur chacune de mes épaules.

«Elle n'a aucune excuse à te faire. Je pense qu'exprimer clairement son avis n'est pas une mauvaise chose. Un peu d'honnêteté dans vos rangs ne vous ferait pas de mal. Ça en fait au moins une qui ne vient pas te lécher les pieds monsieur le délégué.» Interrompit Hugo en fixant sérieusement l'ange.

«Calmes-toi donc au lieu d'intervenir dans une discussion qui ne te regarde pas. Je n'en ai que faire de sa remarque. Elle a le droit de penser ce qu'elle veut. C'est son droit. Ce que je remarque surtout, c'est qu'elle est en votre compagnie alors qu'elle devrait avec ceux de son camp. C'est à dire Lindsay et Keith tout particulièrement.» Renchérit Lucas.

«Allons allons mon petit angelot détends-toi un peu toi aussi. C'est une soirée qui nous est en partie dédiée alors on a le droit de déguster un peu dans vos rangs. Et puis, vu comment vous vous en occupez, elle mérite au moins un peu d'attention de notre part.» Ajouta Zack à son tour en prenant un air tout à fait décontracté et souriant.

Sur le coup, je fus assez surprise de par son air tout à fait serein. Cet aspect de sa personnalité me paraissait impressionnant. Comment faisait-il pour garder à ce point son calme et sa bonne humeur ? Je n'en savais rien mais dans tout les cas je l'enviais d'être doté d'une telle capacité. Toutefois, ce n'en était pas vraiment le cas à côté. Contrairement à ce que j'avais pensé, ce fut Keith qui prit soudainement la parole en se postant face à Zack.

«Ne montes pas sur tes grands chevaux toi. Je te rappelle que tu parles à notre délégué. Et d'ailleurs, où est passé le vôtre ? Encore exclu de la société c'est ça ? Ce doit-être difficile pour lui de vous avoir dans ses pattes.»

Cette fois-ci, j'entendis très clairement des grognements provenir des deux loups. Ils ne semblaient en aucun cas enchantés des paroles qu'avait prononcé le Sylphe. L'ambiance était pesante. Un peu trop même.

Mal à l'aise, je rassemblais mon peu de courage pour m'interposer entre les trois en fronçant les sourcils. L'alcool me faisait tourner la tête. J'inspirais néanmoins profondément afin de garder le peu de motivation qu'il me restait.