Merde

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Note : Hey, guys !

Cette histoire, au titre bien particulier je vous l'accorde, est principalement sur le ton de l'humour. L'angst est là, mais je dirai que c'est léger. Comme indiqué dans le résumé, c'est une remixe des derniers tomes. Avec tout ce qu'il se passe dedans, ça m'a inspiré pas mal de conneries. Et du coup voici l'une d'entre elles, demie-sérieuse avec la fin (quoique, ça commence au milieu et furtivement avant) qui part un peu en sucette xD.

Evidemment, tout appartient à Hoshino et à part cette idée, les personnages et les lieux sont siens.

Bonne lecture !

En ce jour, dans le bureau de Komui, c'était presque calme. C'est-à-dire qu'il n'y avait aucune Brigitte ni aucun Reever pour le houspiller au sujet des nombreuses feuilles blotties sur le sol depuis si longtemps qu'elles faisaient comme partie du décor. Personne ne le bassinait avec le travail. Peut-être parce qu'il n'était pas en train de dormir en ce moment-même, et qu'il était en plein entretien. C'était cet entretien, le pourquoi de l'ajout d'un tel adverbe devant le mot « calme ». Ou plutôt du comportement de la personne en face de lui.

Les bras croisés, une expression insondable, la tête tournée vers le mur ; tout indiquait clairement que Kanda Yûu n'avait pas aucune envie d'être ici. Ce matin, au déjeuner, Brigitte lui avait annoncé que Komui l'attendait dans son bureau. Le brun était resté stoïque, finissant ses Soba sans aucun entrain, puis une heure était passée. Il n'y avait pas été. La femme était revenue à la charge, ce qui l'obligea à venir. Lui, il avait juste envie de s'entrainer. Depuis le combat dans la branche asiatique et la mort de son ami, les choses avaient changées pour le kendoka. Elles n'étaient plus aussi définies, plus aussi claires. Le caractère flottant de ses pensées renforçait son envie de s'isoler pour être en phase avec lui-même, comme il l'avait toujours fait. De fait, ses obligations en tant qu'exorciste étaient devenues le cadet de ses soucis.

En face de lui, Komui débitait la tirade habituelle avant chaque mission. Kanda savait bien qu'il voyait que son discours glissait comme de l'eau sur lui, mais il s'en fichait. Légèrement fatigué et pressé d'aller faire un petit somme, ainsi que d'écourter son monologue, Komui rehaussa ses lunettes sur son nez.

« Kanda, tu m'écoutes ?

—Merde.»

Clair, concis, aimable en prime. Voilà qui répondait à la question. Le visage de l'intendant se pinça, il soupira.

« Tu ne pourras pas continuer comme ça éternellement.

—Tch...

—Je compte sur toi pour te rendre au fleuve souterrain et partir en mission. »

Les lèvres du japonais s'entrouvrirent sans qu'une parole n'en franchisse la frontière et son regard se fit dur. Finalement, il se contenta de faire volte-face. S'il n'avait pas lâché le mot « merde », terme d'argot et prenant une place considérable dans son vocabulaire en rivalité avec le « tch », c'était car il savait que l'aura émanant de lui suffisait amplement à dissuader son vis-à-vis de discourir.

Il avait raison, puisque Komui le regardait sortir en piétinant son armée de feuille sans mot dire. La seule chose qu'il laissa échapper fut un nouveau soupir pour se tourner vers son bureau. Il avait des heures de sommeil à rattraper. En réalité, Komui utilisait la technique de survie numéro 1 d'un intendant. C'était inscrit dans ses deux commandements : N.1. Si tu vois qu'il n'y a pas assez de boulot pour la journée, fais tout lentement et débrouille-toi pour gagner du temps.

Concrètement, il y avait suffisamment de travail pour la journée -Même pour les vingt années à venir tant le chinois s'était appliqué à respecter cette règle-, mais il continuait à laisser s'amasser les dossiers. Il était simplement pragmatique. Comme ça, le jour où il voudrait travailler, plutôt que de se retrouver vite débarrassé, il y aurait de la marge. Argument que Reever n'avait jamais voulu comprendre, et qui ne remportait pas un énorme succès auprès de Brigitte non plus. C'était ça, son deuxième commandement : N.2. Instruire ces deux incultes, si, et seulement si, il y a du café. L'altruisme avait ses limites.

Merde -D.Gray-ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant