Joyeux Noël

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Il y a certains événements que nous sommes sûrs d'avoir vécu, mais que les autres voient d'une tout autre manière.

C'est ce qu'il m'est arrivé.

Cela s'est passé un 24 décembre, veille de Noël. Nous étions une quarantaine dans ma maison de campagne, entièrement décorée pour l'occasion.

Le lieu était emplit de rires, de joie, de bavardages. Nous nous étions rassemblés dans le salon, après le repas de Noël, à parler de tous nos projets futurs, se remémorer nos souvenirs de jeunesse, tout en nous extasiant silencieusement de la pureté et de l'innocence des croyances des enfants, qui déballaient, émerveillés, les cadeaux apportés par l'homme au manteau rouge. Tout allait bien.

Puis chacun partit se coucher. Certains rentrèrent chez eux, d'autres dormirent ici.

Je regagnai ma chambre, me préparai, puis je me glissai dans mon lit. Ayant bu plusieurs verres de vin, je ne mis pas longtemps à sombrer dans un profond sommeil.

Un bruit me réveilla en sursaut. Je crus entendre un hurlement, comme la plainte d'un loup. Pourtant c'était impossible. Je jetai un coup d'œil rapide à la pièce sombre. Rien. Allongé sur le dos, je fermai les yeux. Puis les rouvris d'un coup. De nouveau ce hurlement, mais plus proche. Et soudain un autre qui lui répondit, puis un autre, et encore un. Les cris se répondaient, sans interruption, de plus en plus proches.

Et d'un coup quatre loups, gigantesques, gris, fantomatiques, défoncèrent ma porte, continuant de hurler. Leurs monstrueux yeux rouges firent le tour de la pièce. Je n'osai respirer. Ils se mirent à courir. Ils sautèrent par-dessus mon lit, et l'un d'eux me marcha sur le ventre, y laissant trois profondes entailles. Puis ils se jetèrent sur la fenêtre, et sautèrent.

J'écoutai leurs hurlements s'éloigner dans le lointain, puis je m'évanouis.

Le lendemain je me réveillai à l'hôpital. Je compris vaguement, par les médecins, que j'avais reçu trois coups de poignard dans le ventre, semblables à des lacérations. Personne ne savait d'où elles venaient. Les invités qui ont dormi chez moi ont tous déclarés n'avoir rien vu, ni entendu, ils m'ont juste trouvé, blessé, dans mon lit.

Une semaine plus tard, je sortais de l'hôpital pour retourner chez moi.

La première chose qui me vint à l'esprit, en entrant chez moi, était la plainte des loups. La maison avait été laissée en l'état. Je voulais en avoir le cœur net. N'étais-ce qu'un rêve ? Je me dirigeai vers ma chambre. La porte était intacte, alors que les loups l'avaient massacrée. J'entrai. En face de moi, un mur défoncé, en morceaux. Cependant les morceaux se trouvaient à l'extérieur. Le mur avait donc été défoncé de l'intérieur.

Je décidai de faire le tour de la pièce, à la recherche d'indices du passage des monstres. Aucune trace, rien, hormis une touffe de poils gris, au pied de mon lit.

La justice a conclu à une tentative de meurtre. Mais le coupable n'a pas pu être retrouvé. Cette affaire restera donc à jamais un mystère. Pourtant, je sais, j'ai vu, et les 3 marques laissées par les griffes de l'immense animal me rappelleront toujours ce qu'il s'est réellement passé, cette nuit du 24 décembre.


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